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Réapprendre À Écouter le Corps

Réapprendre à écouter son corps: une réflexion sur le rapport au corps, dans nos sociétés modernes

Vous verrez dans cet épisode :

  • L’un des plus grand scandale de santé publique ayant lieu actuellement aux États-Unis.
  • Pourquoi les entreprises du médicaments ont autant de pouvoir.
  • Pourquoi on a tendance à fuir les ressentis du corps.
  • Qui écouter, le corps ou le mental ?
  • La meilleure (et l’unique) voie pour améliorer notre santé physique et mentale.

Regarder Réapprendre à écouter son corps

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Réapprendre à écouter son corps Podcast

Retranscription de l’épisode ci-dessous.

À la dernière minute avant le début du procès, quatre grandes entreprises du médicament ont décidé de faire un premier paiement de 260 millions de dollars dans un accord avec la partie adverse. Ce premier paiement sera suivi de nombreux autres pour un total, selon les premières estimations, de 50 milliards de dollars, oui milliards. C’est énorme. 

Ces quatre entreprises ont fait ce choix, car cela reste préférable à un procès dont l’aboutissement risque de leur coûter bien plus cher. Car l’accusation est de taille. 

Ce dénouement se passe aux États-Unis, où l’état fédéral a décidé de poursuivre Teva Pharmaceuticals, le plus gros producteur de médicaments génériques aux US, et trois autres entreprises, sur des charges de conspirations pour profiter de l’addiction et de la mort de ses clients.

Ces quatre entreprises auraient contribué à et aggravé l’addiction aux médicaments opiacés qui seraient à l’origine de plus de 400,000 morts sur ces deux dernières décennies. Ces entreprises sont accusées d’activement promouvoir les médicaments opiacés en exagérant leur efficacité et surtout en minimisant leur effet addictif. 

Teva et les autres entreprises avaient connaissance, depuis plusieurs années, des recherches scientifiques pointant vers le risque d’une épidémie d’addiction à ces médicaments à base d’opium. Mais ces entreprises ont décidé de continuer à mettre en avant ces médicaments auprès des médecins et des municipalités, car ils sont extrêmement profitables.

GROS SOUS, GROS SCANDALES

C’est un scandale sanitaire sans précédent aux US. Même la FDA (Food and Drug Administration) qui est une agence fédérale « responsable de protéger la santé publique en s’assurant de la sûreté, efficacité et sécurité des médicaments et produits alimentaires » risquait d’être impliquée dans un tel procès.

Un nombre indécent de victimes, des entreprises vénales, une agence nationale qui ne fait pas son travail, et des conflits d’intérêts éclaboussant de nombreuses sphères administratives et politiques… ce n’est malheureusement pas une nouveauté – en France, en ce moment même le procès du Mediator commence – même si l’ampleur de cette affaire peut surprendre.

Mon intention ici, n’est pas seulement de pointer votre attention vers cet échec de santé publique, mais surtout de vous proposer d’explorer plus en profondeur la racine de ce dysfonctionnement sanitaire de nos sociétés modernes.

NOURRIR LA BÊTE

L’industrie du médicament est la cinquième plus grande industrie au monde. Elle a une très grosse force de frappe en terme de marketing et de lobbying. Cette industrie affecte le choix des médicaments prescrits, ainsi que les politiques de santé publique.

Mais c’est finalement le consommateur qui est à l’origine de ce pouvoir qu’ont accumulé ces entreprises. C’est le consommateur qui paie, à travers son porte-monnaie ou sa couverture sociale, ses boites de médicaments. Le médicament est un produit qui répond comme tous les autres produits à la loi du marché : celle de l’offre et de la demande. Et la demande est très haute.

Mais quelle est cette demande qui a permis à de tels médicaments d’envahir le marché américain et dans une moindre mesure, le reste du monde ?

La réponse courte : le besoin de fuir les ressentis du corps.

LES OPIACÉS EN FRANCE

Pour comprendre cela, regardons de plus près ce que sont les médicaments opiacés. En France ils sont connus sous les noms de codéine, morphine, tramadol ou encore oxycodone. Ces médicaments sont dérivés de la plante pavot à opium, appelé aussi pavot somnifère ou synthétisé en laboratoire sur le même modèle. Ils ont un effet relaxant, antidouleur, et ils font aussi ‘planer’. 

En France, ils sont prescrits après une opération chirurgicale, un traitement dentaire ou encore pour le sevrage d’addictions à l’héroïne. Leur utilisation est beaucoup moins prévalente qu’outre-Atlantique, mais elle est étroitement surveillée. 

