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La Pleine Conscience vivre le moment présent

La Vieillesse au Service de la Pleine Conscience

Vieillir est souvent associé avec une diminution des facultés mentales. On a de plus en plus de moments d’oublis et de confusion, et cela peut sembler éloigner la personne vieillissante d’une vie plus consciente et plus présente. Pourtant, comme en témoigne avec humour Sue Moon dans Senior Moment, Wonderful Moment, ces moments d’oublis peuvent au contraire créer l’espace nécessaire pour ressentir le moment présent.

Voilà quelques extraits choisis du texte de Sue Moon.

Senior Moment, Wonderful Moment est tiré de l'ouvrage The Mindfulness Revolution
Senior Moment, Wonderful Moment est tiré de l’ouvrage The Mindfulness Revolution

J’ai appelé mon amie Cornelia, grand-mère comme moi, pour lui demander si je pouvais emprunter un berceau pour la visite de ma petite fille. Lorsqu’elle a répondu au téléphone, je lui ai dit, « Salut, Cornelia. C’est Sue, » et puis j’ai eu un blanc. J’ai fait une pause pleine d’espoir, mais plus aucun mot n’est sorti de ma bouche.

« Bonjour! » elle me répondit. « Quoi de neuf? »

Cornelia est une bonne amie et je n’ai pas eu besoin de faire semblant, mais malgré cela c’était déconcertant. « Ummmm » lui dis-je, en attendant que les vieux neurones se remettent en marche. Je me suis demandée si cela concernait nos marches hebdomadaires? Nooo … Était-ce à propos de l’article qu’avait écrit son fils? Nooo… Dehors, je pouvais voir à travers la fenêtre, un écureuil qui courrait sur la véranda avec une noisette dans sa bouche. « J’ai un moment sénior », lui dis-je finalement. « Est-ce tu saurais pourquoi je t’appelle? ».

Elle a ri. « Tu devais savoir que j’ai des prunes de mon arbre à te donner. » L’écureuil était maintenant assis sur le rebord,  en train d’éplucher l’écorce de sa noisette en la recrachant sur le sol. Je n’avais jamais remarqué auparavant comment le long pelage sur sa queue onduler en avant et en arrière lorsqu’il l’agitait.

Lorsque je suis allée chez Cornelia pour prendre les prunes, je me suis souvenue du berceau, et je l’ai pris aussi.

Le maître bouddhiste Thich Nhat Hanh m’aide à apprécier mes moments séniors. Il dit que « le vrai miracle, c’est d’être éveillé dans le moment présent. » Je suis confiante qu’il serait d’accord qu’un moment sénior, ces moments où l’on oublie quel jour nous sommes,  et où nous allons, peuvent êtres des moments de profonde compréhension.

Par exemple, debout dans la cuisine, me demandant pourquoi j’ai une paire de ciseaux dans les mains, je remarque les rayons du soleil se reflétant sur les lames métalliques et dansant sur le mur, et je me répète la phrase de Thich Nhat Hanh, « le vrai miracle, c’est d’être éveillé dans le moment présent!» Les jeunes peuvent aussi ressentir ces moments d’immersion dans l’infinie présence, mais pour cela ils doivent méditer jour après jour. Moi, je n’ai que besoin de porter une paire de ciseaux d’une pièce à l’autre.

senior moment
« Pourquoi je suis venu ici? »

J’ai commencé une randonnée avec des amis, et lorsque le chemin est devenu, à ma surprise, trop raide, je leur ai demandé de continuer sans moi car je savais que mes genoux seraient incapables de me ramener. Je me suis posée sur un rocher avant de retourner au refuge. Ce n’était pas vraiment un moment sénior, mais j’en parle ici parce que ce fût un moment où la fragilité de l’âge m’a plongé dans une parenthèse dans le temps.

J’écoutais la voix de mes amis qui s’éloignaient, les brindilles craquant sous leurs pas, jusqu’à ce que je ne puisse plus les entendre. J’ai regardé une feuille jaune tourbillonnant jusqu’au sol, et je l’ai entendue atterrir sur une autre feuille. Avez-vous déjà entendu une feuille atterrir sur une autre feuille? Ok, ce n’était pas le moment le plus excitant de ma vie, mais c’était bien, et j’étais présente pour y assister.

Ce n’est pas de ma faute si j’ai ces moments seniors, tout comme ce n’est pas ma faute si mes cheveux sont devenus gris. Je suis juste un être humain, après tout. J’ai eu une vie pleine de moments jeunes, où un mot suivait l’autre avec une logique – et ennuyante – succession, où chaque action conduit à une autre action appropriée. Pendant d’innombrables années, je me suis souvenu d’amener le crayon avec moi lorsque je descendais pour le tailler. Je pense que j’ai gagné le droit de me libérer de l’emprisonnement de la réflexion séquentielle.

Un moment sénior est un panneau Stop sur la route de la vie. Cela pourrait même être une aide pour l’illumination. Je reste alors calme, laisse la machinerie en pause, et j’apprécie le spectacle!

Suite au témoignage de Sue, vous pouvez découvrir celui de Madeleine qui elle parle de méditation et dépression.

Vous avez des commentaires ou des observations sur ces « moments séniors », n’hésitez pas à utiliser la zone commentaire ci-dessous!

Sources et références:  image haut de page: mshhoward / Le texte de Sue est issu du livre The Mindfulness Revolution, de. Shambhala (livre en anglais).

