On se fait mal, une entorse, une déchirure, un hématome, et fout de suite après on culpabilise de s’être fait mal. « Pourquoi j’ai repris le sport? Pourquoi je n’ai pas fias davantage attention? Cela va m’empêcher de travailler. Je n’aurais pas dû! »
Cette expérience vous est familière? Cet épisode est pour vous.
Écouter l’épisode « Pourquoi On Se Sent Coupable d’Avoir Mal? »
Retranscription de l’épisode
Lorsque l’on se fait mal physiquement, il y a généralement 2 réactions: certaines personnes se sentent victimes « pourquoi ça m’arrive maintenant? Je n’ai pas de chance! » et d’autres personnes se sentent coupables.
Je fais partie du second groupe. Lorsque je me fais bien mal, ma première réaction, c’est que cela est ma faute. Je me dis ensuite je dois avoir quelque chose à corriger ou à changer.
Dans ma résidence il y a un demi-terrain de basketball. À chaque fois le soir, lorsque je rentre du travail, je passe devant le terrain et je peux sentir une agréable brise. Et à chaque fois je me dis il faut que je m’achète un ballon de basket!
Finalement, après comme même 4 mois de vie dans cette résidence, je m’achète un ballon le matin de mon jour de congé. J’attends impatiemment la fin de la journée (en journée à Bangkok il fait 35° et le terrain est en plein soleil) pour que la chaleur diminue.
À 18h00, je suis face au panier et prêt à tester mes talents de tireur. Ce que je constate très rapidement c’est que c’est plus dur que dans mes souvenirs de jeunesse. Je dois mettre un panier pour chaque 5 tirs.
Mais après une bonne demi-heure, cela se passe mieux. J’arrive à plus régulièrement les rentrer tant que je tire d’une position immobile. Et puis, je commence à devenir plus ambitieux: je cours, je saute et j’essaie des lancées dans tous les sens. À un moment je tire avec force le ballon qui tape sur le cerceau du panier et revient directement sur ma main gauche et tape sur mon index encore tendu.
Je l’entends craquer sous l’impact. Ma première pensée c’est « pouf, quel maladroit! Tout seul, je me débrouille pour me faire mal. »
Sur le coup la douleur n’a pas été importante, mais j’ai tout de même arrêté, car je sentais que je m’étais fait mal.
Je n’avais pas tort. 2 heures plus tard, mon index gauche faisait 2 fois la taille du droit et je ne pouvais pas le fléchir sans ressentir une forte douleur. Je m’étais fait une entorse légère, mais suffisamment handicapante pour affecter mon travail de chiro.
Et le timinig n’était pas bon. Car 2 jours plus tard, je devais travailler avec le directeur qui m’emploie et qui est à la tête des 9 cliniques chiropratiques. Et en plus, c’est un peu tendu entre nous, car mon approche des patients est différente de la sienne, et il me pousse à travailler davantage comme lui. Je me dis que ma blessure au doigt va me limiter dans ce que je peux faire.
En ayant toute cette réflexion, je culpabilise de m’être fait mal. Alors que ce n’est qu’un simple accident, je me dis c’est arrivé pour m’alerter d’un problème.
Il y a quelques années de cela, je m’étais intéressé de près au sens symbolique des douleurs, et depuis à chaque fois que j’ai mal quelque part, je me pose la question: qu’est ce que cela veut me dire?
Mais l’orientation de cette question est « Qu’est ce que j’ai fait de mal? Qu’est ce que je dois arrêter?»
Le problème avec ce type de question c’est que cela crée le sentiment de s’être trompé quelque part et avec ce sentiment une certaine inquiétude par rapport au futur.
En gros, je culpabilise de m’être fait mal, car cet accident est le résultat d’une erreur que j’ai faite ou que je suis en train de faire. C’est comme une punition pour avoir dévié du droit chemin.
En réalisant, le doigt pulsant de douleur, que mon langage interne nourrissait une certaine négativité en moi, je me suis dit pourquoi ne pas changer l’interprétation de cet accident.
Si au lieu de ressentir de la culpabilité d’avoir joué au basket, je me demandais plutôt en quoi cet accident va m’aider à persévérer dans ce qui est important pour moi.
C’est un simple changement de perspective. Au lieu de se dire « qu’est ce que j’ai fait de mal pour m’attirer cela? », on va se demander « en quoi cette situation va m’aider à persévérer dans ce qui m’est cher? »
Ce qui est fascinant avec le cerveau c’est qu’une fois qu’on pose une question, le cerveau va chercher et trouver une réponse.
Pour ma part j’ai pu trouver 2 bonnes raisons à cette blessure du doigt. Une au niveau professionnel et une au niveau personnel. J’ai pu voir comment cela va m’aider à clarifier mes priorités et à adresser certains sujets.
Au lieu de percevoir cette entorse comme un accident de parcours ou un douloureux rappel à l’ordre, j’ai choisi de voir cela comme un évènement constructif.
L’avantage, c’est que cela aide à mieux supporter les conséquences de l’accident. En orientant l’attention sur ce qui marche, sur ce qui nous réussit, plutôt que sur ce qui ne va pas, on se sent plus confiant.
Comme je le note régulièrement, lorsque l’on réfléchit à la qualité de notre vie on a tendance à surestimer les éléments extérieurs et à sous-estimer notre lecture de ces éléments.
Apprendre à s’observer, permet de découvrir des réflexes inconscients, comme celui de culpabiliser lorsque l’on a un accident, et de les transformer. Notre interprétation d’un évènement peut soit renforcer notre vitalité et notre confiance en soi, soit nous vider et nous faire douter.
Lorsque l’on identifie des habitudes de pensées néfastes, on peut alors en conscience les remplacer pour une lecture plus constructive des évènements.
Sur ce même sujet, je vous invite à écouter l’épisode du podcast « Ces 3 Questions Qui Sabotent la Confiance en Soi » où je parle des 3 questions que l’on se pose souvent inconsciemment et qui minent la confiance en soi. Vous pouvez retrouver cet épisode en allant sur le blog PLM, rubrique podcast du menu.
Pour revenir à l’épisode d’aujourd’hui…
La prochaine fois que vous vous ferez mal, au lieu de vous énerver contre vous même et de culpabiliser, essayez de vous demander en quoi cela va vous aider à persévérer dans ce qui est réellement important pour vous.