Vous avez peut-être déjà entendu ou lu ça quelque part: « On a plus peur de parler en public que de la mort »?
Selon une étude portant sur 3000 personnes, 41% des répondants ont classé la peur de parler en public (1) en 1re position alors que seulement 19% ont mis en premier la peur de la mort.
Sérieusement?
Si une personne a le choix d’aller dans une salle de conférence bondée ou dans une pièce avec un tigre affamé, je peux vous assurer qu’elle choisira de prendre la parole en public même si elle n’est pas du tout à l’aise dans l’exercice.
Mais cela dit, je comprends que l’on puisse attribuer une notion de terreur à la prise de parole en public. J’ai animé de nombreuses présentations et conférences, et j’ai passé, je dois l’avouer, des moments horribles!
La bonne nouvelle, c’est que l’on peut dépasser la peur de s’exprimer en public et même y prendre du plaisir.
L’objectif de cet article va être de vous aider à parler en public sans stress en découvrant d’où vient cette peur viscérale et comment faire pour la dompter.
Cet article est long et plein de conseils. Vous pouvez télécharger ici la version pdf (accessible hors-ligne).
Ce dossier s’adresse surtout aux personnes qui souhaitent améliorer leur prise de parole au travail, mais vous verrez que les principes présentés s’appliquent à la plupart des situations où l’on doit s’exprimer devant un groupe de personnes: du discourt de mariage à la présentation corporate.
Ce dossier est organisé en 3 parties:
La première partie: Pourquoi c’est normal de « flipper » avant de s’exprimer en public: ce qui se passe au niveau du cerveau et du corps lorsque de nombreuses paires d’yeux nous regardent.
La seconde partie: Comment dépasser la peur innée de parler en public et comment la méditation introspective va nous y aider.
La troisième partie: Conseils pratiques pour parler en public sans stress.
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Partie I: Pourquoi c’est normal d’avoir peur de prendre la parole en public
Je ne suis pas un orateur inné. Loin de là. Durant mes jeunes années, lorsque je me retrouvais dans un groupe, je maitrisais bien le hochement de tête et l’écoute attentive, mais j’évitais de prendre la parole. Et lorsque je prenais la parole, c’était généralement court, plein de banalités et à peine audible. J’étais tout sauf un orateur.
Et cela n’a pas changé lorsque j’ai fait des études universitaires ou lorsque je suis rentré dans la vie active. Ce qui a changé par contre ce fut la nécessité de faire des présentations et de prendre plus souvent la parole en public.
L’une de mes premières présentations
J’ai fait une partie de mes études universitaires aux États-Unis. L’un des mes cours « Epidemiology: An Introduction » nécessitait de présenter et de débattre des sujets de santé publique. Notre professeur, Dr Boss – un biologiste de formation, la mi-cinquantaine, arborant dans les couloirs de l’uni une casquette avec marqué « The Boss » dessus – était connu pour son exigence et la difficulté de son cours.
Lors des présentations, il n’hésitait pas à interrompre, à challenger voir à se moquer des intervenants.
Et bien sûr vint le jour où ce fut à mon tour de faire ma présentation.
À noter que tout cela se passe en anglais. Langue que je parle plutôt bien, mais qui face à un public devient source de difficulté et de stress supplémentaire.
« La dépression pour les adolescents: situation actuelle et solutions alternatives » était mon sujet.
En m’appelant le professeur a malmené mon nom de famille « Hammer » puis en annonçant le sujet de ma présentation a dit « oh non, encore un qui va nous déprimer. »
Mes jambes m’ont transporté tant bien que mal, entre les rangs de la classe qui devait compter 70 étudiants, jusqu’au pupitre où je posais fébrilement mes papiers.
Mon plan était de lire ma présentation et de terminer au plus vite. Je pouvais sentir battre mon coeur dans mes oreilles, et, à ce stade, tout que j’espérais c’était de ne pas trop rougir.
Malgré le stress, je remarquais au second rang une étudiante, new-yorkaise, connue par toute la fac (du moins par la gent masculine) pour sa beauté et son élégance.