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La Compassion Penseurs et Visionnaires

Une matinée avec le Dalaï-Lama

Pico Iyer, voyageur et écrivain, a côtoyé le Dalaï-Lama durant ces 30 dernières années. Il a visité de multiples fois le célèbre chef spirituel dans sa maison en exil. Dans The Open Road: The Global Journey of the Fourteenth Dalaï-Lama, Pico Iyer décrit à quoi ressemble une journée dans la vie du Dalaï-Lama en commençant par le matin:

À 9 heures du matin… le Dalaï-Lama est lui déjà debout depuis plus de 5 heures, se réveillant, comme tous les matins, à 03:30. Il passe les premières 4 heures de sa journée à méditer sur les racines de la compassion et sur ce qu’il peut faire pour son peuple, pour « ses frères et soeurs chinois » qui tiennent son peuple en otage, et pour le reste du monde, tout en se préparant aussi à sa mort.

Le Dalai-lama en méditation dans sa maison au Dharamsala (Inde)
Le Dalai-lama en méditation dans sa maison au Dharamsala (Inde)

En plus de méditer sur la compassion, le chef spirituel passe une partie de sa matinée à s’informer sur l’état du monde. Dans la tradition bouddhiste, le Dalaï-Lama « explore le monde de près, pour en comprendre ses lois, et pouvoir ainsi voir ce que peut ou ne peut pas être fait dans les limites de ces lois. » Il utilise les médias de tous bords. Pico écrit:

En tant qu’étudiant de la vie, chef de son peuple avant l’âge de 5 ans, il écoute tous les matins Voice of America, la BBC East Asian Broadcat, la BBC World Service – parfois en méditant – et il dévore les magazines Time et Newsweek.

Si le Dalaï-Lama s’expose volontiers à toute cette information, il fait preuve de discernement et reste vigilant face à l’approche souvent biaisée des médias. La loi d’interdépendance chère au bouddhisme lui rappelle qu’il n’y a ni gentils ni méchants, que nous sommes tous interconnectés.

Pico écrit que le Dalaï-Lama considère que:

… nous faisons tous partie d’un même corps, et penser « moi » et « toi », c’est comme penser que l’intérêt de la main droite est différent de celui de la main gauche. Il est fou de vouloir entraver son voisin, car il fait partie intégrante de votre bien-être.

Le Dalaï-Lama consacre donc sa matinée à méditer sur la compassion, et sur comment contribuer à améliorer ce monde où tout est connecté et interdépendant. Mais, comme le note Pico, il sait que la solution aux problèmes du monde n’est pas extérieure, car elle ne peut que venir de l’intérieur de chacun d’entre nous. Pico écrit:

Les bouddhistes ne recherchent pas de solutions à l’extérieur d’eux-mêmes, mais simplement à s’éveiller intérieurement. L’instant où nous réalisons que nos destinés et notre bien-être sont mutuellement dépendants, le reste apparait naturellement (la méditation permet parfois à atteindre cette réalisation, et la réflexion permet de la consolider). Si vous croyez cela, la vie vous donnera l’occasion d’avoir beaucoup plus de moments d’éclats de rire, comme le Dalaï-Lama en est la preuve.

Le Dalaï-Lama est célèbre pour ses éclats de rire. ici à Haridwar (en Inde lors de la Kumbh Mela) avec un sage indien. David Ducoin (c)
Le Dalaï-Lama est célèbre pour ses éclats de rire. ici à Haridwar (en Inde lors de la Kumbh Mela) avec un sage indien. David Ducoin (c)

Le rituel matinal du Dalaï-Lama est une belle source d’inspiration. Il nous rappelle l’importance de cultiver la compassion.

Dans la continuité de cet article, je vous recommande de lire l’article sur le Bouddhisme Engagé.

Sources et référencesbrainpickings.org  / source image du Dalai-Lama dans sa maison: thesunbehindtheclouds.com / source image du Dalai-Lama en plein rire: David Ducoin

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Recherches scientifiques

Recherche sur la Méditation avec Liudmila Gamaiunova 

Il est important d’étudier les bienfaits de la méditation. La confirmation scientifique des effets positifs de la méditation permet de la rendre accessible dans de nouveaux milieux: les hôpitaux, les écoles ou encore les prisons.

Liudmila Gamaiunova est doctorante à l’Université de Lausanne et elle travaille actuellement sur une étude concernant le lien entre la méditation et la réactivité au stress aigu.

Comment avez-vous découvert la méditation?

 J’ai développé mon intérêt pour les pratiques contemplatives lors de mes séjours en Inde, en Égypte et en Chine. Pratiquante de la méditation, j’ai remarqué que cette technique m’aide considérablement à maintenir mon équilibre. Voilà pourquoi quand j’ai débuté mes études en psychologie de la religion à l’Université de Lausanne, ma curiosité scientifique s’est naturellement orientée vers les techniques liées au coping, à la capacité à faire face aux agents de stress majeurs et quotidiens.

Pourquoi est-il important de faire des études scientifiques sur les bienfaits de la méditation?

 Le fait que la méditation est efficace pour soulager nombre de conditions physiques et mentales est aujourd’hui incontestable : les résultats de nombreuses recherches, effectuées de façon rigoureuse, en sont la preuve. A ce point, la question s’oriente plutôt vers les mécanismes : nous ne savons pas exactement pourquoi la pratique de la méditation est efficace. Est-ce à cause de l’amélioration de la régulation émotionnelle ? Ou du développement de la métacognition ? Est-ce que la spiritualité y joue un rôle ? La recherche actuelle sur les pratiques contemplatives essaye de bien tracer les mécanismes sous-jacents de la technique. Cette information aidera à implémenter la pratique de façon plus efficace et à l’introduire dans différents domaines.

