Catégories
Communiquer Podcast

Êtes-Vous Trop Gentil ?

Êtes-vous trop gentil ?

C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet épisode.

Podcast Êtes-Vous Trop Gentil ?

Version Texte

Lorsque j’étais jeune, on me qualifiait souvent de « gentil ».

Je n’aimais pas ça, car j’associais cela à l’idée d’être quelqu’un de peu intéressant, peu excitant, peu désirable.

La pire chose au collège, c’était lorsqu’une fille qui me plaisait disait : « Moutassem ? Ça va …. il est gentil. »

Aie !

Mais, avec les années j’ai découvert qu’être gentil offrait de grands bienfaits. Et si vous n’aimez pas le terme gentil, on peut le remplacer par bienveillant.

BIENFAITS PERSONNELS

Être bienveillant, attentionné, gentil fait du bien. Que cela soit des petits actes de gentillesse (tenir la porte, ramasser un objet tombé, sourire en premier) ou des actes plus grands (consacrer du temps à une personne en besoin, faire preuve de générosité), exprimer de la bienveillance alimente notre propre bonheur.

Une étude faite par une équipe de chercheurs japonais et américains et ayant porté sur 175 participants a révélé que les actes de gentillesse favorisaient la perception de joie et de bien-être.

Poser des actes de bienveillance nous fait du bien, mais pas seulement. Cela fait aussi du bien aux autres et à la communauté.

BIENFAITS SOCIÉTAUX

Une étude faite à Vancouver au Canada et ayant porté sur des écoliers âgés de 9 à 11 ans a montré que les actes de gentillesse favorisaient la cohésion du groupe.

Les écoliers faisant preuve de gentillesse étaient davantage appréciés par le reste du groupe. Selon les chercheurs, cette « acceptation sociale par ses pairs » est essentielle pour le bien-être de l’individu.

Être bienveillants nous fait du bien et fait du bien au groupe.

Pourquoi alors la gentillesse a-t-elle si mauvaise presse? Pourquoi perçoit-on cette qualité comme une faiblesse?

LE NÉGATIF A PLUS DE POIDS QUE LE POSITIF

C’est une question de survie.

D’une manière instinctive, on a tendance à donner plus d’importance à ce qui peut nous mettre en danger qu’à ce qui nous fait du bien.

On peut avoir l’idée qu’être gentil c’est risquer de se faire avoir, de se faire marcher dessus, de ne pas être respecté.

Ces éléments négatifs ont plus de poids émotionnellement que la satisfaction procurée par les actes de bienveillance.

C’est pourquoi on fait attention à ne pas être « trop » gentil même si c’est notre penchant naturel.

Mais comme on l’a vu quelques lignes au-dessus, faire des actes de bienveillance favorise notre bien-être et le vivre ensemble.

Comment alors laisser libre court à notre bienveillance sans se laisser freiner par l’idée qu’être gentil ce n’est pas bon pour nous ?

DISCERNER LA BIENVEILLANCE DE LA RECHERCHE D’APPROBATION

Voilà une question simple à se poser et qui va aider à dépasser le biais négatif associé à la gentillesse.

Est-ce que je ressens de la joie lorsque je fais cet acte de gentillesse?

Imaginez-vous tenant la porte ouverte à personne surchargée de sacs de courses. Elle presse le pas pour ne pas vous faire attendre, et son regard témoigne son appréciation. Comment vous sentez-vous alors? Bien, n’est-ce pas?

À chaque fois que l’on surprend agréablement une autre personne, on ressent aussi de la satisfaction.

À l’opposé de cela, imaginez-vous que vous acceptez de faire quelque chose dont vous n’avez pas envie pour éviter un conflit, par peur de ne pas être écouté, par habitude, par désintérêt…

Vous allez alors ressentir du ressentiment (si vous avez l’impression qu’on vous force la main), un manque d’estime, un sentiment d’impuissance, de l’agacement, peut-être de la colère.

Dans tous ces cas, on est loin du feel good que l’on ressent lorsque l’on fait spontanément un acte de bienveillance.

En d’autres termes, si vous ressentez de la joie en posant votre acte, c’est de la bienveillance.

Alors que si vous ressentez un conflit intérieur, que vous avez peur d’être trop gentil, ce n’est pas de la bienveillance, c’est un besoin d’approbation, une peur de s’exprimer librement.

Cette simple question, « est-ce que je ressens de la joie lorsque je fais cet acte de gentillesse? », vous aidera à déterminer la nature de votre acte.

Vous pourrez ainsi plus librement exprimer votre nature bienveillante (sans avoir peur qu’on abuse de cela). Vous serez alors plus heureux et vous rendrez les personnes autour de vous un peu plus joyeuses.