Je crispais la bouche en guise de sourire à mon public et je commençais la lecture de mon exposé. Et l’espace de deux minutes, j’ai cru que j’allais m’en sortir.
Le visage en feu
Puis, la New-Yorkaise leva la main et je m’interrompis, agréablement surpris de son attention à mon exposé, mais aussi inquiet de ce qui allait sortir de sa bouche: « Est-ce qu’il peut parler plus fort, on ne comprend rien. »
Si jusque là, j’avais évité de basculer en mode tomate, je pouvais maintenant sentir mon visage prendre feu, surtout mes oreilles. Je savais que tout le monde dans l’auditoire pouvait voir mon visage devenir rouge écarlate.
J’essayais de parler plus fort, mais la combinaison du stress, de la gorge nouée, de la bouche pâteuse, et de mon accent français rendait ma présentation peu intelligible et je pouvais voir que je perdais rapidement l’attention des personnes présentes.
Ce fut douloureux pour moi et pour les autres étudiants. À cela s’ajoutèrent les questions et les interruptions régulières de Dr Boss. Questions auxquelles je répondais par une ou deux phrases seulement, tant je voulais retourner au plus vite à mon siège.
Le supplice finit enfin par se terminer. Quelques clappements de mains de quelques charitables étudiants, et me voilà de retour assis à ma place.
À ce moment, je crois que j’aurais préféré être dans le ventre d’un tigre plutôt que de ressentir toutes ces émotions qui me traversaient.
Une peur commune
Parler au public n’est pas une expérience agréable, pour moi comme pour beaucoup d’autres personnes, et certainement pour vous aussi si vous lisez cet article.
Nous ne sommes pas seuls.
La peur de parler en public, appelé glossophobie, concernerait, à différents degrés de peur, jusqu’à 75% de la population (2).
Ce sont 3 personnes sur 4 qui éprouveraient un certain degré d’anxiété ou nervosité lorsqu’ils parlent en public. En d’autres termes, c’est la norme de ressentir du stress lorsque l’on doit s’exprimer devant un groupe de personnes.
C’est la norme, car c’est une réaction naturelle du corps.
30 yeux: comprendre la réponse de stress
Pour aller à l’essentiel: parler devant un public c’est se percevoir en danger physique et enclenchait la physiologie de stress, et cela d’une manière inconsciente.
Vous n’êtes pas sûr d’avoir saisi cette dernière phrase? Pas de soucis, on va explorer cela en détail en faisant un saut dans le passé, un grand saut: 6,000 ans en arrière.
Il y a 6,000 ans, Suza, treize ans, évolue dans les vastes pairies de l’Afrique du Nord. Ce qui est aujourd’hui devenu le désert saharien était à l’époque une région tropicale (3) recevant une abondance d’eau et riche d’une végétation luxuriante. Suza s’est un peu éloignée de sa tribu à la recherche de tubercules.
Penchée, les mains dans la terre, elle est trop affairée pour se rendre compte de ce qui sa passe autour d’elle, mais, d’un coup, avec un frisson dans le dos, elle ressent les regards posés sur elle. D’un bond, elle se redresse et se retrouve face à une quinzaine de personnes la regardant fixement.
Son coeur s’accélère, ses pupilles se dilatent, et tout son corps se crispe. Son être est figé, sa respiration arrêtée, et le temps lui semble suspendu. Puis dans un éclair de lucidité, elle leur fait volte face et se lance dans le passage étroit qui la sépare de sa tribu. Elle cours à s’en exploser le coeur et les poumons pour retourner auprès des siens.
Suza aurait pu être enlevée, violée, tuée ou peut-être laissée saine et sauve. Mais, elle ne pouvait pas prendre le risque d’en savoir plus sur l’intention du groupe rencontré. Son corps a choisi pour elle privilégiant la chance de survie.
À cette époque, faire face à plusieurs paires d’yeux inconnus pouvait signifier une mort violente.
