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Bienfaits de la méditation Podcast Société

Peut-On Libérer la Société de la Violence ?

Si la méditation était enseignée à tous les enfants de 8 ans sur la terre, nous ferions disparaître la violence en une génération.

Dalaï Lama

Podcast Peut-On Libérer la Société de la Violence ?

 

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Instagram, Révélateur De Qui Nous Sommes?

« Prenons des photos, mais surtout vivons pleinement l’expérience. »

Écouter l’épisode

À la fin des années 90, j’ai vécu dans l’East Bay en Californie du Nord. Les week-ends, je traversais le Bay Bridge pour profiter de San Francisco, une ville animée avec ses nombreux restaurants, bars, festivals et expositions.

J’allais souvent dans le Golden Gate Park qui en plus d’être un grand parc offrait en son centre le Young Museum. Créé en 1895, ce musée dédié aux beaux-arts, proposait et propose encore une grande palette d’expositions.

L’une des expositions les plus appréciées est Bouquets to Art. Pour cet évènement, des fleuristes créent des bouquets en réponse à des oeuvres d’arts (anciennes et contemporaines). Pour l’édition de cette année 2018, la 34e, le musée a dû faire face à un problème qui n’existait pas à l’époque de mon séjour: Instagram!

Depuis les récentes années, le Young Museum a reçu plus de mille doléances de personnes notant que l’utilisation excessive des téléphones portables par beaucoup de visiteurs a affecté leur expérience de l’exposition.

Une oeuvre de l’expo Bouquets to Art, 2018

Pour y faire face, le musée propose maintenant des créneaux « no photo please » de quelques heures par jour. C’est un compromis, la direction ne peut pas se permettre d’interdire tout le temps la prise des photos, car les réseaux sociaux sont devenus un moyen de faire connaître l’évènement, et de plus en plus de personnes viennent uniquement pour prendre des photos.

Prendre des photos à tout-va est devenu le nouveau normal

Dans une interview pour le Time magazine, Morgan Holzer, une trentenaire habitant San Francisco, note avoir été surprise par la furie autour des oeuvres. Les portables à la main, c’était une frénésie de clics. En approchant l’un des bouquets pour lire le descriptif, elle s’est sentie un peu coupable, car elle empêchait les autres de prendre une photo. Elle avait l’impression d’aller à l’encontre de la majorité pour qui la prise de photos et de selfies semble être devenue le nouveau normal.

Pourquoi n’arrive-t-on plus à simplement vivre l’expérience sans chercher à la capturer? Surtout que comme le note une étude publiée dans la revue Psychological Science, les personnes qui prennent des photos à une exposition plutôt que de simplement observer ont plus de difficulté à se rappeler ce qu’ils ont vu.

L’invasion des téléphones concerne tous les musées. Ici au Museum of Modern Arts (New-York) (photo: Joshua Bright)

Il semblerait que vivre l’expérience ne suffise plus. Il faut la capturer et la montrer aux autres. La raison pour cela c’est que l’on continue à dépendre de l’approbation des autres. Je dis continue car c’est un mécanisme qui commence durant l’enfance. Un enfant pour survire a besoin de l’attention et de l’amour de ses parents. Il va rechercher leur attention à travers les moyens qu’il a: les pleurs en tant que bébé, puis en grandissant, il va rechercher leur amour garant d’une attention bienveillante. Si ce besoin d’acceptation est naturel pour un enfant, il devient problématique lorsqu’il persiste à l’âge adulte.

Besoin d’approbation

Je rencontre souvent chez l’autre ce besoin d’approbation. Au lieu de vivre à partir de ses ressentis, on vit à partir de l’approbation de l’extérieur (la société, ses proches, son modèle familial, son ou sa partenaire de vie). On croit que l’on a besoin d’agir et d’être d’une certaine façon pour être apprécié et aimé.

Ce mécanisme inconscient est dû au fait que l’on n’est pas encore réellement passé à l’âge adulte. On continue à croire que l’on a besoin de l’approbation d’autrui pour exister. Cette transition incomplète trouve son origine dans une enfance où l’on a ressenti la peur de perdre l’amour de ses parents.

En effet, des parents peu présents, peu communicatifs, soucieux ou dépressifs, risquent malgré eux de créer un environnement où l’enfant perçoit un manque d’amour. Ils ont beau aimer leur enfant, la qualité de leur présence (physique et mental) est amoindrie plongeant l’enfant dans un état d’inquiétude. L’enfant va alors croire qu’il doit changer quelque chose en lui pour être aimé. Il va vouloir devenir quelqu’un méritant d’être aimé.