Quelle est l’utilité de ce questionnaire?

 Le questionnaire proposé est le premier pas dans notre projet scientifique expérimental (effectué à l’Université de Lausanne et à l’Université de Genève) qui vise à étudier le lien entre la méditation et la réactivité au stress aigu. Nous comprenons bien qu’un sondage en soi ne peut pas être utilisé comme méthode de recherche exclusive, c’est pourquoi nous combinons différentes approches (expérimentales, interview, questionnaire) pour récolter les données à différents niveaux. Le sondage préliminaire est toutefois très important. Premièrement, il nous aidera à valider un questionnaire, nécessaire pour mesurer une construction psychologique. Deuxièmement, il servira à tester nos premières hypothèses.

Bio

Liudmila GamaiunovaLiudmila Gamaiunova 

Doctorante – Psychologie de la religion. Spécialisée en Religion/spiritualité et santé ; Gestion du stress ; Religion et réflexion.

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Posture de Yoga Préparer le Corps

Posture de Yoga : 3 Postures de Récupération

Préparez le corps à la méditation à travers ces 3 postures de yoga au sol

Les tensions musculaires et articulaires peuvent affecter la qualité d’une séance de méditation. Si vous vous installez pour méditer et vous sentez que vous n’êtes pas bien dans votre corps, vous risquez d’interrompre prématurément votre séance.

Voilà 3 postures de yoga dites de récupération, car elles permettent de détendre le corps et de le régénérer. Quelques minutes dans chacune de ces postures  vont permettre un relâchement de la musculature et une ouverture de la respiration.

1. Sur le dos, jambes tendues

posture de yoga, avec support

Sur un tapis de yoga, allongez-vous sur le dos. Mettez un support sous la tête de sorte à garder la tête alignée avec le corps. Mettez également un coussin sous les genoux. Cela permettra de garder le bas du dos relâché. Vous pouvez avoir les bras le long du corps ou ouvert à 90°. Dans cette position, prenez de belles respirations conscientes. Restez ainsi de 3 à 20 minutes selon votre ressenti.

2. Sur le dos, jambes croisées

posture de yoga, avec support

Pour cette posture de yoga vous allez avoir besoin de plusieurs coussins et de quelques couvertures. Roulez une petite couverture ou utilisez un traversin que vous allez mettre sous le dos. Cela doit supporter toute votre colonne, mais pas vos fesses qui restent posées au sol. Mettez un coussin en plus sous la tête pour éviter d’avoir la nuque en arrière. Croisez les jambes (les pieds peuvent se croiser également ou bien amener le plante des pieds ensemble comme sur la photo). Sous les genoux, mettez un support (coussins, blocs de yoga ou couvertures pliées).

Cette position est très confortable. Je la recommande souvent aux femmes enceintes pour soulager leur mal de dos.

Bien respirer dans le bassin. Les paumes de la main sont tournées vers le plafond ce qui favorise l’expansion de la cage thoracique avec chaque respiration. Comme pour l’exercice précédent, maintenir la position au moins 3 minutes et jusqu’à 20 minutes.

Lire aussi: Pourquoi s’étirer avant de méditer?

3. Posture du fœtus avec support

posture de yoga, avec support

Utilisez un traversin ou une couverture pliée que vous allez poser devant vous. Écartez les genoux, mais gardez les pieds en contact. Comme sur la photo, venez poser votre buste sur le support, et relâchez les bras devant. Maintenir cette position 3 à 5 minutes. Si vous ressentez une douleur dans les genoux, diminuez la durée de cette posture de yoga.

Vous pouvez pratiquer ces postures de yoga à la suite ou séparément. Elles vous permettront de bien préparer votre séance de méditation.

Source et notes: photos de Kim Shetter. Cet article a été initialement publié en août 2012 et mis à jour en mai 2015.

Un article qui peut également vous intéresser: Comment votre posture transforme votre vitalité

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Préparer le Mental

La Méditation, C’est Pour Qui? Les 3 éléments qui prédisposent une personne à commencer la méditation

La méditation, c’est pour qui?

Voilà l’une des questions que Jean-Luc Hudry (du blog moralotop) m’a posées lors d’une récente interview.

Ma première réponse?

La méditation c’est pour tout le monde! Tout comme manger sainement et faire des exercices physiques sont importants pour la santé et le bien-être, méditer régulièrement offre également de grands bienfaits.

Mais si la méditation est bénéfique pour tout le monde, tout le monde n’est pas forcément prêt ou disposé à méditer.

Une autre façon de poser la question initiale est: « comment savoir si je suis prêt aujourd’hui à méditer? »

Dans cette courte vidéo, je vous parle des 3 dynamiques qui indiquent qu’une personne est disposée à commencer à méditer et à le faire régulièrement.

Les 3 dynamiques qui vous prédisposent à commencer la méditation

1. Prendre conscience que la qualité de notre vie est principalement déterminée par notre perception du quotidien et par nos actions.

2. Réaliser que les solutions et les plaisirs du passé ne semblent plus répondre à un besoin plus profond.

3. Trouver logique le concept de la méditation et ressentir au fond de soi que cette pratique va nous être bénéfique.

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Article invité Bienfaits de la méditation

Dépasser ces schémas qui vous limitent, à l’aide de la méditation – Témoignage de Sabine Cointe.

