Dans cet épisode on va découvrir ce qu’est le STRESS SOCIAL.
Pour cela, on va faire un voyage dans le temps, 100,000 ans en arrière.
Vous allez découvrir comment nos ancêtres ont quitté la savane africaine pour devenir les maîtres du monde. Et comment, pour y parvenir, l’un des prix à payer fut l’émergence du stress social.
Deux réponses viennent habituellement à cette question : diminuer les sources de stress et/ou augmenter les raisons de ressentir de la joie.
Pour diminuer le stress, on peut par exemple apprendre à mieux communiquer avec ses collègues de travail. Et pour augmenter la joie, on peut s’organiser pour passer plus de temps sur un projet qui nous tient à coeur.
Dans ces deux cas, la perception de bien-être devrait augmenter.
Et s’il y avait un moyen plus rapide et plus efficace d’augmenter le bien-être, sans besoin de changer grand-chose à son quotidien ou à son emploi du temps. Et je ne parle pas, d’avaler des petites pilules colorées (bien que parfois, ça peut aider).
Dans cet épisode, je présente une voie directe pour augmenter la qualité de notre vie. Vous connaissez déjà cette voie. Mais, c’est utile, pour nous tous, de le réentendre encore et encore.
Dans cet épisode, vous allez découvrir :
Le point commun à toutes les expériences négatives.
Le point commun à toutes les expériences positives.
Comment transformer votre ressenti, sans avoir besoin de changer vos circonstances de vie.
Des questions, des observations ? Participez à la discussion en laissant un commentaire ci-dessous.
La position de méditation immobile peut devenir douloureuse. Vous avez peut-être expérimenté cela: après un moment de méditation, une tension apparait dans une partie de votre corps (genou, cheville, dos…); cette tension se transforme en douleur.
La douleur kidnappe alors votre attention. Et les pensées du type « ça fait mal, combien de temps ça va durer encore, je crois qu’il faut que je bouge, etc » viennent perturber votre concentration.
La première étape consiste à s’assurer que vous êtes installé dans une posture qui vous convienne: la bonne hauteur au niveau de l’assise permettant une bonne position du bassin, les genoux et les chevilles pliés dans une amplitude en accord avec votre souplesse, pour ne citer que ces deux points.
En règle général si la posture est douloureuse dès les premières minutes de la séance, c’est qu’elle ne vous convient pas ou qu’elle doit être ajustée.
Cependant, si vous commencez à ressentir des tensions ou des douleurs après une dizaine de minutes, cela est normal. Dans cet épisode, qui est un extrait tiré du livre Apaiser l’Esprit, vous allez voir comment gérer la douleur lorsqu’elle apparaît durant une séance de méditation.
Dans la série Apaiser l’Esprit, on va découvrir dans cet épisode ce que la recherche scientifique nous apprend sur l’effet de la méditation sur le stress.
La méditation pour se libérer du stress sous le regard de la science
Une récente étude financée par le National Institutes of Health (E.U.A.) et publiée dans la revue Psychiatry Research a porté sur l’effet de la méditation sur le stress. 89 participants souffrant de la tendance à s’inquiéter de façon excessive (anxiété généralisée) ont été répartis au hasard dans 2 groupes: un groupe suivant un programme de méditation de pleine conscience pendant 8 semaines, et l’autre groupe suivant un cours de gestion du stress (conseils sur l’alimentation, les habitudes de sommeil, et autres sujets liés au mieux-être) pendant la même durée.
Avant et après le programme, les participants ont fait un test de stress social (Trier Social Stress Test) mettant les participants dans des situations inconfortables comme prendre la parole devant un public. Un examen sanguin a également été fait pour mesurer des marqueurs de la réponse de stress: les protéines inflammatoires IL-6 et TNF-alfa et l’hormone ACTH. Le but des chercheurs était de tester la résilience, c’est-à-dire la capacité à gérer les situations stressantes.
Après les 8 semaines, les participants furent à nouveau exposés à des situations stressantes et les chercheurs ont prélevé de nouveaux échantillons sanguins pour comparer les résultats.