«La situation n’est pas comparable (à celle des EU), rassure d’emblée le Pr Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand et directeur de l’Observatoire français des médicaments antalgiques. En revanche, l’augmentation rapide du nombre d’intoxications, d’hospitalisations et de décès montre que nous devons rester vigilants.»

Aux États-Unis, cette classe de médicament est utilisée pour des situations bien plus communes : mal de tête, mal au ventre, diarrhée. Si aujourd’hui, ressentir de la douleur ou de l’inconfort semble être de plus en plus inacceptable, le succès de ces médicaments n’est alors pas surprenant. 

On vit en effet une époque où notre attention est très peu connectée au corps. L’attention est perdue dans les pensées – on ressasse le passé ou on se projette dans le futur -, ou elle est captée par les écrans (téléphone, télé).

Et lorsque notre être se manifeste à travers le corps ou les émotions, par exemple par une douleur physique ou un sentiment de frustration, on va chercher à fuir ce ressenti inconfortable au plus vite : soit en inhibant les ressentis du corps à travers l’alcool, les drogues ou les médicaments, soit en cherchant à se distraire.

CE CORPS QUI M’AGRESSE

On vit tellement dans le mental que les ressentis bruts du corps comme la douleur ou les émotions sont comme une douche froide nous sortant d’une torpeur confortable.

On vit de plus en plus coupé de nos sens. On filtre nos interactions et nos expériences du quotidien à travers le mental. Au lieu de vivre l’expérience dans le moment présent, on temporise évaluant si cela va nous être utile ou pas. Les ressentis du corps (physique et émotionnelles) sont devenus secondaires aux prérogatives du mental.

On ne veut que ressentir le corps à travers le plaisir des sens. Mais lorsque le corps entre en conflit avec les projets du mental, on va le faire taire au plus vite. On va le remettre en mode vieille. Et quoi de plus simple que d’avaler une pilule pour repousser les appels du corps.

Il est intéressant de noter que la morphine découverte en 1817 par le chimiste allemand, Friedrich Wihelm Adam Sertüner, porte un nom dérivé de Morphée, divinité grecque du sommeil.

Les médicaments voilent les sensations douloureuse et inconfortable, mettant en sommeil notre être sensuel, pour que le mental puisse vaquer à des occupations qui lui semblent bien plus nobles et importantes.

LE FANTASME DE L’IMMORTALITÉ 

Il est vrai que nous vivons une époque de grandes avancées technologiques. Le chemin parcouru – les révolutions industrielles puis technologiques – a transformé en profondeur la société humaine. Les projets à venir – l’intelligence artificielle, la méthode CRISPR (modification génétique), la nanotechnologie, la colonisation d’autres planètes – ont tout autant le potentiel de révolutionner ce que c’est d’être humain.

Notre corps biologique, fragile et éphémère à l’échelle de l’histoire, risque alors d’être perçu comme une entrave à notre évolution à travers le temps et l’espace. Cet habitacle fait de chair et d’os semble cruellement limiter l’expression de notre plein potentiel. 

Certains espèrent une symbiose avec les machines pour ajouter des décennies à leurs espérances de vie, et pourquoi pas ultimement se séparer totalement du corps pour habiter une machine immortelle. Cela peut sembler de la science-fiction, mais il existe déjà aujourd’hui des projets bénéficiant de grand financement, visant à reproduire le contenu d’un cerveau dans un ordinateur (le projet NeuraLink d’Elon Musk).

Au vu de cette vision grandiose du futur, un mal de ventre peut sembler comme mesquin, une perte de temps et d’énergie. Et même si l’on n’est pas un futuriste convaincu des bienfaits de l’intelligence et de la technologie, on ne va pas laisser le corps (une sensation de fatigue, un coup de blues) nous empêcher d’aller au travail ou de socialiser. 

Notre corps (le physique, et les émotions) est perçu comme un animal de compagnie. On est prêt à s’en occuper – lui donner à manger et lui permettre d’assouvir certains de ses besoins -, mais il ne faut pas qu’il demande trop ou qu’il se manifeste lorsque l’on est occupé à autre chose. Sinon, on fait le taire.

ALORS …

Qu’est ce qu’on a vu jusque là ?

On a vu que le mental est le big boss qui sait (qui croit savoir) ce qui est important pour nous.

Le corps (le physique, les émotions) est notre part animale. Le boss le perçoit comme n’étant pas très futé. Il sait que le corps peut donner beaucoup de plaisir, mais peut aussi devenir un vrai emmerdeur. 