Méditer non seulement fait du bien au corps et au mental, cela permet de mieux comprendre comment nous fonctionnons. J’entends régulièrement des personnes débutant la méditation me dirent que méditer leur a permis de découvrir des mécanismes jusque là inconscients qui les limitaient dans leur quotidien.

Prendre conscience de l’existence de ces mécanismes – souvent des réactions émotionnelles à certaines situations, ou pensées – ouvre déjà de nouvelles perspectives. Au lieu de subir ses conditionnements, la personne peut désormais choisir d’agir avec lucidité. On ne réagit plus par automatisme, mais on prend le temps de ressentir, d’intégrer et d’agir en conséquence. Et c’est cela qui va nous permettre d’avoir une vie en accord avec nos profondes valeurs plutôt que d’avoir l’impression de subir son quotidien.

Sabine Cointe offre un bel exemple de cela. Son parcours de vie, et notamment sa découverte de la méditation, lui ont fait prendre conscience de certains schémas de vie qui l’empêchaient de vivre heureuse. 

Je vais laisser la parole à Sabine qui a bien voulu répondre à ma question sur « sa plus importante prise de conscience ».

Moutassem

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Bonjour,

Et merci Moutassem de m’accueillir sur ton blog, où la méditation est reine, je suis ravie que tu m’accordes de la place.

Quelle a été ma plus importante prise de conscience dans mon cheminement de vie ?

C’est une grande question ! J’ai eu beaucoup de prises de conscience. Et je constate maintenant que les prises de conscience ne sont que le prolongement naturel de quelque chose que l’on sait au fond de soi, et qui d’un coup vient à la surface pour être enfin entendu et libéré.

Ce quelque chose, peut revêtir différentes formes. Et pour moi, ce quelque chose, et du moins celui qui m’a mené sur le chemin du développement personnel, a été la découverte et la compréhension d’un schéma qui me suivait depuis mon adolescence. Ce schéma a donc été révélateur extraordinaire et surtout libérateur à de nombreux points de vue.

Concrètement, lorsque j’étais enfant puis adolescente, certaines de mes réactions étaient tellement vives, qu’elles m’ont values des étiquettes, que j’ai moi-même cataloguées pour en faire une marque de fabrique et des grands traits de ma personnalité.  Cependant, j’ai réalisé il y a quelques années, que ces réactions n’étaient pas moi ! Et qu’elles ne faisaient même pas partie de ma personnalité. J’ai donc compris pourquoi je ressentais cette souffrance et ce malaise depuis toutes ces années.

Je venais de faire l’expérience de la méditation. Et quelle expérience ! Laisser être le calme en moi, était finalement très agréable et tellement ressourçant, proche de ce que j’attendais depuis toujours.

J’ai constaté au fil de la pratique, que les étiquettes que l’on m’avait collées, n’avaient plus de raison d’être, et je reprenais contact avec ma vraie personnalité et avec mon être intérieur, authentique.

La fille « rebelle » « agressive » n’était autre qu’une personne dynamique. Et cela change tout.

J’ai compris que cette agressivité que je déployais, venait en réponse à des événements et des situations qui n’étaient pas supportables pour moi, mais que je ne savais pas exprimer autrement. Et le fait de vouloir calmer cette avalanche d’émotions et de bouleversements intérieurs, n’a fait que la faire monter sous pression.

J’ai pris conscience également que j’avais installé un critique intérieur particulièrement loquace, qui était terriblement néfaste à mon bien-être. Comment courir après le bonheur sans jamais l’attraper ? En installant nombre d’artifices qui ne font que le repousser ! Ce bonheur tellement cher à mon cœur, était à portée de main, et je ne pouvais pas le ressentir sans reprendre contact avec moi-même.

La méditation a donc été bénéfique pour me retrouver, retrouver mon être intérieur et mon « vrai » moi, celui qui élève l’esprit et le cœur. La méditation a été bénéfique pour trouver le calme, la tranquillité, l’apaisement. Et dans cet état de calme, j’ai pris conscience que l’esprit apaisé est plus alerte, et beaucoup de choses circulent : des solutions émergent plus facilement, des idées se présentent, des dénouements s’envisagent, l’inspiration et l’intuition se développe.

La méditation m’a donc amenée sur le chemin du développement personnel, et les résultats ont été plus qu’à la hauteur de mes attentes. L’idée d’écrire un livre « 9 étapes pour oser le bonheur » est venue naturellement, et il a été édité chez Jouvence. Mon envie d’aider les autres à trouver le bonheur et le bien-être est un prérequis, et tout aussi naturellement j’ai sorti un album de relaxation et méditation guidées, dont Damien Dubois a signé la musique.

Bio et références:

sabine cointeSabine Cointe est relaxologue et thérapeute émotionnelle.

Son but est « d’aider les âmes sensibles et les esprits artistiques à maîtriser leurs émotions et leur sensibilité pour mieux vivre dans leur peau ».

Photo de Graur Razvan Ionut.

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Podcast Reprendre Confiance en Soi

Je Suis Bloqué

On a parfois le sentiment d’être bloqué. Cela peut être dans un aspect de sa vie: affectif, professionnel, ou encore financier. Ou bien, c’est un sentiment plus global où l’on se sent insatisfait et bloqué dans cette insatisfaction. Cela peut même se traduire physiquement avec une sensation d’oppression.