Méditer développe une plus grande résistance au stress
Dans le groupe cours gestion du stress, la réponse de stress était sensiblement plus importante peut être du fait d’avoir à subir le test de stress une seconde fois. Mais dans le groupe méditation les marqueurs biologiques étaient considérablement réduits et les participants ont noté une réduction de la sensation de stress.(1) Ce que cette étude a révélé, c’est qu’après 8 semaines de méditation, la réponse de stress face à une situation inconfortable avait diminué. Si cette étude a montré les bienfaits de la méditation à travers des marqueurs sanguins, d’autres recherches ont évalué l’effet de la méditation sur le fonctionnement du cerveau.
Méditer modifie la structure du cerveau
Une étude(2) conduite à l’université du Wisconsin-Madison indique que la pratique de la méditation réduit la densité de la matière grise dans certaines parties du cerveau responsable des sentiments d’anxiété et du stress.
Les participants ont développé une meilleure capacité à être présent aux stimuli auxquels les chercheurs les exposaient. La pratique de la méditation a permis aux participants d’être plus attentifs à leurs ressentis et à leurs réflexions mentales. Cela a réduit la tendance à cogiter et avec elle les sentiments d’inquiétude, de stress et d’anxiété.
La méditation réduit les stress psychologiques telles l’anxiété et la dépression
Dans une autre étude, des chercheurs à la John Hopkins University à Baltimore ont scruté des centaines de publications scientifiques sur la méditation. Ils ont trouvé 47 études cliniques traitant le sujet de l’anxiété et répondant aux critères scientifiques. Leurs conclusions ont été publiées dans JAMA IM (Journal of the American Association Internal Medecine): « la méditation aide à réduire les stress psychologiques tels l’anxiété et la dépression. »
Dre Elisabeth Hoge, psychiatre au Centre pour Anxiété et Stress Traumatique du Massachusetts General Hospital, note que la méditation de pleine conscience est un choix tout à fait logique pour traiter l’anxiété: « Les personnes souffrant d’anxiété ont une difficulté à gérer les pensées parasites. Elles ont du mal à différencier les pensées constructives qui abordent une situation ou un problème des pensées de type ruminations inquiètes qui elles n’aident pas. »
Si l’on se tourne vers les enseignements traditionnels, on découvre que les avis sont multiples. En effet, la méditation Vipassana préconise de méditer de préférence les yeux fermés, alors que dans la tradition Zen, les yeux restent légèrement ouverts durant la méditation.
Méditer les yeux ouverts
Le risque de méditer lesyeux fermés est de s’assoupir. Méditer les yeux ouverts permet de rester vigilant et attentif. De plus, selon certains enseignants, cela permet de mieux faire le lien entre la séance de méditation et la vie de tous les jours.
Voilà le témoignage de pratiquants de longues durées(1):
Greg note: « Je pratique Vipassana et je garde habituellement les yeux fermés. Cependant, j’ai pratiqué des marches méditatives avec le regard fixé, et d’autres formes de méditation avec mes yeux vers le bas avec un regard détaché. L’avantage de pratiquer parfois avec les yeux ouverts, c’est que cela semble permettre une meilleure connexion (une transition plus naturelle) entre la vie sur et en dehors du coussin de méditation. Si l’un des buts de la méditation est de développer un état de présence continu, méditer de temps en temps les yeux ouverts peut aider. »
Murali observe: « Il y a la tendance à rechercher uniquement un état de relaxation profonde lorsque l’on médite. Mais cela n’aide pas à développer la pleine conscience. Méditer les yeux légèrement ouverts permettra de rester pleinement attentif au présent. »
Pourtant pour beaucoup de personnes méditer les yeux ouverts semble plus difficile et moins naturel.
Méditer les yeux fermés
Selon Sadhguru(2), un enseignant de méditation, méditer les yeux ouverts est difficile, car la stimulation visuelle risque de distraire l’esprit. De plus, pour certaines personnes, tenter de garder les yeux ouverts crée une crispation malvenue surtout lorsqu’on commence la méditation. Fermer les yeux permet de plus facilement canaliser son attention sur le flot de la respiration.