Cette information – être le centre d’attention est potentiellement dangereux – est encodée dans les gènes de Suza, car elle l’a reçu de ses ancêtres et cette information génétique elle l’a transmise à ses enfants et aux générations suivantes jusqu’à nous.
Ce qu’il faut noter ici, c’est que c’est un mécanisme inconscient. C’est un fonctionnement du cerveau limbique (système limbique), que l’on partage avec tous les mammifères, qui utilise les émotions pour optimiser la survie.
Si vous savez que vos collègues de travail ne vont pas d’un coup sortir des lames pour vous couper en lamelles, votre cerveau limbique, lui, préfère ne pas prendre de risque et va enclencher le mécanisme de défense (le même que le corps de Suza a enclenché face au danger) lorsque vous êtes face à eux.
Le coeur qui bat fort et vite, la bouche pâteuse, le corps raide, les idées confuses, toutes ces manifestations sont dus à la physiologie de stress.
Physiologie de stress (aussi appelée réponse de stress et physiologie de défense)
Le corps optimise la chance de survie en mettant toutes ses ressources au service de la fuite et de l’attaque. Les muscles se raidissent, le sang afflue vers les jambes et les bras, le transit intestinal se met en pause (d’où la bouche pâteuse), le cerveau limbique prend les rênes et le cortex préfrontal (qui fait partie du néocortex) responsable, entre autres, de la construction d’idées, fonctionne au ralenti (d’où les idées confuses).
La réponse de stress est inconsciente lorsque l’on est face à un public et elle va être plus ou moins importante selon chaque personne.
La mauvaise nouvelle
La mauvaise nouvelle c’est qu’il n’est pas possible de se raisonner hors de cette réponse instinctive. On a beau se motiver, dire que ça va aller, qu’il n’y a rien à craindre, ou encore utiliser des techniques du type « imagine ton auditoire en sous-vêtement », tout cela ne marche pas!
Lorsque l’on est confronté à la situation, c’est le brouillard qui s’installe dans la tête et l’on perd nos moyens. Tous les beaux discours du monde ne vont pas arrêter le flot hormonal causé par notre système limbique.
C’est le cerveau primitif qui prend le pouvoir et le cerveau intellectuel, celui qui est censé nous rassurer et nous aider à assurer la présentation, est bâillonné et incapable de nous aider.
La bonne nouvelle?
La bonne nouvelle c’est qu’il va être possible de diminuer, en amont, l’intensité de cette réponse de stress. Et grâce à cela être plus à l’aise et garder ses moyens (son intelligence, son humour) lorsque l’on doit s’exprimer devant un groupe de personnes.
On va voir dans la seconde partie de cet article, comment faire pour dépasser la réponse initiale et instinctive de peur lorsque l’on est face à un public. On verra, comment, entre autres, une pratique simple de la méditation va être très utile.
Partie II: Comment dépasser la peur innée de parler en public et comment la méditation introspective va nous y aider.
En 2012, j’ai assisté à une conférence d’un chercheur canadien sur le lien entre hormones et émotions. La rencontre a eu lieu dans un amphithéâtre rempli à craquer. Toutes les places assises étaient prises et aux entrées et dans les couloirs les gens sont tenaient debout. Il devait y avoir plusieurs centaines de personnes venues assister à cette conférence.
J’étais avec ma tante, son amie qui est enseignante et un groupe de 3 étudiants. Nous étions assis dans le centre de l’amphithéâtre avec une vue dégagée sur la scène.
Give me the mic!
Après la conférence qui fût passionnante, le chercheur proposa de faire une session question / réponse. Il invita l’auditoire à participer à la discussion.
Après 5 secondes d’hésitation, ma main droite s’éleva dans l’air. Mes compagnons de conférences tournèrent tous la tête d’un air surpris. Le microphone mis un certain temps à parvenir jusqu’à ma place. Je pouvais sentir mon battre mon coeur dans ma poitrine, mais il n’y avait pas de crainte.