Il va alors y avoir 2 sentiments qui vont s’entremêler. Une partie de soi espère que le futur apporte les ressources nécessaires pour se sortir de sa situation. En même, temps il y a la crainte d’être trop solidement bloqué dans sa situation actuelle et ne pas pouvoir y faire grand-chose.

Je suis bloqué, que faire?

Dans ce court enregistrement audio, j’essaie de toucher du doigt la source du sentiment d’être bloqué et comment faire pour le dépasser.

Il est recommandé de l’écouter au calme pour pouvoir bien en profiter.

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Interview Podcast Préparer le Corps

Comment Bien Manger Pour Se Sentir Bien? Entretien avec Jérémy Anso

L’alimentation affecte notre santé physique et mentale. Apprendre à manger d’une manière équilibrée va jouer sur notre niveau de vitalité, sur notre capacité de concentration et par extension sur la qualité de nos méditations.

J’ai invité Jérémy Anso pour qu’il partage avec nous les bases d’une bonne alimentation. Il est l’auteur du blog Dur à Avaler qui en moins de 3 ans est devenu l’un des sites de référence sur la nutrition dans le monde francophone. Chaque mois, plus de 120 000 personnes visitent Dur à Avaler pour y découvrir les clefs pour une alimentation saine.

Comment bien manger?

Dans cet entretien Jérémy :

  • donne les bases d’une bonne alimentation
  • partage des conseils simples et facilement applicables
  • explique comment gérer la faim lorsque l’on essaie de manger moins ou différemment

Il nous parle aussi du jeune intermittent :

  • Qu’est-ce que le jeune intermittent
  • Quels sont ses bienfaits?
  • Comment le mettre en place?

jeremy-anso

Jérémy nous dit aussi à quoi doit ressembler votre assiette (ratio légumes / autres aliments).

Notes

Blog de Jérémy Anso: Dur à avaler

Articles concernant le jeûne intermittent

Photographie illustration article: Arman Zhenikeyev.

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Juste Pour Partager

« Mon Coeur Commence à Gronder »

Parfois j’ai l’impression que mon être est en train de me tirer vers l’avant. Il veut aller plus vite. Il s’impatiente. Je ressens ce point de traction surtout au niveau de la poitrine.

Le coeur semble manquer d’espace et vouloir pousser vers l’extérieur. Il désire plus. Plus de rencontres, plus de succès, plus de confort… Et il est prêt à y aller sans moi.

Mais moi je reste là passif. Je suis juste témoin de cette force qui s’agite en moi. J’attends que cela passe.

Je reste là soucieux de respirer. Je sais que devant il n’y a rien de plus. Je sais que l’espace reviendra naturellement lorsque mon être sera à nouveau apaisé.

Chaque respiration semble caresser mon coeur qui finit par se calmer. Mais ce calme est seulement temporaire. Il suffit que je détourne mon attention du flot du souffle et que je me perde à nouveau dans le monde de la pensée, et alors, la passivité consciente, celle qui observe, se transforme en crispation.

Les ressentis du corps s’atténuent, et peu à peu je ne suis plus qu’une tête pensante. Jusqu’à ce que de nouveau mon coeur commence à gronder et me ramène aussitôt à la fragilité de mon être.

Le souffle se fraye un chemin jusqu’à ma conscience. Je le ressens maintenant animer mon corps. Mon coeur s’apaise à nouveau, mais n’est jamais dompté.

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Bienfaits de la méditation

S’asseoir Immobile Est le Plus Grand Voyage

« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. » – Gandhi

Pico Iyer est un amoureux du voyage. À l’âge de 18 ans, il trouve un travail de serveur qui lui permet de voyager à travers les 5 continents. Puis, il est devenu chroniqueur touristique: il écrit pour des revues de voyage et il a publié plusieurs livres sur ses péripéties à travers le monde.

À travers ses nombreux voyages, Pico a ressenti qu’il avait besoin de trouver de l’espace en lui pour pouvoir réellement apprécier la beauté alentours. Comme il le note « Emmenez un homme en colère dans l’Himalaya, il se plaindra de la nourriture. »

C’est ainsi qu’il a découvert que « la meilleure façon de développer un sens de l’attention, de l’appréciation, était, bizarrement, de n’aller nulle part, de juste rester immobile. »

L’essayiste britannique, d’origine indienne, continue aujourd’hui à voyager à travers le monde et surtout à prendre le temps de s’asseoir immobile et en silence pour pouvoir réellement apprécier la vie du quotidien ainsi que ses voyages.

Dans cette vidéo, Pico parle de son amour pour le voyage et de son expérience avec la méditation.

Note: Les sous-titres en français sont activés. Si vous regardez la vidéo sur un smartphone, il se peut que cela ne montre pas les sous-titres. Dans ce cas, vous trouverez sous la vidéo la retranscription, dans son intégralité, de la présentation.