Et lorsque le corps se rebelle, le boss fait le nécessaire – ce qui bien souvent consiste à endormir le corps en lui donnant une lichée de whiskies, ou une petite pilule colorée – pour qu’il puisse continuer à gérer le quotidien de sorte à nous rendre heureux.

Mais est-ce que ça marche ?

Est-ce qu’éviter de ressentir le corps pour continuer à agir dans notre quotidien est la solution pour une vie heureuse et épanouie ?

La réponse courte : non, ça ne fonctionne pas.

LE CORPS EST L’UNIQUE PORTE D’ENTRÉE

Note : Ne croyez pas sur parole la partie qui va suivre. Je vous invite à explorer par vous-même et à faire votre propre conclusion.

On ne peut être heureux qu’en habitant pleinement notre corps. En se coupant des sensations inconfortables à travers les médicaments ou les distractions, on se coupe aussi de notre capacité d’être pleinement présent.

À force de se perdre la plupart du temps dans le mental, on ne sait plus vraiment ce qui se passe en nous. On devient étranger à notre propre corps. Pire encore, on perçoit le corps et ses manifestations comme un danger, comme une agression

La réalité, c’est ce que l’on souhaite tous – les sentiments de paix, de confiance, de joie – ne peut se vivre que dans le moment présent. 

Et notre accès au moment présent, ce sont nos ressentis. Ce n’est qu’à travers nos sens, donc à travers le corps, que l’on peut se reconnecter à la joie profonde et inhérente d’être en vie. 

Prenez le temps de faire quelques respirations, de ressentir l’expansion du corps avec l’inspiration suivie de son relâchement avec l’expiration. Encore.

Lorsque l’on est pleinement attentif à ce qui se passe dans le moment présent, à travers nos sens et nos ressentis, on se sent naturellement bien. C’est aussi simple que cela.

LA MAUVAISE SOLUTION

Ce qui est triste avec cette épidémie d’addiction mortelle aux médicaments opiacés, c’est que les victimes recherchaient, c’est ce que l’on recherche tous : une vie avec moins de souffrance et plus de joie.

Leur corps était en souffrance, car elles se sont coupées de lui. Elles ont négligé les besoins du corps, le poussant toujours plus à travers une mauvaise alimentation, de la sédentarité, manque de sommeil, l’abus de certaines de substances, etc.

Ces personnes pensaient trouver du réconfort en étouffant encore plus le corps. Par l’utilisation d’antalgiques, d’antidépresseur, ou de somnifère, elles ont cherché à fuir leur propre corps.

Mais bien entendu, cela n’est pas possible. Et plus on cherche à faire taire le corps, ou à nous échapper de ces ressentis, plus le corps va se manifester fortement. Les douleurs physiques et émotionnelles ne sont pas un mal à effacer, mais un cri du corps nous rappelant l’importance de revenir pleinement dans les ressentis du moment présent.

Car comme on l’a vu, ce n’est que dans le moment présent que l’on peut vivre ce à quoi nous aspirons tous : les sentiments de paix, de confiance et de joie.

Bien entendu, j’aimerais noter ici que vouloir gérer et diminuer les douleurs physiques et émotionnelles est normal et naturel. Il ne s’agit pas d’être masochistes et de vivre avec de la douleur alors que l’on pourrait la diminuer.

Mais, il faut faire cela en étant à l’écoute du corps plutôt que contre le corps. Les symptômes et douleurs sont presque toujours un appel au changement : celui d’être davantage attentif au moment présent.

Au lieu de pousser à travers le corps pour suivre les demandes du mental, on va plutôt agir à partir d’un ancrage dans le corps et le moment présent. Ce n’est que comme ça que l’on peut évoluer avec grâce et joie dans notre quotidien.

Bien sûr, ce changement de perspective va nécessiter une période de transition. C’est pour cela qu’il est essentiel de nourrir, encore et encore, l’intention d’habiter pleinement son corps.

Ce n’est pas Teva Pharmaceuticals, ou les autres entreprises du médicament, ou même les agences nationales de santé qui vont vous soutenir dans ce retour au corps. Le problème et la solution ne viennent pas d’eux, mais de chacun d’entre nous.

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Développer la Conscience du Corps

Dans les 3 étapes du changement, on a vu que le première étape consiste à discerner entre être présent et être perdu dans ses pensées. Dans cet épisode, on va voir comment développer la conscience du corps aide à s’ancrer dans le moment présent.