Murdock note: « Pour moi la tendance à m’endormir est beaucoup plus importante lorsque j’essaie de méditer les yeux ouverts. »
Steve explique: « Je pratique le Zen, et dans le Zen garder les yeux ouverts est recommandé. Même si je comprends que cette pratique nécessite d’être attentif aux évènements externes et internes, j’ai remarqué que ma concentration était bien meilleure les yeux fermés. Avec les yeux ouverts, je me laisse distraire par les stimuli visuels. Je ne peux m’empêcher de laisser fuir le regard, et mes yeux ne sont pas détendus. Après 20 minutes, je sens une fatigue considérable dans les yeux. Avec les yeux fermés, je ne ressens pas l’envie de dormir, mais au contraire un fort état de concentration et de détente à la fois. »
Que choisir? Vous pouvez expérimenter avec les deux options. Si vous méditez les yeux fermés, les paupières sont fermées, comme lorsque l’on dort, sans crisper le front . Évitez de méditer les yeux fermés après un gros repas, car cela risque d’augmenter le risque de somnoler ou de rêvasser. Pour la même raison, attention à ne pas surchauffer la pièce dans laquelle vous pratiquez.
Méditer les yeux mi-ouverts nécessite de garder le regard bas posé à une distance entre 1 et 2 mètres. Le regard reste détaché et ne fixe rien en particulier.
Méditer les yeux fermés puis les ouvrir
Il est également possible d’alterner dans une même séance yeux ouverts et yeux fermés. Personnellement, je commence ma séance les yeux fermés. Cela me permet de revenir vers moi, et de graduellement m’installer dans un état de calme attentif.
Au bout d’une quinzaine de minutes, j’ai remarqué que mes yeux avaient une tendance naturelle à légèrement s’ouvrir. Sans rien perdre de ma connexion au moment présent et au flot de ma respiration, je continue à méditer avec les paupières à peine ouvertes. Il m’arrive parfois de refermer les yeux quelques minutes plus tard.
Lorsqu’on débute la méditation, faire une séance par jour est une bonne intention. Si certains jours, vous ressentez l’envie de faire une seconde séance, faites-la, mais n’en faites pas trop. Il y a parfois un phénomène de saturation chez les nouveaux méditants.
À trop vouloir en faire dès le début, on risque d’être déçu par la lente progression et se décourager. Tout comme pour la durée d’une séance, n’en faites pas trop, n’en faites pas trop peu. Mieux vaut commencer doucement, mais avec régularité. Prenez le temps d’intégrer vos séances à votre vie. Si cela veut dire méditer seulement 4 jours par semaine, soit. Commencez ainsi, mais avec l’intention de progressivement méditer au quotidien.
Quand méditer?
Il est utile d’établir un planning et de s’y tenir avec douceur et une ténacité patiente. Planifier des créneaux horaires pour méditer crée une bonne motivation. Cependant, si vous constatez que suivre le planning devient trop contraignant, n’hésitez pas à l’adapter aux demandes du quotidien. Méditer n’est pas une obligation ou un devoir.
Observez votre état d’esprit avant de méditer. Car il y a des chances qu’il affecte votre méditation. Si vous vous sentez pressé, vous risquez de trouver la séance longue et difficile. Choisissez donc un moment dans la journée où vous êtes dans les meilleures dispositions. Le matin au réveil est pour beaucoup de personnes un bon moment pour méditer. L’esprit est frais et encore libre des soucis de la journée. De plus, faire une méditation matinale nous recharge et nous permet de mieux affronter les demandes de la journée.
Par contre, il faut être sûr d’être bien réveillé pour progresser dans sa pratique. Car si vous êtes encore à moitié endormi la qualité de la méditation sera moindre. Méditer en soirée offre aussi des bienfaits. Le mental qui est plein peut ainsi se ressourcer et favoriser une bonne nuit de sommeil. À vous d’expérimenter différents moments dans votre journée pour découvrir celui qui vous convient le mieux.
Essayez de trouver un endroit au calme où vous pourrez être seul: un lieu où vous vous sentez bien, à l’abri du regard des autres. Au début de sa pratique, on a besoin de toute son attention pour méditer, et mieux vaut éviter d’être dans une pièce où l’on va s’inquiéter de l’image que l’on donne aux autres. La pièce doit être aérée et pas trop chauffée, car cela risque de favoriser la somnolence.