Retranscription en français

0:11 – J’ai toujours été un voyageur. Même tout jeune, j’avais calculé qu’il serait moins cher d’aller dans un internat en Angleterre que dans la meilleure école près de mon domicile en Californie. Donc, dès l’âge de neuf ans, je survolais, seul, plusieurs fois par an le Pôle Nord, juste pour aller à l’école. Et bien sûr, plus je voyageais, plus j’aimais ça. Et donc, dès la semaine qui a suivi l’obtention de mon baccalauréat, j’ai trouvé un travail de serveur afin de pouvoir passer chaque saison de ma 18e année dans un continent différent. Et ainsi, presqu’inévitablement, je suis devenu chroniqueur touristique, ma passion et mon métier étaient réunis. J’ai commencé à penser que, si j’étais assez chanceux pour visiter les temples du Tibet illuminés par des bougies ou pour me promener le long du front de mer à La Havane, avec toute cette musique autour de moi, je pourrais rapporter ces sons, ces immenses ciels d’un bleu cobalt et le scintillement des océans à mes amis au pays, rapporter cette magie et cette clarté dans ma propre vie. Sauf que, comme vous le savez tous, une des premières choses que vous apprenez en voyageant est que la magie n’est nulle part sauf si vous la cherchez. Emmenez un homme en colère dans l’Himalaya, il se plaindra de la nourriture. Et j’ai découvert que la meilleure façon de développer un sens de l’attention, de l’appréciation, était, bizarrement, de n’aller nulle part, de juste rester immobile. Bien sûr, rester immobile est la manière dont nombre d’entre nous agissent quand nous avons besoin d’une coupure dans nos vies trépidantes. Mais c’était aussi la seule façon que j’ai trouvée pour examiner le diaporama de mes expériences et donner un sens au futur et au passé. Et, à ma grande surprise, j’ai découvert que n’aller nulle part était aussi excitant que d’aller au Tibet ou à Cuba. En n’allant nulle part, je ne veux dire rien d’autre que prendre quelques minutes chaque jour, ou quelques jours chaque saison, ou même, comme certains font, quelques années dans une vie, pour rester immobile assez longtemps pour découvrir ce qui vous touche le plus, pour vous rappeler où se trouve le vrai bonheur, pour vous rappeler que, quelquefois, on peut perdre sa vie à la gagner.

02:53 – Bien sûr, c’est que les sages nous ont appris, à travers les siècles et dans chaque culture. C’est une idée ancienne. Il y a plus de 2 000 ans, les Stoïciens nous rappelaient que ce n’était pas l’expérience qui faisait nos vies, c’est ce que nous en faisions. Imaginez un ouragan balayant tout d’un coup votre ville et détruisant tout sur son passage. Quelqu’un peut en être traumatisé à vie. Mais quelqu’un d’autre, peut-être même son frère, peut se sentir libéré, et décider que c’est l’opportunité de commencer une nouvelle vie. C’est le même événement, mais des réponses radicalement différentes. Rien n’est bon ou mauvais en soi, comme Shakespeare nous l’a dit dans Hamlet, tout dépend de ce que l’on en pense. C’est à coup sûr mon expérience de voyageur. Il y a 24 ans, j’ai fait mon voyage le plus compliqué à travers la Corée du Nord. Mais le voyage a duré quelques jours. J’ai essayé de le laisser là, dans ma tête, en y revenant, en essayant de le comprendre, de lui trouver une place dans ma pensée. Cela dure déjà depuis 24 ans et durera probablement toute ma vie. En d’autres mots, ce voyage m’a offert des images magnifiques, mais ce n’est qu’en restant immobile que ça a permis de les transformer en souvenirs durables. Je pense parfois qu’une telle part de notre vie se passe dans notre tête, souvenir, imagination, interprétation ou spéculation, que si je voulais changer ma vie, je ferais mieux de commencer par changer mon esprit. Encore une fois, rien de tout ça n’est nouveau. C’est ce que Shakespeare et les Stoïciens nous ont dit il y a des siècles, mais Shakespeare n’avait pas 200 courriels à traiter par jour. (Rires) Les Stoïciens, à ma connaissance, n’étaient pas sur Facebook. Nous savons tous que, dans nos vies « à la demande », une des choses les plus sollicitées est nous-mêmes. Où que nous soyons, à toute heure du jour et de la nuit, nos patrons, les spammers, nos parents peuvent nous joindre. Les sociologues ont découvert que, dans les dernières années, les Américains travaillaient quelques heures de moins qu’il y a 50 ans, mais avaient l’impression de travailler plus. Nous avons de plus en plus d’outils pour gagner du temps, mais parfois, on dirait qu’on a de moins en moins de temps. Nous pouvons entrer en contact de plus en plus facilement, depuis les endroits les plus perdus, mais parfois, dans ce mouvement, nous perdons contact avec nous-mêmes. Une de mes plus grandes surprises de voyageur a été de découvrir que les plus à même de voyager avaient l’intention de rester chez eux. En d’autres termes, ce sont précisément ceux qui ont créé les technologies qui dépassent tellement de limites des anciens temps, qui sont les plus enclins à avoir besoin de limites, même en matière de technologies. Je suis allé une fois au siège de Google et j’ai vu toutes les choses dont vous avez entendu parler, les serres intérieures, les trampolines, les salariés dont 20% du temps de travail était libre afin de laisser leur imagination divaguer. Mais ce qui m’a encore plus impressionné, c’est au moment où j’attendais mon badge électronique, un Googler me parlait du programme qu’il était sur le point de lancer pour apprendre aux très nombreux Googlers qui pratiquaient le yoga, à en devenir professeurs, un autre me parlait du livre qu’il allait écrire sur le moteur de recherche interne, et la manière dont la science avait montré empiriquement que rester immobile, ou méditer, pouvait entraîner non seulement une santé meilleure ou une pensée plus limpide, mais aussi une intelligence émotionnelle. J’ai un autre ami dans la Silicon Valley qui est vraiment l’un des orateurs les plus éloquents sur les dernières technologies, c’est l’un des fondateurs du magazine Wired, Kevin Kelly. Kevin a écrit son dernier livre sur les nouvelles technologies sans smartphone, ni ordinateur portable, ni télévision chez lui. Et, comme beaucoup dans la Silicon Valley, il essaye d’observer vraiment sérieusement ce qu’il appelle un « Sabbath d’Internet », où pendant 24 ou 48 heures par semaine, il se déconnecte complètement afin de concentrer son sens de l’orientation et de la proportion dont il a besoin quand il se reconnecte. S’il y a peut-être une chose que la technologie ne nous a pas donnée, c’est un sens pour utiliser sagement la technologie. Quand on parle de « sabbath », regardez les Dix Commandements – il n’y a qu’un seul mot associé à l’adjectif « divin », et c’est « sabbath ». J’ai pris la Torah — son plus long chapitre est celui sur le sabbath. Nous savons que c’est vraiment un de nos plus grands luxes, l’espace vide. Dans beaucoup de morceaux de musique, c’est la pause ou la respiration qui lui donne sa beauté et sa structure. Moi-même, en tant qu’écrivain, ça m’arrive souvent de laisser beaucoup d’espace sur la page pour que le lecteur puisse compléter mes pensées, mes phrases, et que son imagination ait la place de respirer.