Vous allez découvrir un exercice simple et efficace pour renforcer l’écoute du corps.

Regarder Développer la Conscience du Corps

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Développer la Conscience du Corps Podcast

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Préparer le Corps

Écouter le corps fait du bien au mental

« Écouter le corps fait du bien au mental. »

Cela peut sembler étrange. Pourtant, revenir vers les sensations du corps est l’un des moyens le plus simple et efficace pour apaiser le mental.

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Gérer le stress Podcast Thaïlande

Le Stress Vient de la Déconnexion de Notre Corps

Retranscription du podcast

Avant hier, une patiente a amené avec elle deux belles mangues prêtes à être mangées. Cela fait maintenant 3 semaines que je vois des patients à Bangkok. Et l’un des aspects qui m’a surpris dans le fait de pratiquer la chiropratique en Thaïlande, c’est que le sujet du stress n’est que très rarement évoqué.

Les personnes qui viennent au cabinet parlent volontiers de leurs douleurs physiques, de leur mauvaise posture au travail, de leur surmenage, de leurs chutes ou accidents passés, mais elles ne mentionnent pas le fait d’être stressées.

Lorsque je demande, à travers l’assistante, si elles sont en ce moment inquiètes, dépassées par les évènements, soucieuses… en un mot stressées, l’assistante me regarde avec de gros yeux et elle est gênée de faire la traduction.

Le stress à toutes les sauces

La culture du stress ne semble pas avoir pris en Thaïlande. Cela me change de l’occident où l’on met le stress à toutes les sauces: il y a le stress au travail, le stress d’élever une famille, le stress par rapport aux finances, le stress de savoir ce que l’on veut faire de sa vie. Sans oublier que les informations télé sont anxiogènes, les bouchons en voiture aussi. Et même partir vacances peut s’avérer stressant.

Cela contraste donc avec mes patients Thaïlandais qui ne mentionnent pas le stress, et qui lorsque je leur pose la question, me répondent par le négatif.

Et pourtant lorsque j’examine leur corps, ils présentent les mêmes signes qu’une personne en France faisant face à beaucoup de stress.

Leur respiration est superficielle, les muscles des mâchoires sont tendus et sensibles au toucher, et la posture est fermée. Leur corps présente les signes d’une physiologie de stress.

De plus, ils notent avoir mal un peu partout, à la nuque, aux épaules et au bas du dos. Ils ont du mal à dormir et se réveillent tendus. Là aussi cela correspond à une personne sujette au trio commun au monde moderne: stress, mauvaise posture, sédentarité.

Après plusieurs échecs de communication sur le stress avec mes patients thaïlandais, j’ai essayé une autre approche.

« Non, je ne suis pas stressée »

La patiente aux mangues a la cinquantaine passée et ses principales préoccupations sont son mal au cou et le fait qu’elle n’arrive pas à trouver le sommeil. Elle note travailler dans un bureau « depuis toujours » et s’occuper de sa famille. Je remarque qu’elle a un regard doux et triste.

Lors de la première séance, sa nuque et son dos étaient tendus. Sa respiration était faible et lorsque je lui ai demandé de respirer plus profondément elle a dû forcer et solliciter les épaules pour pouvoir le faire.

Allongée avec ses yeux fermés, je pouvais voir le rapide mouvement de ses yeux. Elle notait se sentir en confiance avec moi, mais je voyais qu’elle avait du mal à se détendre, à laisser aller.

Après la séance, je lui ai demandé si elle avait tendance à beaucoup réfléchir surtout le soir avant de dormir, si elle avait du stress en ce moment.

C’était une supposition de ma part, mais je ne prenais pas trop de risque, car elle présentait tous les signes d’une personne anxieuse.

Elle me répondit avec un sincère sourire: « non ».

Je me suis demandé si l’assistante avait bien fait la traduction, mais je n’ai pas insisté.

J’ai alors décidé d’approcher cela sous un autre angle. À sa seconde visite, je lui ai expliqué qu’elle n’était pas suffisamment à l’écoute de son corps, qu’elle devait réapprendre à être attentive à ses sensations pour éviter d’accumuler à nouveau les tensions, et que j’étais là pour l’aider à faire cela.

Cette explication semble avoir mieux été comprise. La visite d’après elle a noté avoir bien fait les exercices que je lui avais montré, qu’elle dormait mieux et se sentait moins endolorie … et elle m’a offert deux belles mangues.

En y réfléchissant, ce que l’on appelle le stress en occident n’est pas autre chose qu’une déconnexion de nos ressentis.