Essayez de trouver un endroit aussi silencieux que possible. Vous n’avez pas non plus besoin d’être dans une pièce totalement insonorisée, mais il faut éviter les bruits les plus dérangeants; des personnes qui discutent à côté, ça va être particulièrement gênant pour la concentration. On va essayer de trouver un endroit au plus loin des distractions. Si cela n’est pas possible, vous pouvez considérer l’utilisation de bouchons d’oreilles ou d’un casque de réduction sonore. Puis avec la pratique, lorsque la concentration sera renforcée, vous pourrez méditer sans. Tout comme Drew, méditant depuis plusieurs années, l’explique:
« J’ai utilisé des protections auditives lorsque j’ai commencé à méditer, et cela pendant un certain temps. J’étais facilement agité et un rien m’irritait. J’habitais dans un quartier où un immeuble était en travaux et mon voisin avait un oiseau qui n’arrêtait pas de crier. Plus j’ai médité, et plus ma tolérance au bruit s’est améliorée, même lorsque des personnes discutaient pas loin de moi. Hier, je suis allé m’asseoir une demi-heure dans un parc pour méditer. Beaucoup d’enfants jouaient, il y avait des barbecues, des mouettes bruyantes, et malgré cela, je restais assis sans ressentir aucune forme d’agitation. Le calme se trouve en soi et non pas à l’extérieur, mais l’on doit développer suffisamment de pratique pour pouvoir ressentir cela. Oui, vous pouvez utiliser des bouchons d’oreilles au début jusqu’au jour où vous ressentirez naturellement le besoin de vous en séparer. »
Bougie et encens
Une pièce sombre éclairée d’une bougie, de l’encens qui brûle, le son d’une clochette pour débuter la séance… tout cela peut apporter un plus, mais n’est pas indispensable à la pratique.
Créer son coin méditation
Une fois que vous avez trouvé un endroit qui vous convient, faites en votre coin méditation. Vous allez très vite associer cet endroit avec un sentiment de tranquillité et de concentration profonde, et cette association vous aidera à plus rapidement vous installer dans votre méditation.
Voilà quelques rappels et points supplémentaires à considérer pour favoriser le bon déroulement de votre séance de méditation.
Apaiser l’esprit pour vivre davantage le moment présent.
Est-il possible de se libérer du stress?
Peut-on arrêter les ruminations mentales qui entretiennent l’anxiété?
Enfin, est-il possible de maintenir un état de calme et de confiance malgré un quotidien chargé et plein d’imprévus.
Ce sont les questions que je vous invite à explorer dans ce livre.
Vous allez y découvrir:
– Pourquoi le stress est si présent,
– Ce qu’est le stress social et son impact insidieux sur votre vie,
– Pourquoi le mental seul ne peut pas gérer l’anxiété, et
– Le rôle de la méditation de pleine conscience pour apaiser l’esprit, ne plus stresser et retrouver la sérénité.
Dans la première partie de cet ouvrage, seront présentés les mécanismes du stress et l’on verra pourquoi c’est devenu si difficile de s’en libérer. Vous verrez comment les remèdes habituellement employés pour gérer le stress ne font en réalité que l’aggraver. On mettra en lumière la mauvaise habitude à comprendre et à dépasser pour ne plus subir le stress chronique.
Dans la seconde partie du livre, vous allez découvrir comment méditer pour ne plus stresser. Vous apprendrez comment vous installer correctement, comment organiser vos séances et comment renforcer la concentration.
Vous verrez que la pratique de la méditation offre bien plus que des parenthèses de relaxation et de bien-être. Méditer renforce les parties du cerveau nous permettant de rester dans le moment présent. Cela diminue la tendance compulsive à ruminer, à se projeter dans le futur ou à ressasser le passé. Méditer régulièrement élargit notre zone de confort émotionnel et nous permet de maintenir un état de calme et de confiance.
12 minutes par jour de méditation suffisent à se libérer du stress. Ce livre vous montre comment faire.