« Humm, humm » ma voix craquela un peu avant de résonner dans les enceintes de la salle. Je remerciais d’abord le conférencier pour sa présentation puis je posais ma question. Question qui sembla plaire au chercheur qui y répondit volontiers. À nouveau je réagissais à sa réponse. Il répondit, puis une fois terminé, me remercia pour ma participation. Et l’on passa le microphone à la personne suivante.
En repartant, je remarquais que je semblais soudainement plus intéressant à mes compagnons. Prendre la parole en public et être à l’aise en le faisant est comme un super-pouvoir! C’est quelque chose que l’on a tendance à admirer ou à envier chez celui ou celle qui l’a.
Qu’est-ce qui s’est passé entre le fiasco de ma présentation à l’uni et cette prise de parole volontaire à cette conférence?
Comment suis-je aller de Mr face de tomates à Mr « donner moi le mic! »?
Bonne question.
Il y a d’abord la pratique de la méditation et il y a aussi entre ces 2 évènements des dizaines peut-être même des centaines de présentations et conférences que j’ai animées.
Commençons par la pratique de la méditation.
À noter que je vais vous parler de méditation – méthode que je pratique et que je crois être l’une des approches les plus efficaces et utiles à utiliser au quotidien -, mais il existe de nombreux autres moyens de parvenir au même résultat.
Ma découverte de la méditation
Mon objectif initial n’était pas de me mettre à la méditation, mais simplement de mieux vivre mon anxiété.
L’anxiété pour faire simple est un système de défense qui a tendance à s’enclencher facilement. Exprimer ses émotions et risquer de se faire rejeter, parler en public, aller à la confrontation … tout cela me faisait basculer en physiologie de défense.
Et avec cette physiologie de stress venaient les sensations désagréables de tensions ou de danger sous-jacent, et la perte de mes moyens.
Je ne vais pas ici vous parler de tout mon parcours, mais je vais vous donner la version courte:
Méditer m’a permis de diminuer ma réponse de stress. Cela a augmenté ma tolérance à ce qui auparavant me faisait perdre mes moyens.
En d’autres termes, méditer m’a permis d’élargir ma zone de confort.
Zone de confort
Lorsque l’on est dans sa zone de confort, le corps bascule rarement en physiologie de stress. Pour la plupart d’entre nous, regarder Netflix en mangeant une pizza se trouve dans la zone de confort. Cela ne nous stresse pas.
Sortir de sa zone de confort, comme parler en public ou confronter une figure d’autorité, va enclencher à différents degrés d’intensité la physiologie de stress.
Élargir sa zone de confort c’est pouvoir faire plus d’activités, avoir plus d’interactions sans pour autant utiliser la réponse de stress, ou du moins, avoir une réponse de stress beaucoup moins intense et moins handicapante.
(Voir aussi cette vidéo sur comment sortir de sa zone de confort).
Lorsque l’on diminue la sensibilité au stress, on va naturellement augmenter notre zone de confort pour éventuellement y inclure la prise de parole en public.
Comment la méditation diminue la sensibilité au stress
La plus grande source de stress n’est pas un animal sauvage à l’affût dans un buisson ou une tribu hostile, comme ce fût le cas pendant des millénaires. Non, aujourd’hui, la plus grande source de stress est… notre langage interne.
Les pensées affectent nos émotions et notre physiologie.
Si Fabrice se fait réprimander par son supérieur au travail, et qu’au retour de chez lui il ressasse la situation et la perçoit comme injuste. Son discours interne sur cet évènement va causer une réponse de stress.
Son corps va, au niveau hormonal et neurologique, réagir de la même façon que s’il se trouvait face à un danger physique.
La reconnaissance sociale (participer dans la société, être accepté par ses pairs et par l’autorité) tout cela est associé à une nécessité de survie.
En effet, il n’y a pas si longtemps de cela, quelques centaines d’années en arrière, se faire rejeter par sa tribu ou par sa communauté pouvait vouloir dire mourir de faim.
Dans le cas de Fabrice, au niveau inconscient, pensait à sa situation de travail entretien la peur de l’exclusion et avec elle la physiologie de stress. Plus Fabrice ressasse avec ses pensées ce qui s’est passé, plus il crée des émotions de frustration, de colère, d’injustice, et plus il enclenche le mécanisme de survie: la physiologie de stress.