Le stress: tension entre nos ressentis et nos choix

Le stress indique la tension qui se crée entre nos ressentis et la demande extérieure. Si vous ressentez le besoin de dormir, mais par obligation vous vous forcez à vous lever tôt cela est source de stress. Si votre corps a besoin de bouger et vous lui imposez 4 heures de suite en position assise, c’est du stress. Si vous ressentez le besoin de vous isoler, mais vous êtes contraint de participer à un meeting, c’est aussi du stress.

À chaque fois qu’il y a 2 forces opposées – ce que l’on ressent et ce que l’on doit faire -, on éprouve du stress. Et plus l’opposition est grande, plus le stress est durement vécu.

Nous vivons à une époque où les ressentis du corps sont mis de côté, car nous nous imposons d’agir selon ce que la société attend de nous (ou plutôt ce que l’on croit que la société attend de nous).

Cela est tellement devenu la norme, que notre capacité à ressentir les messages subtils du corps ne fonctionne plus comme elle le devrait. On néglige nos ressentis et on agrandit le gouffre entre nos besoins et nos actions. Et ce n’est que lorsque le corps arrive à bout et qu’il se manifeste à travers ses signaux d’alarme (tensions, douleurs, symptômes) que l’on est forcé d’y prêter à nouveau attention.

L’expérience du stress est avant tout interne

En occident, en associant le stress à toutes les activités du quotidien, on risque de croire que la cause est extérieure. Pourtant le ressenti du stress reste avant tout dû à une incapacité à ressentir notre corps (et nos émotions, notre intuition) et à agir en accord avec nos ressentis.

Réapprendre à tourner l’attention vers soi sera le meilleur moyen de gérer le stress. On saura alors quels changements sont nécessaires pour diminuer la tension entre nos besoins et nos actes du quotidien.

À noter que cela ne voudra pas forcément dire tout changer, mais faire des adaptations simples qui feront une grande différence sur la santé et le niveau de vitalité. Par exemple se lever régulièrement pour marcher et s’étirer lorsque l’on passe sa journée en position assise. Cela peut sembler évident, mais trop peu de personnes le font, car elles sont si peu attentives à leur corps.

En conclusion

La tension que l’on ressent en soi, et qu’en occident on appelle stress, est avant tout le résultat d’un désaccord entre nos besoins et nos choix du quotidien. Pour connaitre nos besoins et pour savoir ce qui nous fait bien, il faut pour cela réapprendre à être attentif à nos ressentis. Seulement alors pourra-t-on nous adapter intelligemment (sans sacrifier notre bien-être) à un environnement changeant et plein de challenges.

Si le sujet de la conscience du corps vous intéresse:

Réapprendre à écouter le corps

Se réaligner avec le corps et ses ressentis (vidéo) 

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Bienfaits de la méditation

Le Corps et le Mental, Sont-ils Séparables ?

La méditation est attrayante pour ses bienfaits sur le mental et l’émotionnel. Mais ce qui est intéressant, et moins connu, c’est l’effet bénéfique de la méditation sur la santé. En effet, on ne peut pas transformer le mental sans affecter le corps. Découvrons ce que la science nous apprend sur l’intime relation entre corps et esprit, et comment cela nous affecte au quotidien.

Vous avez dit maladie psychosomatique ?

« Mon mal-être physique est d’origine psychologique ». Cette affirmation aurait été accueillie avec beaucoup de scepticisme, voire de moqueries, il y a seulement cinquante ans. Depuis les découvertes de Pasteur et de Koch, le monde médical a longtemps cru que les maladies avaient principalement pour cause un facteur externe (virus, bactérie…) qu’il suffisait de neutraliser à l’aide de la chimie.


Bactéries à l'origine de la tuberculose
Bactéries à l’origine de la tuberculose
Agents Pathogènes

Louis Pasteur découvrit, en 1854, le rôle des micro-organismes. L’Allemand Robert Koch identifia, en 1874, la bactérie associée à l’anthrax chez les moutons. Plus tard, il découvrira que la tuberculose et le choléra sont, chacun, associés à une bactérie spécifique. À la suite de ces découvertes, la médecine cherchera à identifier un micro-organisme pour chaque maladie, et à créer des médicaments capables de contrecarrer l’agent externe.