Chapitre 1:Retrouver de la sérénité
« Le vrai bonheur est dans le calme de l’esprit et du coeur. » – Charles Nodier (auteur et libraire français, 1780-1844)
« Retrouver de la sérénité »
C’est la réponse qui revient le plus souvent lorsque je pose la question « Qu’est-ce qu’il vous faut pour être bien aujourd’hui? »
De 2001 à 2006, j’animais des ateliers santé dans mon cabinet à Cannes, dans le sud de la France. Une fois par semaine, en début de soirée, des patients et leurs invités assistaient à une présentation pour découvrir des conseils santé et bien-être. Cela commençait habituellement par cette question: « qu’est ce qu’il vous faut pour être bien aujourd’hui? »
Je me souviens de l’un de ces ateliers et particulièrement de l’une des participantes.
Qu’est-ce qu’il vous faut pour être bien aujourd’hui?
En ce mois d’avril, le temps commençait à se radoucir, mais les soirées étaient encore fraiches. Malgré la température extérieure, les fenêtres restaient grandes ouvertes.
Quelques minutes avant les premiers venus, on avait fait brûler de l’encens au Jasmin qu’un patient avait ramené d’Inde. Mauvaise idée. Le puissant parfum envahissait maintenant les narines des personnes présentes, en faisant tousser certaines et pleurer d’autres. Les plus sensibles se mirent aux fenêtres et les autres s’installèrent sur les chaises leur veste encore sur le dos.
Je m’excusais du désagrément, et en attendant que l’air devienne plus respirable et que la chaleur revienne, je m’adressais au petit groupe assis devant moi. Je leur demandais quel était, pour eux, l’élément essentiel pour pouvoir se sentir bien?
Mathilde leva en premier la main. Maman célibataire de 3 enfants (deux filles âgées de 9 et 12 ans et un petit garçon de 4 ans), elle suivait avec moi des soins chiropratiques pour des douleurs chroniques aux cervicales. Souriante, les cheveux frisés mi-court avec quelques mèches violettes, elle portait ce jour là des chaussures bardées de petits pois multicolores. Malgré son apparente jovialité, elle répondit que pour elle, être bien, c’est de ne plus ressentir cette sensation oppressante de stress continu.
L’impression d’être dans une machine à laver
S’occupant seule de ses enfants, Mathilde travaillait à mi-temps et elle avait repris un atelier de poterie à Vallauris en espérant pouvoir vivre un jour de ses créations. « J’ai parfois l’impression d’être dans une machine à laver, à être ballotée dans tous les sens! J’ai tant à gérer. Je n’arrive pas à prendre du temps pour moi. Je subis complètement ma vie. »
Mathilde se sentait dépassée et parfois écrasée par les demandes du quotidien. Elle reconnaissait que les forts courants de sa vie n’allaient pas se calmer dans le futur proche, que le lendemain et les jours qui suivront, il lui faudrait encore gérer son tumultueux petit monde.
Cependant, Mathilde avait conscience que le principal élément sur lequel elle pouvait agir pour retrouver un peu de sérénité était sa perspective des évènements. Elle avait compris, à travers l’expérience, que sa façon de voir ce qui lui arrivait pouvait accroitre ou diminuer son stress. Si elle ne pouvait pas changer les contraintes et les demandes extérieures, elle espérait au moins pouvoir agir sur son monde intérieur pour mieux gérer son stress.
Le souhait que Mathilde avait partagé, je l’ai entendu, encore et encore, tout au long de ces ateliers. Peut-être partagez-vous la même demande?
Mieux gérer le stress du quotidien
Vous aspirez à plus de sérénité. Vous aimeriez moins subir cette agitation interne, cette sensation de perte de contrôle, de course en avant. Vous aimeriez pouvoir vous poser plus souvent, récupérer en profondeur, retrouver les sensations de calme et de paix intérieure.
Cependant, vous ne voyez pas, dans le futur immédiat, de possibles changements dans vos circonstances de vie: votre travail, vos relations, vos responsabilités, et le manque de temps et d’énergie seront encore là.