Nos pensées sont aujourd’hui la principale source de la réponse de stress.
On est devenu des pros du stress
Plus l’on rumine et plus l’on va stresser. Et plus l’on stresse, plus l’on devient efficace dans cela.
La réponse de stress implique comme on l’a vu le cerveau limbique, qui va stimuler les glandes surrénales qui vont sécréter du cortisol, hormone qui va agir sur le métabolisme et le mettre en mode alerte.
Plus l’on stresse, plus le circuit neurologique/hormonal devient efficace. Le corps devient un pro du stress. À la moindre contrariété, au moindre challenge, la réponse s’enclenche et on bascule en mode de stress.
Imaginez une personne qui a régulièrement tendance à stresser, qui doit maintenant faire une présentation en public. Sa réponse de stress va tout de suite passer dans le rouge et elle va perdre tous ses moyens.
« Il m’est arrivé un jour de m’effondrer, littéralement. Je devais prendre la parole pour un colloque professionnel et à quelques secondes de monter sur la scène, je suis tombée dans les pommes », témoigne Pauline, 34 ans, cadre supérieur dans une entreprise de téléphonie (4).
Le stress accumulé peut littéralement nous couper les jambes.
Respirez un grand coup.
Il y a de l’espoir. Il est possible d’inverser la tendance, d’augmenter la tolérance aux situations perçues comme stressantes.
Mais il va falloir travailler en amont. Comme on l’a vu, ce n’est pas à 5 minutes d’une présentation que l’on va pouvoir apprendre à calmer le corps et le mental.
Pour limiter la réponse de stress, il va falloir diminuer le flot de pensées qui la nourrissent et l’entretiennent.
Méditer réduit le stress, c’est la science qui le dit
La pratique de la méditation est pour cela très efficace.
Plusieurs centaines d’études ont été faites sur l’utilité et l’efficacité de la méditation pour réduire la réponse de stress. En essence, les personnes qui méditent ne seraient-ce que 12 minutes par jour notent bien mieux gérer le stress.
Voilà quelques exemples d’études faites sur ce sujet.
La méditation nous apprend à prendre du recul par rapport à nos pensées. Cela crée de l’espace entre pensées et émotions. On apprend graduellement à moins nourrir le stress à travers le flot de nos pensées qui sont souvent compulsives et répétitives.
Cela permet de maintenir un état de paix et de confiance. À noter qu’il est bien entendu plus facile de commencer dans la sécurité et dans le confort de chez soi. Cet apprentissage du calme intérieur va ensuite se répercuter sur les autres aspects de notre vie.
Tout comme le stress renforce le stress, le calme développe le calme. On peut graduellement devenir un expert du calme, et le maintenir à un certain degré même lorsque l’on fait des actions plus inconfortables.
Méditer est plus simple que l’on le croit. Si vous n’avez jamais médité, vous pouviez accéder ici à un « pack de découverte » pour réussir votre première méditation.
Devenir moins réactif face aux situations auparavant stressantes
Le simple fait de méditer quelques minutes par jour va graduellement réentraîner votre cerveau et vous rendre plus résistant aux situations stressantes (moins réactif). Cela vous permettra d’élargir votre zone de confort.
Et cela aidera à avoir une réponse de stress moins élevée et handicapante la prochaine fois que vous prendrez la parole en public.
Vous pouvez donc décider d’arrêter de lire ici cet article, commencer à méditer, et pouvoir ainsi parler plus facilement en public.
Ou bien, restez avec moi et allons encore un peu plus loin.
Parlons de confiance en soi.
La confiance en soi
La confiance en soi est un sujet à part entière, mais cela est intiment lié à la discussion en cours.
Ce que l’on perçoit comme un manque de confiance est simplement lorsque l’on se retrouve dans une situation où la physiologie de défense s’enclenche fortement et l’on perd ses moyens.