Catégories
La Compassion Podcast

Voir Au-Delà des Apparences: le Pouvoir de la Compassion

Écouter l’épisode Le Pouvoir de la Compassion

Version Texte

Dans le milieu des années 70, Tara travaillait dans une association qui aidait les plus démunis à se loger. À travers des syndicats de locataires, elle et ses partenaires, faisaient pression sur les propriétaires afin qu’ils gardent les loyers à des tarifs raisonnables et offrent des lieux de logements qui soient décents.

Un de ces syndicats de locataires était composé de familles habitant dans un immeuble détenu par un propriétaire connu pour son indécence et sa mauvaise foi. La porte-parole de ce syndicat, Denise, était une femme sûre d’elle et bien articulée. Elle travaillait dur pour galvaniser le groupe contre une importante augmentation des loyers qui risquerait de mettre beaucoup de famille à la rue.

Découvrir l’autre

À travers les nombreux mois nécessaires pour structurer le syndicat Tara et Denise sont devenues proches. Tara a dîné chez Denise, elle a joué avec ses enfants et elle était devenue familière avec les difficultés auxquelles Denise et sa famille devaient faire face. Leur appartement avait été vandalisé plusieurs fois, et il était presque impossible de garder dehors les rats et les cafards.

Le fils ainé de Denise était en prison. Un autre souffrait de dépendance à la drogue. Son mari était au chômage et endetté. Nourrir et habiller ses enfants, et chauffer la maison n’étaient pas toujours évident. Tara admirait l’implication de Denise dans le syndicat alors qu’elle avait déjà tant à faire chez elle.

Une note sous la porte

2 jours avant qu’une « grève des loyers » soit cordonnée, Denise a laissé sous la porte de Tara une note lui disant qu’elle quittait le syndicat. Tara était surprise et déçue, mais elle avait une bonne idée de ce qui a pu se passer. Tara savait qu’il arrivait souvent qu’un propriétaire soudoyât l’un des locataires pour faire capoter un projet. Et en effet, Denise avait été « achetée » par l’offre d’une nouvelle serrure, d’un break sur ses loyers, et d’un job à mi-temps pour son fils.

Les autres locataires, se sentant trahis et démoralisés, ont appelé Denise une hypocrite et une vendue. Ils changeaient de trottoir pour éviter de la croiser. Ils ne laissaient plus leurs enfants jouaient avec les siens. Elle était devenue une paria.

Ce n’était pas la première que Tara rencontrait ce genre de situation. Et lorsque c’était arrivé dans le passé, elle en avait voulu au « traitre », car cela affectait tout le monde.

Connaître c’est aimer

Mais avec Denise, c’était différent. Tara savait à quel point Denise essayait d’aider sa famille. Elle avait ressenti le degré d’anxiété auquel Denise devait faire face et son besoin d’amour.

Si nous pouvions lire l’histoire secrète de nos ennemis, nous pourrions trouver en chaque personne suffisamment d’inquiétude et de souffrance pour désarmer toute hostilité.

– Henry Longfellow, Poète américain, 1807-1882.

Tara connaissait les souffrances et les espoirs de Denise. Elle tenait à elle.

Si Tara pouvait ressentir de la compassion envers Denise, son ressenti envers les propriétaires, c’était une autre histoire. Elle les considérait comme étant de « mauvaises » personnes.

Le grand méchant homme blanc

Quelques années après l’épisode avec Denise, Tara a eu la parfaite occasion de faire face à l’une de ces « mauvaises personnes » et voir ainsi plus en profondeur. L’une des amies de Tara connaissait un homme d’affaires à la tête d’une grosse entreprise. Il voulait organisait dans sa boite un stage de pleine conscience. Il fût décidé une rencontre au déjeuner pour que Tara puisse parler à l’homme d’affaire de son programme de méditation.

L’homme d’affaires correspondait au stéréotype de Tara du riche homme blanc qui abusait et opprimait les plus faibles. Il avait été poursuivi en justice pour systématiquement avoir bloqué l’ascension des femmes dans sa société. Il discriminait surtout les femmes d’origine africaine. Tara accepta à contrecœur de le rencontrer, et elle s’attendait au pire.

Elle voulait qu’il soit heureux

Cependant, à leur déjeuner, Tara nota que cet homme était avant tout un … humain. Au début de leur rencontre, l’homme d’affaires se vanta un peu, et Tara pouvait voir qu’il cherchait à être apprécié. Elle apprit que la mère de cet homme a eu un triple pontage cardiaque quelques semaines auparavant. Son ainé souffrait d’un diabète de type I, et les week-ends, sa femme lui demandait de jouer davantage avec les enfants. Il expliqua à Tara qu’il les aimait plus que tout, mais qu’à chaque fois des importants coups de fil l’empêchait d’apprécier les barbecues, les jeux de pingpong ou les séances vidéos en famille.