Vous ressentez qu’en « travaillant sur vous même » vous pourrez peut-être mieux gérer le stress, ou du moins, moins ressentir sa présence oppressante. Et vous vous dites que la méditation pourrait vous aider; que cette pratique vous permettrait d’avoir des parenthèses de sérénité.
Je vous comprends, car je me suis posé ces mêmes questions. Si pendant longtemps j’ai gardé une distance avec ces questions en les posant surtout aux autres, l’importance d’y répondre a fini par se faire ressentir.
Comment gérer son stress? Comment retrouver de la sérénité? 9 ans après mon échange avec Mathilde lors de cet atelier santé à Cannes, c’est avec urgence que j’essaierais d’y répondre.
Chapitre 2
Le début d’une quête
“Une quête commence toujours par la chance du débutant. Et s’achève toujours par l’épreuve du conquérant.” – Paulo Coelho (l’Alchimiste)
Je pressais le pas sur le chemin du retour vers le cabinet. Ce n’était pas à travers les rues de Cannes que je déambulais, mais celles de Beyrouth au Liban. Cela faisait 8 mois que j’avais quitté la France pour ouvrir un nouveau cabinet dans la capitale libanaise. Une succession d’évènements et de rencontres m’avaient conduit à m’installer dans le pays où j’étais né, mais où je n’avais vécu que mes 3 premières années.
La démarche de faire découvrir une autre approche de la santé, la chiropratique, à mon pays d’origine était stimulante. L’énergie du renouveau me portait. J’avais la sensation de vivre une nouvelle aventure dans cette ville dynamique surtout après avoir pratiqué 10 ans dans le même cabinet avec l’inévitable routine que cela avait entraîné.
La tour d’argent
J’arrivais finalement à l’entrée de ma tour d’argent. « The Silver Tower » s’affichait, en grandes lettres argentées, sur la façade de l’immeuble. En longeant le hall d’entrée, je croisais Hamid qui m’accueillit avec un « vite, vite, docteur, l’électricité va être coupée. » Pakistanais, au Liban depuis 5 ans, Hamid endossait les rôles de concierge, gardien d’immeuble, voiturier, ainsi que de plombier et d’électricien lorsqu’il y avait urgence. On avait vite sympathisé et je le retrouvais parfois sur le toit de l’immeuble pour boire un thé.
«Escaliers ou ascenseur, me demanda-t-il en commençant à ouvrir la porte des escaliers.
– Ascenseur. »
Il y avait le risque de se retrouver coincé si le courant était coupé à ce moment-là. Mais, fatigué et las, je n’avais pas le courage de monter les 5 étages à pieds. Hamid fit un petit penchement de la tête sur le côté, propre au Pakistan et à l’Inde, et me laissa m’engouffrer dans la cage en métal.
J’arrivais à mon étage avec soulagement. La coupure était prévue vers 18h30, mais cela pouvait varier de plus ou moins 30 minutes, au bon vouloir des fonctionnaires de la ville. La coupure durait 3 heures et cela se reproduisait tous les jours, mais à des horaires différents. Le pays gérait ainsi le manque d’électricité. Hamid nous communiquait les créneaux horaires à l’avance pour que l’on puisse s’organiser.
Pas d’électricité cela voulait dire pas de patients pendant ces 3 heures. J’avais pris l’habitude de prendre un carnet de papier et un livre et d’aller dans un des cafés du quartier pour profiter de leurs générateurs fonctionnant au mazout. Mais ce jour-là, je me sentais fatigué et peu motivé à l’idée de me retrouver dans un endroit bruyant.
L’enthousiasme du départ fut remplacé par un stress continu
10 mois après mon arrivée, l’enthousiasme et la nouveauté avaient laissé la place à un sentiment de stress continu. Rien ne semblait aller comme prévu. L’activité du cabinet avait subi de plein fouet la crise politique au Liban causée par le début de la guerre civile en Syrie. Le nombre de mes visites fut divisé par deux dès que les problèmes ont commencé. Les gens attendaient de voir ce qui allait se passer au niveau politique et économique, et cela n’était pas bon pour le travail.