Cela peut-être lorsque l’on parle en public, lorsque l’on doit aborder des inconnus, lorsque l’on doit « se vendre », lorsque l’on doit exprimer son affection, etc.
Tout ce qui est perçu en dehors de notre zone de confort et qui déclenche une réponse de stress est considéré comme un domaine où l’on manque de confiance.
Si comme on l’a vu apprendre à calmer les pensées va globalement diminuer la réponse de stress, il va aussi être utile d’identifier les pensées qui génèrent la plus forte réaction de défense.
Pourquoi se sentons-nous plus stressés et moins à l’aise dans certaines situations ou interactions?
Cela est dû à des peurs inconscientes souvent liées à l’éducation et aux expériences passées qui vont être réveillées lorsque l’on se retrouve dans certaines situations.
Pour en savoir plus sur comment la méditation introspective peut vous aider à identifier et à désamorcer ces peurs et blocages inconscients, vous pouvez recevoir ici tous les détails ainsi que la version pdf de ce dossier.
Pour récapituler
– Avoir un certain degré de peur de parler en public est naturel. C’est une peur inscrite dans nos gènes qui s’enclenche de manière instinctive.
– Se raisonner ne marche pas, car la réponse de stress prend le dessus.
– Il est possible de diminuer l’intensité de la réponse de stress en apprenant à moins nourrir le stress de pensées compulsives.
– La méditation et toutes les approches qui amènent un apaisement du flot des pensées vont permettre de diminuer l’intensité de la réponse de stress.
Découvrons maintenant, dans la 3e et dernière partie de cet article, quelques conseils pratiques pour la prise de parole au travail.
Partie III: Conseils pratiques pour parler en public sans stress
Voilà quelques conseils pratiques pour la prise de parole au travail. Les deux premiers adressent le recentrage vers soi.
1) Préparation en amont
Comme nous l’avons vu, méditer chez soi, régulièrement, va être un bon moyen d’augmenter la tolérance au stress. Mais cela doit se faire à l’avance et régulièrement. Décider de faire quelques exercices de respiration juste avant une présentation ne va pas suffire. Pour reprogrammer votre seuil de stress, cela va se faire sur une période de 4 à 8 semaines selon la plupart des études MBSR portant sur l’effet de la méditation sur la gestion du stress. En gros, le plus tôt vous commencez le mieux cela sera.
2) Apprendre à s’ancrer au corps
Pour ramener le calme en soi, s’ancrer au niveau des sensations du corps va être d’une grande aide. À la maison, la pratique de la méditation (ou du yoga, du tai-chi) va vous habituer à garder l’attention focalisée sur les ressentis du corps. Cette capacité va être très bénéfique lorsque vous vous retrouverez en dehors de votre zone de confort.
Quand on ramène l’attention au niveau du corps, on calme le flot des pensées et l’on indique au cerveau que l’on est en sécurité. Juste avant et durant la présentation vous pouvez alors:
– Ressentir le mouvement de l’abdomen lors de la respiration
– Prendre conscience de votre posture, relâcher les épaules, redresser la tête
– Ressentir vos mains posées sur le pupitre
Tout ce qui va amener votre attention sur votre corps vous aidera à vous calmer.
Découvrons maintenant l’importance de la préparation d’une intervention publique.
3) Être clair sur l’objectif de son intervention
Pourquoi faites-vous cette présentation? Est-ce pour vendre un service, pour présenter votre idée, pour faire un compte rendu?
L’un des enseignants en communication avec qui j’ai étudié suggère d’utiliser ce qu’il appelle une « préconclusion » dans l’introduction de la présentation. Au lieu d’attendre la fin du discours pour faire son offre, il est important d’être clair et transparent dès le début. Cela vous gagnera le respect et l’attention de votre audience.
Cela peut ressembler à cela,
Bonjour et bienvenue à cette présentation.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’importance de la posture pour votre santé,
on va voir le lien qu’il y a entre le dos et le système nerveux.
On verra ensuite comment certains exercices combinés à des soins chiropratiques permettent de retrouver une posture saine et dynamique.