Il se demandait si la méditation de pleine conscience pouvait l’aider à relaxer alors qu’il était tant sollicité. Tara savait qu’elle et cet homme étaient certainement en désaccord sur la plupart des dossiers politiques et de sociaux. Mais elle l’aimait bien et elle voulait qu’il soit heureux.

Ayant médité la douceur et la compassion, j’ai oublié la différence entre moi et les autres.

– Milarepa

Voir qui est vraiment face à nous

Même si l’on n’aime pas une personne, voire ses vulnérabilités, va nous permettre de lui ouvrir notre coeur.

On peut être en désaccord avec elle. On peut ne jamais vouloir l’inviter chez soi.

Cependant, nos impressions et nos opinions ne devraient pas nous empêcher de voir que, comme nous, cette personne ne veut pas souffrir et aspire à être heureuse. Lorsque nous voyons qui est vraiment face à nous, nous pouvons entrevoir un peu de leur « histoire secrète », et alors ressentir une compassion naturelle envers eux.

Une belle continuité à cet article est le poème de Khalil Gibran sur l’indignation.

tara brachTara Brach pratique et enseigne la méditation dans la tradition bouddhiste depuis plus de 35 ans. Elle est l’auteur de Radical Acceptance: «Embracing Your Life With The Heart Of Buddha », 2003.

La version texte du post initialement publiée en février 2015

Catégories
La Compassion Penseurs et Visionnaires

Une matinée avec le Dalaï-Lama

Pico Iyer, voyageur et écrivain, a côtoyé le Dalaï-Lama durant ces 30 dernières années. Il a visité de multiples fois le célèbre chef spirituel dans sa maison en exil. Dans The Open Road: The Global Journey of the Fourteenth Dalaï-Lama, Pico Iyer décrit à quoi ressemble une journée dans la vie du Dalaï-Lama en commençant par le matin:

À 9 heures du matin… le Dalaï-Lama est lui déjà debout depuis plus de 5 heures, se réveillant, comme tous les matins, à 03:30. Il passe les premières 4 heures de sa journée à méditer sur les racines de la compassion et sur ce qu’il peut faire pour son peuple, pour « ses frères et soeurs chinois » qui tiennent son peuple en otage, et pour le reste du monde, tout en se préparant aussi à sa mort.

Le Dalai-lama en méditation dans sa maison au Dharamsala (Inde)
Le Dalai-lama en méditation dans sa maison au Dharamsala (Inde)

En plus de méditer sur la compassion, le chef spirituel passe une partie de sa matinée à s’informer sur l’état du monde. Dans la tradition bouddhiste, le Dalaï-Lama « explore le monde de près, pour en comprendre ses lois, et pouvoir ainsi voir ce que peut ou ne peut pas être fait dans les limites de ces lois. » Il utilise les médias de tous bords. Pico écrit:

En tant qu’étudiant de la vie, chef de son peuple avant l’âge de 5 ans, il écoute tous les matins Voice of America, la BBC East Asian Broadcat, la BBC World Service – parfois en méditant – et il dévore les magazines Time et Newsweek.

Si le Dalaï-Lama s’expose volontiers à toute cette information, il fait preuve de discernement et reste vigilant face à l’approche souvent biaisée des médias. La loi d’interdépendance chère au bouddhisme lui rappelle qu’il n’y a ni gentils ni méchants, que nous sommes tous interconnectés.

Pico écrit que le Dalaï-Lama considère que:

… nous faisons tous partie d’un même corps, et penser « moi » et « toi », c’est comme penser que l’intérêt de la main droite est différent de celui de la main gauche. Il est fou de vouloir entraver son voisin, car il fait partie intégrante de votre bien-être.

Le Dalaï-Lama consacre donc sa matinée à méditer sur la compassion, et sur comment contribuer à améliorer ce monde où tout est connecté et interdépendant. Mais, comme le note Pico, il sait que la solution aux problèmes du monde n’est pas extérieure, car elle ne peut que venir de l’intérieur de chacun d’entre nous. Pico écrit:

Les bouddhistes ne recherchent pas de solutions à l’extérieur d’eux-mêmes, mais simplement à s’éveiller intérieurement. L’instant où nous réalisons que nos destinés et notre bien-être sont mutuellement dépendants, le reste apparait naturellement (la méditation permet parfois à atteindre cette réalisation, et la réflexion permet de la consolider). Si vous croyez cela, la vie vous donnera l’occasion d’avoir beaucoup plus de moments d’éclats de rire, comme le Dalaï-Lama en est la preuve.