Je m’étais installé dans ce bureau 4 mois auparavant. D’une surface de 70 m2 avec de hauts plafonds, il était divisé en un lieu pour vivre et en un espace pour recevoir les patients. Le bureau datant des années 70, sa décoration de l’époque, avec du bois laqué au mur, lui donnait un charme particulier. La pièce principale, grande de 30 m2, avait deux grandes baies vitrées permettant à la douce lumière d’orient de pénétrer tout l’espace.
Cependant, le plus grand plus de ce bureau était la profondeur de vue qu’il permettait. Face à l’immeuble se trouvait un grand terrain libre de constructions. Ce qui était extrêmement rare à Beyrouth où les immeubles s’alignaient serrés, côte à côte et les uns face aux autres.
Une grande école jésuite se trouvant à ce même endroit fut déménagée 30 ans auparavant. Il ne restait à présent que les arbres de l’époque et une végétation sauvage. Il circulait des rumeurs de la future construction d’un centre commercial, mais pour le moment, voir autant de verdure était une douceur pour les yeux.
« Clac! » annonça l’arrêt de la climatisation. Le courant était coupé me plongeant dans la pénombre. Il n’y avait pas assez de lumière pour lire ou pour faire quoi que ce soit de lié au travail. Je m’installai sur le fauteuil à roues de mon bureau et me poussai du pied pour me positionner au centre de la baie vitrée. La masse d’arbres se présenta devant moi. Sur la droite et la gauche, les immeubles ayant un générateur d’électricité étaient tachetés de lumières.
J’ouvris grand les fenêtres et me laissai tombé à nouveau dans le fauteuil. Le vacarme de la rue envahit l’espace. Le bruit de la circulation avec ses coups de Klaxon montait sans peine jusqu’au cinquième étage. Mais le boucan extérieur n’était rien comparé à celui dans ma tête. Mes pensées se succédaient et s’entrechoquaient essayant de trouver une solution.
Complètement bloqué
C’était la première fois que je me sentais aussi coincé. Ayant quitté un pays pour m’installer dans un nouveau, j’avais beaucoup investi dans ce nouveau projet de vie, en terme de temps, d’argent, et d’espoir. Et à ce moment, je ne savais pas si je voulais rester et persister ou bien plier bagage et repartir. Les sentiments d’échec et de déception s’installaient en moi. Côté coeur c’était aussi compliqué. J’aimais mon amie de l’époque, mais il semblait y avoir entre nous une incompatibilité de valeurs qui compliquait grandement la relation.
Chaque « solution » venait avec son lot de difficultés et de déchirures. Je me sentais bloqué ne sachant pas quoi faire. Et plus j’essayais de trouver une sortie à ma situation de crise, plus le stress augmentait et se transformait en oppression au niveau de la poitrine. Plus le mental s’activait et plus la confusion envahissait mon esprit.
Puis, quelque chose changea en moi, subtilement, mais profondément.
Le flot des pensées s’arrête et les sentiments de calme et de détente réapparaissent
Toujours sur la chaise, le regard vers le bas posé passivement sur le rail en métal de la fenêtre, je finis par lever la tête. Mon dos se redressa légèrement et mon regard se porta sur les immeubles au loin, au-delà du terrain maintenant plongé dans l’obscurité. Ma respiration s’approfondit et le flot de mes pensées s’arrêta. J’étais juste là, ce corps assis face à la vue. Je continuais à respirer sans rien chercher d’autre. J’ai dû rester ainsi une bonne demi-heure. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, je me sentais bien, détendu et sans inquiétudes. Cette même nuit, je dormis profondément et me réveillais le lendemain rafraichi et confiant.
Cette expérience, aussi contrastée fût-elle, ne me surprit pas. Je l’avais déjà vécue à de nombreuses reprises dans le passé. Ce qui changea cette fois-ci, dans cette tour d’argent, ce fut le sentiment que je ne voulais plus en arriver là. Je ne voulais plus passer des mois à stresser et à souffrir avant de finalement lâcher-prise. Je me sentais tellement mieux et bien plus apte à gérer les demandes du quotidien lorsque je n’étais pas sans cesse en train d’y penser.