08:24 – Bien sûr, sur le plan physique, de nombreuses personnes, si elles le peuvent, vont chercher une maison secondaire à la campagne. Je n’en ai jamais eu les moyens, mais je me rappelle parfois que, quand je le décide, je peux avoir une résidence secondaire dans le temps, à défaut de l’espace, rien qu’en prenant une journée de congé. Bien sûr, ça n’est jamais simple, puisqu’à chaque fois, je passe la plupart du temps à m’inquiéter de tout ce travail que j’aurais à traiter à mon retour. Je me dis parfois que je préférerais arrêter la viande, le sexe ou le vin plutôt que la lecture de mes courriels. (Rires) A chaque saison, j’essaie de prendre trois jours de retraite mais une part de moi se sent coupable de laisser ma pauvre femme seule, d’ignorer tous ces courriels apparemment urgents de mes patrons, de peut-être rater l’anniversaire d’un ami. Mais dès que j’arrive à un endroit vraiment tranquille, je réalise que ce n’est qu’en étant là que j’aurai quelque chose de nouveau, de créatif ou de joyeux à partager avec ma femme, mes patrons ou mes amis. Autrement, à coup sûr, je leur imposerai ma fatigue ou ma distraction, ce qui n’est pas du tout une bénédiction.

09:37 – Quand j’ai eu 29 ans, j’ai décidé de refaire ma vie, sous cet éclairage de l’immobilité. Un soir, je rentrais du bureau, il était plus de minuit, j’étais dans un taxi, à Times Square, et j’ai soudain réalisé que j’allais tellement vite que je ne pourrais jamais rattraper ma vie. Ma vie, à cette époque, est plutôt celle dont j’aurais pu rêver quand j’étais enfant. J’avais des amis et des collègues vraiment intéressants, j’avais un bel appartement à l’angle de Park Avenue et de la 20e. A mes yeux, j’avais le travail fascinant d’écrire sur les affaires du monde, mais je n’arrivais pas à me séparer suffisamment d’eux pour m’entendre penser — ou plutôt, pour déterminer si j’étais vraiment heureux. J’ai donc abandonné ma vie de rêve pour une petite chambre dans les bas-fonds de Kyoto, endroit qui avait depuis longtemps exercé une forte attirance, vraiment mystérieuse, sur moi. Même enfant, juste en regardant un tableau de Kyoto, j’avais l’impression de le reconnaître, je le connaissais avant de l’avoir vu. Mais comme vous le savez tous, c’est une belle ville entourée de collines, avec plus de 2 000 temples et tombeaux, où les gens habitent depuis plus de 800 ans. Dès que j’ai emménagé là, je me suis retrouvé là où je suis toujours avec ma femme, autrefois mes enfants, dans un deux-pièces au milieu de nulle part où nous n’avons ni vélo, ni voiture, ni de chaîne télé que je comprenne, mais je dois toujours subvenir aux besoins de mes proches, comme chroniqueur et journaliste. Donc clairement, ce n’est pas l’endroit idéal pour booster ma carrière ni pour m’enrichir culturellement, ni pour m’épanouir socialement. Mais j’ai réalisé que cela me donnait ce à quoi j’attribue la plus grand valeur : les journées et les heures. Je n’ai jamais eu à me servir d’un téléphone portable là-bas. Je n’ai presque jamais besoin de regarder l’heure, et chaque matin au réveil, la journée s’étire littéralement devant moi comme un champ sans limite. Et quand la vie produit une de ses mauvaises surprises, ou en produira, plus d’une fois, quand un médecin vient me voir, le visage grave, quand une voiture me fait une queue de poisson sur l’autoroute, je sais, au fond de moi, que c’est le temps que j’ai passé immobile qui me fortifiera, beaucoup plus que celui que j’ai passé à courir au Bhoutan ou sur l’Île de Pâques.