(préconclusion) Mon souhait c’est qu’à la fin de cette présentation vous compreniez l’importance de faire évaluer la bonne santé de votre posture et de votre colonne vertébrale. Et vous aurez à la fin de l’heure, la possibilité de prendre un rendez-vous.
Dans cet exemple, l’intention de la présentation est d’amener les personnes présentes à comprendre l’importance de faire évaluer leur posture et de prendre un rendez-vous pour le faire.
Cela est clairement indiqué dans l’introduction. Votre auditoire appréciera votre transparence et le fait que vous respectiez leur intelligence. Cela vous permettra aussi d’être plus détendu, car vous n’avancerez plus avec un agenda caché.
4) Apprenez par coeur votre introduction
Les premières minutes d’une présentation vont être cruciales. Elles vont soit vous permettre d’être de plus en plus à l’aise, soit vous faire basculer en mode de stress et vous faire perdre vos moyens.
Ne prenez pas de risque. Apprenez par coeur votre ouverture. Répétez autant de fois que nécessaire pour que cela soit fluide, dynamique, et naturel.
Voilà la structure que j’ai l’habitude d’utiliser.
Je commence par dire bonjour, par les remercier d’être là.
Puis j’indique en une à deux phrases le sujet de la présentation: « Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de …. »
Je cite en 3 à 4 points ce que je vais présenter et j’inclus ma préconclusion.
Ensuite, j’enchaîne avec:
« Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais vous poser 3 questions, combien d’entre vous ………, levez la main. Merci. etc. »
« Vous êtes au bon endroit! Commençons par …. »
Et j’enchaîne avec le premier point de la présentation.
Toute cette ouverture, je l’apprends par coeur et je l’a répéte pour que cela devienne super fluide.
Commencer de la sorte une présentation, avec dynamisme et confiance, est le meilleur moyen de ne pas stresser.
5) Créer une connexion avec votre public
J’ai travaillé et pratiqué en France, aux États-Unis, au Liban, en Thaïlande. Et dans tous ces endroits sauf la Thaïlande, j’ai animé des conférences et des ateliers santé.
Lorsque j’ai décidé d’ouvrir un cabinet à Beyrouth au Liban, j’ai organisé à partir de la France une conférence à Beyrouth. La conférence avait lieu 2 jours après mon arrivée. J’avais confié la préparation à une amie thérapeute qui avait trouvé le lieu et géré la logistique.
Je n’avais pas idée du nombre de personnes qui allaient être présentes et j’étais un peu nerveux avant cette première présentation dans ce nouveau pays.
J’arrivais une heure avant, sur les lieux de la conférence, pour pouvoir me préparer. Puis, lorsque les premiers invités sont arrivés, au lieu de rester à l’arrière du podium à relire mes notes ce qu’habituellement je faisais, j’ai décidé d’aller à leur rencontre pour me présenter et échanger quelques mots. Juste quelques mots par personne: « Bonsoir je m’appelle, Moutassem Hammour, je vais animer la présentation de ce soir. Vous n’avez pas eu de trop de mal à trouver? » J’ai ainsi accueilli personnellement plus de 40 personnes.
Puis l’heure venue, je suis monté sur le podium, et avant de commencer la présentation, en mettant le micro-cravate, j’ai continué à échanger quelques mots ça et là, à saluer et à diriger vers les sièges vides, les derniers venus.
Lors de mon introduction, j’ai mentionné certaines des personnes présentes.
« Merci à tous d’être là. Je sais que certains d’entre vous viennent de loin comme ce charmant couple qui vient d’une ville voisine. »
Le fait de connecter avec son audience va détendre l’atmosphère. Souvent, lorsque l’on stresse on a tendance à se refermer sur soi, à éviter les regards, à se mettre en retrait. C’est l’opposé qu’il faut faire.
Simplement regarder les personnes présentes dans leurs yeux, leur sourire, permet de créer une connexion avec toute l’audience. Il suffit de connecter avec une ou deux personnes présentes, pour que toute l’audience se sente plus proche de vous. Cela aide aussi à se faire des alliés.