Si la distinction entre corps et mental trouve son origine chez les Grecs, c’est René Descartes, mathématicien et philosophe, qui aura probablement le plus influencé la culture occidentale sur cette notion. Selon Descartes, le corps fonctionne par des mécanismes autonomes qui sont animés par l’esprit animal. L’âme, quant à elle, reste une entité distincte du corps qui entre en contact avec ce dernier à travers la glande pinéale*. Lorsque l’âme devient consciente de l’esprit animal cela crée la sensation, le corps affectant l’âme. Une action volontaire apparaît lorsque l’âme initie la circulation de l’esprit animal. Dans ce cas, c’est l’âme qui affecte le corps. Si les écrits de Descartes proposent une relation entre corps et âme, le philosophe limite la localisation de l’âme au cerveau (1). Le corps devient la partie animale et la tête, le mental, la partie esprit. Cette théorie de la séparation, spécificité de la culture occidentale, va longtemps affecter la médecine et son approche de la santé.

Aujourd’hui, cependant, les choses changent. Il est en effet de plus en plus admis que l’environnement, l’hygiène de vie ainsi que la disposition mentale d’une personne déterminent son niveau de santé. L’expérience individuelle, mais aussi la science, tendent à confirmer cela.

Lorsque la pensée guérit

La recherche médicale propose une abondance d’études démontrant indirectement l’impact de notre mental sur la maladie. Pour cela, il suffit d’observer ce que l’on nomme l’effet placebo (lire l’encadré), quand une personne,

maladies psychosomatique
Le fonctionnement du corps reflète notre état d’esprit.

croyant recevoir un traitement actif alors qu’on lui donne, par exemple, une pilule remplie d’eau, va observer une amélioration de la condition traitée. En d’autres termes, c’est souvent la croyance d’être soigné qui crée la guérison, indépendamment du produit utilisé. Le docteur Herbert Benson, auteur de Timeless Healing (2) a étudié de près la répercussion des pensées sur la biologie du corps. Dans son livre, il en donne un exemple frappant. Une étude, effectuée par Dr Steward Wolf, a porté sur des femmes enceintes souffrant de nausées. Les chercheurs ont mesuré les contractions associées à la nausée et aux vomissements à l’aide de récepteurs que les femmes ont absorbés. Les patientes ont reçu un traitement qui, leur a-t-on dit, devait soulager leur problème. En réalité, on leur a donné du sirop d’ipéca, un produit à l’effet opposé. En effet, le sirop d’ipéca est un émétique. Couramment utilisé lors d’empoisonnement accidentel, il contient une substance qui induit le vomissement. Étonnamment, dans notre cas, les nausées et les vomissements ont cessé et les contractions sont redevenues normales. Croyant recevoir un médicament bénéfique, les femmes enceintes ont inversé l’impact d’un produit très actif.

L’effet placebo ne se limite pas seulement aux médicaments. Un rapport effectué par la clinique MAYO (3), révèle également l’influence de l’attitude du médecin. En effet, un patient réagit mieux à un produit prescrit par un docteur chaleureux et confiant, qu’au même produit proposé par un docteur distant et peu communicatif.


L’effet placebo – Guérir pour plaire

Placebo vient du latinje plairai, sous-entendu : « je ferai plaisir à qui me soigne ». L’effet placebo est le résultat d’une mesure thérapeutique sans rapport logique avec la maladie, mais agissant si le sujet pense recevoir un traitement actif. Ce concept, utilisé principalement dans le cadre de la recherche, permet de déterminer le « réel » effet d’un médicament ou d’une thérapie par rapport à l’effet associé uniquement à l’autosuggestion. Mais, au-delà de cette utilité pratique, l’effet placebo révèle que le corps est capable de s’autoréguler lorsqu’une personne se trouve dans une certaine disposition mentale et émotionnelle. Des chercheurs en neurologie ont noté que « l’étude de l’effet placebo tend également à démontrer comment le contexte des croyances et des valeurs affectent le fonctionnement du cerveau et, par extension, la santé physique et mentale. »

(Benedetti F, Mayberg HS, Wager TD, et al : « Neurobiological mechanisms of the placebo effect. » The Journal of Neuroscience 2005 ; 25 (45) : 10390.)


« Se rendre malade »

Si nos croyances peuvent affecter notre guérison, il semble qu’elles jouent également un rôle dans notre susceptibilité à tomber malade ? C’est ce que l’on appelle parfois l’effet nocebo. Une intéressante observation a été faite dans un centre d’étude du cœur. Une femme, croyant être sujette à un problème cardio-vasculaire, présente 4 fois plus de chance de mourir d’un problème cardiaque qu’une femme ayant les mêmes facteurs de risque, mais ne pensant pas être exposée à ce type de condition (4). Cela peut alors expliquer pourquoi, au-delà des prédispositions génétiques, une personne ayant un parent souffrant d’un mal particulier présente un plus grand risque de développer la même pathologie.

