Parfois j’ai l’impression que mon être est en train de me tirer vers l’avant. Il veut aller plus vite. Il s’impatiente. Je ressens ce point de traction surtout au niveau de la poitrine.
Le coeur semble manquer d’espace et vouloir pousser vers l’extérieur. Il désire plus. Plus de rencontres, plus de succès, plus de confort… Et il est prêt à y aller sans moi.
Mais moi je reste là passif. Je suis juste témoin de cette force qui s’agite en moi. J’attends que cela passe.
Je reste là soucieux de respirer. Je sais que devant il n’y a rien de plus. Je sais que l’espace reviendra naturellement lorsque mon être sera à nouveau apaisé.
Chaque respiration semble caresser mon coeur qui finit par se calmer. Mais ce calme est seulement temporaire. Il suffit que je détourne mon attention du flot du souffle et que je me perde à nouveau dans le monde de la pensée, et alors, la passivité consciente, celle qui observe, se transforme en crispation.
Les ressentis du corps s’atténuent, et peu à peu je ne suis plus qu’une tête pensante. Jusqu’à ce que de nouveau mon coeur commence à gronder et me ramène aussitôt à la fragilité de mon être.
Le souffle se fraye un chemin jusqu’à ma conscience. Je le ressens maintenant animer mon corps. Mon coeur s’apaise à nouveau, mais n’est jamais dompté.