Pourquoi attendre d’arriver à saturation pour lâcher prise? Est-il possible de rester dans cet état de calme? Si oui, que faire pour y arriver? Voilà les questions auxquelles je voulais répondre.
Je me souviens cette semaine-là d’avoir décidé d’activement rechercher comment maintenir cet état de présence et comment ne plus me laisser submerger par le stress. Pour l’avoir expérimenté, je savais qu’il était possible d’avoir des parenthèses de sérénité même lorsque les « problèmes » continuaient à frapper à la porte. Je voulais maintenant savoir si je pouvais durablement garder un pied dans cet état de calme dans les semaines, les mois et les années qui viendront.
La méditation: solution pour maintenir un état de calme?
Je pressentais alors que la méditation pouvait être la solution pour maintenir un état de calme et pour mieux vivre les situations stressantes. L’envie d’étudier et de pratiquer cette approche s’imposa à moi.
Ce que je ne savais pas à l’époque, mais que je peux voir maintenant avec le recul, c’est que j’ai commencé alors une quête personnelle ayant pour but de répondre à cette question:
Est-il possible de maintenir, en état de fond, calme et confiance malgré le tumulte et les imprévus de la vie?
Cette recherche qui a commencé au Liban, il y a maintenant 8 ans, m’a aidé à acquérir une stabilité de bien-être que je ne pensais pas être possible. S’il m’arrive encore aujourd’hui de stresser et d’avoir des hauts et des bas émotionnels, l’intensité du mal-être n’a plus rien à voir avec ce que je pouvais vivre avant d’avoir commencé cette démarche.
Les pages qui vont suivre sont le résultat de cette recherche.
Ce que vous allez découvrir dans ce livre
Nous allons découvrir s’il est réellement possible de se libérer du stress et cela d’une manière durable. Pour cela, on regardera au plus près les mécanismes du stress et ses conséquences sur notre vie et sur la société. Je vous parlerais du stress social qui se trouve au coeur du problème, mais dont la compréhension est aussi le début de la solution. On verra enfin pourquoi la méditation, avec seulement 12 minutes de pratique par jour, semble être si efficace pour réduire le stress.
Dans la seconde partie du livre, vous verrez comment pratiquer la méditation. Je présenterais l’objectif de cette technique millénaire, la position à adopter, et comment renforcer la concentration. On verra aussi comment organiser sa pratique et comment faire pour persévérer malgré les obstacles et les difficultés qui risquent de survenir.
Vous pouvez aller directement à la seconde partie pour commencer votre pratique. Cependant, je vous recommande de continuer ce chemin avec moi à la recherche de la réponse à la question: « Peut-on s’installer dans un état de sérénité indépendamment de ce qui se passe ou ne se passe pas dans sa vie? »
Votre mental est puissant et s’il n’a pas une bonne raison de consacrer au moins 12 minutes par jour à méditer vous aurez du mal à persévérer dans votre pratique. Plus vous comprendrez ce qui se passe réellement en vous et plus cela vous sera facile de vous libérer du stress.
Temps de partir
Avec le recul, je peux dire que cet épisode dans ma tour d’argent fût un tournant dans ma vie. Mais à l’époque, tout ce que je voulais c’était diminuer cet état de stress. Malgré le répit de cette soirée-là, la charge des soucis (travail, finances, amour) était encore bien présente.
5 mois après cette soirée je décidais de quitter le Liban, non pas pour la France, mais pour la Grèce. Je continuais à ressentir de l’agitation et de la tristesse, mais j’étais désormais dans une démarche pour me sortir de cet état de stress et de confusion. Ayant eu du temps de libre dû au ralentissement de mon activité au cabinet, j’avais commencé à lire et à écrire sur le sujet.
J’en étais arrivé à la conclusion qu’il était maintenant temps de partir, mais au lieu de revenir en France pour rouvrir un cabinet, je décidais de temporiser pour pouvoir poursuivre mes recherches. Je ne voulais pas me jeter à nouveau dans une direction sans être capable de voir clair en moi. Il fallait d’abord trouver un moyen de me libérer de cette agitation intérieure.
Santorin, une île en mer d’Égée, semblait être le bon endroit pour cela.