Lorsque le corps agit sur le mental

Si nos croyances conditionnent notre physiologie, inversement, le corps agit sur le mental et les émotions. Une étude comparative a révélé que la pratique de la course à pied s’avérait plus efficace qu’un antidépresseur dans le traitement de la dépression (5). De plus, certaines approches corporelles de la santé présentent non seulement des bénéfices pour le corps mais aussi, semble-t-il, pour le mental.

Ces observations mènent à la conclusion que le corps et le mental ne sont pas séparés. Ils semblent ne former qu’une seule et même entité, appelée bodymind**, agissant simultanément l’un sur l’autre.


Les molécules d’émotions
Candace Pert est l'auteur du livre à succès "Molecules of Emotion".
Candace Pert est l’auteur du livre à succès « Molecules of Emotion ».

Candace PERT, PhD, neuroscientifique et pharmacologiste, est connue pour sa découverte, en 1970, des récepteurs d’opiacé dans le cerveau. Ces dernières années, ses recherches l’ont conduite à une nouvelle compréhension de la relation entre corps et mental. En effet, le Dr Pert souligne que l’esprit ne semble pas, comme on pouvait le croire, se limiter au cerveau. Elle note que les émotions forment un pont entre corps et esprit. Ces émotions amènent le cerveau, mais aussi l’estomac, les glandes, les muscles et les principaux organes, à sécréter des hormones appelées neuropeptides : les molécules d’émotions. Ces peptides vont ensuite affecter la biologie de l’organisme. Pour Candace Pert, il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit. Lorsqu’on lui demande l’implication de sa découverte, elle recommande un équilibre quotidien en combinant, par exemple, la méditation et la pratique d’un sport.

Molecules of Emotions, C. PERT, Scribner Book Company.


Face à ces diverses observations, les bienfaits d’une approche globale de la personne apparaissent comme évidents. Le praticien de santé ne peut s’adresser à un mal particulier, sans prendre en compte la personne et son contexte de vie. Similairement, l’individu prend conscience que sa santé tient aussi de sa responsabilité, et qu’il peut agir pour la renforcer. Le corps et l’esprit forment un tout qui ne peut s’épanouir que lorsque l’individu intègre, dans son quotidien, des gestes qui nourrissent le corps comme l’esprit.

Méditer régulièrement sera donc non seulement bénéfique pour reposer l’esprit, cela contribuera à améliorer votre santé physique.

Avez-vous expérimenté la relation entre corps et mental. Par exemple, comment se manifeste le stress chez vous ? Ou bien, avez-vous remarqué un changement dans votre santé physique ou votre vitalité grâce à la méditation ? Merci de partager votre expérience dans la zone commentaire.


Notes et références

Article de M. Hammour initialement publié dans Vitalité et Bien-être, N°4, Sept./Oct. 2006

Graphisme: Fabrice Marziale.

(1) Wozniak Robert H., “Mind and Body : René Descartes to William James”, National Library of Medicine et the American Psychological Association, Washington, 1992.

(2) Timeless healing, Herbert Benson, M.D, Editions Fireside.

(3) Placebo effect : harnessing your mind’s power to heal. Science Daily, 2003.

(4) Voelker Rebecca, “Nocebos Contribute to a Host of Ills.”, Journal of the American Medical Association, 275 N° 5, 1996.

(5) Babyak M. et al, “Exercice treatment for major depression : Maintenance and therapeutic benefit at 10 months”, Psychosomatic Medecine, vol. 62 (5), 2000.

* La glande pinéale est une glande endocrine qui se trouve derrière le front. Elle sécrète la mélatonine lorsqu’il fait sombre permettant l’endormissement. Étant la seule partie du cerveau au centre et, autrefois, pensée (inexactement) comme spécifique à l’homme, Descartes a choisi cette partie du corps comme siège de l’âme.

** Le terme Bodymind (corps/esprit) est de plus en plus utilisé dans la littérature, concernant le développement personnel, mais aussi par certains scientifiques, telle la chercheuse Candace PERT qui a découvert les neuropeptides, les « molécules d’émotions ».

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Bien-être Physique Bienfaits de la méditation Podcast

Réapprendre à Ecouter le Corps

L’un des bienfaits de la méditation est qu’elle ramène l’attention sur notre corps. Ce qui va améliorer notre santé et notre vitalité. Car ressentir le corps, va nous permettre d’être plus attentif à ses messages et agir ainsi en accord avec l’intelligence du corps. Car en effet le corps est intelligent. Même si la société moderne semble l’avoir oublié.