Si vous faites cela, certains membres de l’audience vous soutiendront dans les passages difficiles. Il m’est arrivé d’avoir des participants belligérants qui confrontaient chacun de mes points, ou d’autres qui n’avaient pas envie d’être là et qui me le faisaient savoir. Dans ces moments-là, les alliés dans l’audience vous souriront et vous soutiendront par leur présence bienveillantes.
De plus, poser des questions simples tout au long de la présentation est un bon moyen de garder une belle connexion avec son audience.
C’est d’ailleurs, aujourd’hui l’aspect que je préfère lorsque je dois m’exprimer en public.
Enfin, le dernier conseil que j’aimerais vous donner, c’est soyez vulnérable.
6) Être vulnérable
Partager avec son audience sa crainte ou sa difficulté peut être une grande aide pour moins stresser lors d’une présentation publique.
Comme nous l’avons vu, presque tout le monde a un certain degré de stress à l’idée de s’exprimer en public. Cela veut dire que c’est aussi le cas pour la plupart des personnes présentes à votre discours.
Lorsque l’on met en mot sa vulnérabilité, l’audience va résonner avec cela. La plupart présents peuvent comprendre et ressentir notre difficulté.
Bien entendu, il ne s’agit pas de commencer une présentation en disant « J’ai pas envie d’être là. Je suis super stressé. Bouchez-vous les oreilles et fermez les yeux. »
Comme notez plus haut, vous devez préparer votre introduction au mieux en l’apprenant par coeur, et bosser en amont le reste de votre présentation. C’est la moindre des choses à faire lorsque l’on demande à un groupe de personnes de nous écouter pendant 1 heure.
Mais si en cours de présentation vous avez un moment difficile, c’est tout à fait ok de le faire savoir aux participants présents.
Lors d’une conférence, durant une session question/réponse, j’ai eu un blanc devant une question. Mon cerveau semblait patiner, et j’étais incapable de formuler une pensée ou une réponse cohérente.
Au bout de quelques longues secondes de silence, au lieu de paniquer, j’ai dit à la personne m’ayant posé la question et à toutes les autres présentes:
« C’est une question importante. Mais là, je vous avoue que j’ai un blanc. J’ai accumulé de la fatigue et je n’ai plus le jus pour vous faire une réponse satisfaisante. Si vous le voulez bien, je reviendrais plus tard vers vous avec la réponse, mais maintenant, on va continuer avec … » et j’ai poursuivi avec le programme de la présentation.
Faire un aveu de sa difficulté ou de son stress permet de relâcher la vapeur. Au lieu de maintenir la tension pour assurer, on relâche en montrant sa vulnérabilité. Très souvent, ce simple interlude permet de retrouver le peps et la confiance.
Voilà donc ce qui conclut mes quelques conseils pour parler en public sans stresser.
Si aujourd’hui la prise de parole en public peut vous sembler terrifiante, sachez que l’application des conseils présentés vous permettra de devenir bien plus à l’aise et même de prendre du plaisir dans l’exercice.
Et je sais de quoi je parle! Comme vous l’avez vous je suis passé de « Non! Tout sauf ça » à « Passer moi le microphone! »
J’espère que cet article vous donnera l’envie d’appliquer les conseils offerts et de rapidement voir les bienfaits lors vos présentations publiques.
Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez télécharger ici la version pdf de cet article qui contient des sections complémentaires.
Si vous des questions, ou souhaitez réagir à ce dossier, je serais ravi d’avoir votre retour. Cela se passe ci-dessous, dans la zone commentaire!
Pour continuer
Voilà maintenant une liste de liens utiles pour complémenter et approfondir cet article:
Méditation et relaxation
Comment faire la respiration abdominale
Comment faire la respiration carrée pour rapidement se détendre
Confiance en soi
Les 3 mythes de la confiance en soi
Qu’est-ce que la confiance en soi
Sources et références
- Sunday Times par tureussiras.com
- Wikipedia
- Today Tamu
- L’Express