12:17 – Je serai toujours un voyageur — c’est mon gagne-pain — mais l’une des beautés du voyage est qu’il vous permet d’apporter de l’immobilité au milieu du mouvement perpétuel du monde. Une fois, à bord d’un avion, à Francfort, une jeune femme allemande s’est assise à côté de moi et a démarré une conversation très amicale, qui a duré presque 30 minutes, puis elle s’est retournée et n’a plus bougé pendant 12 heures. Elle n’a jamais allumé son écran, elle n’a pas sorti de livre, elle ne s’est même pas endormie, elle est juste restée immobile, et un peu de sa clarté et de son calme s’est vraiment transmis en moi. J’ai remarqué que, de nos jours, de plus en plus de gens agissent volontairement pour ouvrir un espace dans leurs vies. Des gens vont dans des résidences « trous noirs », où ils payent des centaines de dollars la chambre, après avoir confié leurs téléphones et leurs ordinateurs portables à la réception à leur arrivée. Je connais des gens qui, juste avant d’aller se coucher, au lieu de relever leurs messages ou de regarder YouTube, éteignent les lumières et écoutent un peu de musique. Elles ont remarqué qu’elles dormaient beaucoup mieux, et se réveillaient plus dispos. J’ai eu la chance une fois de rouler dans les hautes et sombres montagnes derrière Los Angeles, où le grand poète et chanteur, et idole internationale, Leonard Cohen a habité et travaillé pendant tant d’années, comme un moine à temps plein, au Mt. Baldy Zen Center. Je n’ai pas été complètement surpris quand le disque qu’il a sorti à l’âge de 77 ans, auquel il avait délibérément donné le titre peu accrocheur de « Vieilles Idées », est devenu n°1 dans les charts de 17 pays dans le monde, et est entré dans le Top 5 dans 9 autres. Je pense qu’il y a quelque chose en nous qui en appelle à ce sens d’intimité et de profondeur que nous trouvons chez des gens comme lui, qui prennent le temps et le soin de rester immobile. Je pense que beaucoup ont la sensation, en tout cas, c’est mon cas, de se trouver à 2 centimètres d’un écran géant, bruyant, surpeuplé, changeant à chaque seconde, et que cet écran est notre vie. Ce n’est qu’en reculant, et en reculant encore plus, et en restant immobile, que nous commençons à voir ce que ce motif signifie, à comprendre la vue globale. Quelques personnes le font pour nous en n’allant nulle part.

14:52 – Dans une époque d’accélération, rien n’est plus excitant que d’aller lentement. Dans une époque de distractions, rien n’est plus précieux que de prêter attention. Dans une époque de perpétuel mouvement, rien n’est plus urgent que de rester immobile. Si vous passez vos prochaines vacances à Paris, Hawaï ou la Nouvelle-Orléans, je suis sûr que vous passerez de très bons moments. Mais si vous voulez revenir vivant et plein d’espoirs nouveaux, amoureux du monde, je pense que vous devriez essayer de penser à n’aller nulle part. Merci (Applaudissements)

Voilà quelques morceaux choisis de la présentation de Pico Iyer

Une des premières choses que vous apprenez en voyageant est que la magie n’est nulle part sauf si vous la cherchez. Emmenez un homme en colère dans l’Himalaya, il se plaindra de la nourriture. Et j’ai découvert que la meilleure façon de développer un sens de l’attention, de l’appréciation, était, bizarrement, de n’aller nulle part, de juste rester immobile.

Il y a plus de 2 000 ans, les Stoïciens nous rappelaient que ce n’était pas l’expérience qui faisait nos vies, c’est ce que nous en faisions.

Je pense parfois qu’une telle part de notre vie se passe dans notre tête, souvenir, imagination, interprétation ou spéculation, que si je voulais changer ma vie, je ferais mieux de commencer par changer mon esprit.

Nous avons de plus en plus d’outils pour gagner du temps, mais parfois, on dirait qu’on a de moins en moins de temps. Nous pouvons entrer en contact de plus en plus facilement, depuis les endroits les plus perdus, mais parfois, dans ce mouvement, nous perdons contact avec nous-mêmes.

Nous savons que c’est vraiment un de nos plus grands luxes, l’espace vide. Dans beaucoup de morceaux de musique, c’est la pause ou la respiration qui lui donne sa beauté et sa structure.

dès que j’arrive à un endroit vraiment tranquille, je réalise que ce n’est qu’en étant là que j’aurai quelque chose de nouveau, de créatif ou de joyeux à partager avec ma femme, mes patrons ou mes amis. Autrement, à coup sûr, je leur imposerai ma fatigue ou ma distraction, ce qui n’est pas du tout une bénédiction.

Un soir, je rentrais du bureau, il était plus de minuit, j’étais dans un taxi, à Times Square, et j’ai soudain réalisé que j’allais tellement vite que je ne pourrais jamais rattraper ma vie. Ma vie, à cette époque, est plutôt celle dont j’aurais pu rêver quand j’étais enfant. J’avais des amis et des collègues vraiment intéressants, j’avais un bel appartement à l’angle de Park Avenue et de la 20e. A mes yeux, j’avais le travail fascinant d’écrire sur les affaires du monde, mais je n’arrivais pas à me séparer suffisamment d’eux pour m’entendre penser — ou plutôt, pour déterminer si j’étais vraiment heureux.

Et quand la vie produit une de ses mauvaises surprises, ou en produira, plus d’une fois, je sais, au fond de moi, que c’est le temps que j’ai passé immobile qui me fortifiera.

Dans une époque d’accélération, rien n’est plus excitant que d’aller lentement. Dans une époque de distractions, rien n’est plus précieux que de prêter attention. Dans une époque de perpétuel mouvement, rien n’est plus urgent que de rester immobile.

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