Le Dalaï-Lama est célèbre pour ses éclats de rire. ici à Haridwar (en Inde lors de la Kumbh Mela) avec un sage indien. David Ducoin (c)
Le Dalaï-Lama est célèbre pour ses éclats de rire. ici à Haridwar (en Inde lors de la Kumbh Mela) avec un sage indien. David Ducoin (c)

Le rituel matinal du Dalaï-Lama est une belle source d’inspiration. Il nous rappelle l’importance de cultiver la compassion.

Dans la continuité de cet article, je vous recommande de lire l’article sur le Bouddhisme Engagé.

Sources et référencesbrainpickings.org  / source image du Dalai-Lama dans sa maison: thesunbehindtheclouds.com / source image du Dalai-Lama en plein rire: David Ducoin

Catégories
Comment Méditer Podcast

Méditer sur l’Amour Altruiste

Les bienfaits de ressentir l’amour altruiste

amour altruiste

Selon le bouddhisme, exprimer la compassion et la bienveillance représente la manière d’être la plus satisfaisante qui soit. Certaines personnes ressentent spontanément un amour altruiste pour autrui, alors que d’autres personnes restent repliées sur elles-mêmes et ont du mal à considérer le bien d’autrui comme un but fondamental. La plupart d’entre nous vacillent entre le sentiment de compassion et celui d’indifférence.

Découvrons comment cultiver l’amour altruiste selon la tradition bouddhiste.

Comment méditer sur l’amour altruiste ? La première étape consiste à prendre conscience qu’on aspire au bonheur et que l’on redoute la souffrance. La seconde étape est de réaliser que tous les êtres partagent ces aspirations. Ensuite, c’est de réaliser que ce qui nous rendra le plus heureux et nous empêchera de souffrir, c’est de développer en nous l’amour altruiste, la compassion et la joie devant le bonheur d’autrui.

Méditer sur l’amour altruiste

Installez-vous confortablement sur une chaise ou sur un coussin de méditation. Commencez par prendre conscience du flot de la respiration. Ressentez la fraîcheur de l’air en inspirant et les mouvements de l’abdomen et de la poitrine. Au bout de quelques cycles respiratoires, imaginez un enfant qui s’approche de vous avec un regard joyeux et plein d’innocence. Il vient poser sa petite main sur votre épaule. Vous lui caressez sa joue avec tendresse et le prenez dans vos bras en ressentant un amour et une bienveillance inconditionnels. Laissez-vous baigner dans cet amour qui ne veut rien d’autre que le bien de cet enfant.

Méditer sur la compassion

Vous pouvez également méditer sur le sentiment de compassion. Pensez à un proche (ça peut être une personne de votre passé) qui souffre ou a beaucoup souffert. Mettez-vous à sa place. Connectez-vous à  sa douleur, à ses inquiétudes et à ses peurs. Il se peut que vous ressentiez un sentiment d’angoisse et d’impuissance. Maintenant, permettez-vous de ressentir l’amour que vous avez pour cette personne.  Imaginez-vous prendre cette personne dans vos bras pour la réconforter. Remplacer votre tristesse pour elle par votre amour pour elle. Souhaitez du fond du cœur qu’elle cesse de souffrir.

Méditer sur la réjouissance

Dans cette méditation, vous allez penser aux personnes qui vous ont touché par leur courage et leur bienveillance. Cela peut être une personne à qui vous avez fait du mal, mais qui n’a envers vous aucun ressentiment. Cela peut être une personne que vous admirez pour sa dévotion envers les autres, ou encore une personne qui a du succès dans la vie, mais qui est restée humble et accessible. Réjouissez-vous de leur accomplissement et souhaitez que leur qualité demeure et s’accroisse. Cultivez la faculté d’apprécier la joie d’autrui. Cela constitue le meilleur remède contre l’envie et la jalousie qui sont des sentiments qui reflètent l’incapacité à se réjouir du bonheur des autres.

 amour altruiste ricard

Ces 3 méditations vont nous aider à réveiller l’amour altruiste que l’on porte en nous. Lorsque l’on est dans cet état d’ouverture, on est pleinement présent. Selon la tradition du bouddha, se reconnecter régulièrement à la compassion et à l’amour va graduellement nous libérer de la souffrance.

Essayez de méditer sur l’amour altruiste et partagez votre expérience.

Découvrez plus d’article sur Comment Méditer.

L’Art de Méditer de Matthieu Ricard.