Nous sommes déconnectés de notre corps

Notre époque nous a « déconnectés » de notre intelligence innée. Nous vivons dans une culture qui a évolué en maîtrisant son environnement. Armé des sciences, l’homme moderne a modulé son environnement pour le rendre plus sûr et plus confortable. Cela a  conditionné une certaine méfiance vis-à-vis de notre corps, comme envers tout ce qui ne peut pas être contrôlé, tout ce qui peut surgir en nous, sans que l’on puisse l’enfermer ou le tenir… Si cela reste une étape importante dans l’évolution de l’humanité, la maîtrise ou la recherche de contrôle a, en quelque sorte, séparé l’homme de cette intelligence, cette force de vie, naturelle, dans laquelle il baigne.

Je dirais même que notre culture, notre société, et souvent notre éducation, ont muselé, dès le plus jeune âge, le corps et l’intelligence qu’il porte en lui. Cette intelligence, qu’Albert Einstein nomme le mental intuitif, est néanmoins toujours là et surtout elle ne cesse de s’exprimer à travers nos intuitions, nos douleurs et nos émotions pour nous éveiller à l’essentiel.

Un problème culturel qui commence dès le plus jeune âge

Petits, nous n’avons pas appris à écouter notre corps. Très tôt, on nous a enseigné à porter plus d’importance au monde extérieur. L’approbation des parents, puis des maîtres, les études et enfin la réussite sociale focalisent notre attention. À force de n’être qu’à l’écoute de signaux extérieurs, les mécanismes qui nous permettent de ressentir le corps deviennent inhibés. Pour résultat, on ne réalise plus aujourd’hui que les symptômes que l’on peut ressentir sont les messagers du corps.

Les symptômes sont les messagers du corps

Si, après un repas copieux et arrosé, vous ressentez de l’inconfort, voire des douleurs au ventre, c’est juste l’expression de l’intelligence du corps qui vous dit « Attention, si tu continues à manger de la sorte tu risques de développer des problèmes de santé. » Comment réagit-on habituellement ? On prend un antiacide qui va calmer la douleur un certain temps. Or, si l’on continue à manger de la même façon, le corps va s’exprimer de plus en fort. Comme l’explique justement Jacques SALOME, psychologue et écrivain, notre première réaction qui consiste à faire taire le message du corps n’est pas salutaire sur le long terme.

Cette attitude ne se limite pas aux manifestations physiques du corps. Elle est souvent la même face aux émotions. Lorsqu’une émotion ou un sentiment inattendu et inconfortable survient, l’individu va, en général, chercher à le fuir. À l’aide d’antidépresseurs, de calmants ou encore à travers l’alcool, la drogue ou même le travail, on tentera d’anesthésier son mal-être.

Les émotions sont des appels au changement

Or, selon le docteur Donald EPSTEIN, chiropraticien et chercheur, les émotions comme les symptômes sont des appels au changement. Plus l’intensité de l’émotion est importante plus le changement est urgent. On comprend alors l’importance de réapprendre à écouter le langage du corps pour agir en conséquence.

Pour la majorité des gens, leur attention est accaparée par des pensées à propos d’événements passés ou de situations à venir. Développer l’écoute du corps est un apprentissage qui nécessite de se réapproprier son attention pour la tourner vers l’intérieur. Cela va souvent à l’encontre d’années de « non-conscience » du corps, et sollicite une réelle volonté de changement pour y parvenir. Pour tous ceux qui désirent exprimer une meilleure santé et plus de vitalité, développer sa conscience du corps est une étape indispensable.

Le yoga et la méditation offrent des moyens efficaces pour développer cette conscience du corps. A chaque fois que vous allez faire une séance de méditation, vous allez muscler votre capacité à percevoir les messages subtils du corps. Ressentir le corps et la vitalité qu’on a en soi est non seulement agréable, cela va considérablement améliorer notre santé et prévenir des futures maladies.

Une étude rétrospective sur 2818 patients ayant suivie un programme (network care) pour améliorer la conscience de leur corps a révélé une amélioration significative dans la santé physique et émotionnelle des participants.

Réapprendre à écouter le corps va donc nous permettre de mieux savoir ce qui nous fait du bien. Je vous recommande de méditer, de marcher en conscience, de pratiquer le yoga, ou le tai chi ou le qi qong. Votre corps vous remerciera.