L’amour conditionnel

À ce jeune âge, l’identité continue à se construire, et le risque est de croire que pour être aimé (et par extension pour exister) il faut être et se comporter d’une certaine façon. Les ressentis internes sont mis de côté, et suivre les règles, faire plaisir, bien se comporter deviennent prioritaires. Lorsque l’amour des parents est perçu comme conditionnel – si je suis un bon garçon, je serais aimé – l’identité se structure à partir des règles extérieures.

Une fois adulte, ce mécanisme se traduit par la nécessité d’être une bonne personne pour pouvoir être aimé et être heureux. Être une bonne personne c’est se conformer à l’attente de l’extérieur. Au lieu de désirer, de communiquer et d’agir à partir de ses ressentis, la personne va agir à partir de ce qu’elle croit devoir faire pour être une bonne personne.

Au lieu de prendre appui en soi pour savoir ce que l’on aime et pour agir, on laisse l’extérieur déterminer nos envies et nos choix. L’extérieur c’est que la famille et la société attendent de nous.

Face à une oeuvre au musée ou à un beau paysage, au lieu de vivre pleinement l’expérience, on va préférer prendre une photo. Car on a intégré inconsciemment que le ressenti est secondaire, que l’important est comment le monde nous perçoit. On se focalise sur l’utilité de l’expérience (un moyen de se mettre en avant) plutôt que de la vivre dans le moment présent.

Ces images deviennent un moyen de montrer à soi et au monde qu’on est une « bonne personne »: une personne qui a réussi, qui est belle, qui a des amis, qui fait des choses intéressantes.

Pas assez bien?

Le problème avec cela c’est que lorsque l’on agit à partir de l’extérieur on ne sait plus ce que l’on veut réellement et on perd confiance en nos ressentis et notre intuition. On se compare aux autres et l’on renforce l’idée que l’on n’est pas assez bien tel que l’on est maintenant.

Cette nécessité d’approbation n’est pas un phénomène récent. Ce qui a changé c’est la technologie qui à travers les téléphones portables nous permet de tout capturer et à travers les réseaux sociaux de tout partager. Instagram et les réseaux similaires ont simplement rendu plus visible ce phénomène.

Prenons des photos, mais surtout vivons pleinement l’expérience. Ressentons à travers tout notre être ce que le présent nous offre. La satisfaction ne peut pas venir des autres ou de l’extérieur. Elle ne peut venir que de notre capacité à savourer le moment présent.

Note et réf. : Time, April 2018. Musique de fin du podcast: Thimar d’Anouar brham/Surman/Holland.

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La Quête Du Bonheur, Bientôt Terminée?

La fin du XX° et le début du XXI° ont marqué le début de l’ère du bonheur, ou du moins, de sa quête. Si aujourd’hui, cela semble naturel de vouloir améliorer son bien-être mental et émotionnel, cela n’a pas toujours était le cas, loin de là.

Comme on va le découvrir, cette quête du bonheur est très récente. Elle a été précédée par d’autres quêtes qui ont longtemps préoccupé l’humanité, mais qui ne sont plus aujourd’hui d’actualités. De même, comme on va le voir, il se peut que l’on trouve, dans un futur proche, le bonheur au niveau individuel. Quelle sera alors la prochaine quête de l’humanité?

C’est que l’on va explorer ensemble dans cet épisode du podcast Pratiquer la Méditation.

Vos commentaires sont toujours les bienvenues. Bonne écoute!

Écouter « La Quête du Bonheur, Bientôt Terminée? »

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Prendre Du Recul Sur la Politique

Écouter Prendre du Recul sur la Politique

Retranscription du podcast

Alors que les élections se préparent en France, j’ai pensé qu’il serait intéressant de prendre du recul par rapport à notre système politique, beaucoup de recul: 100,000 ans. On va y découvrir les graines de notre société moderne et cela, je crois, aidera à avoir une perspective bien plus large et sage des élections à venir.

Revenons donc 100,000 ans en arrière. Il y a sur la terre 6 espèces humaines qui se partagent un espace immense. 30,000 plus tard, il n’en reste q’une, homo sapiens, nous!

Pourquoi?

Ce n’est pas que l’homo sapiens était plus intelligent ou plus habile que les autres espèces humaines. L’homme de Néandertal avait un cerveau aussi gros et il avait plus de dextérité dans ses mains. Non, ce qui nous a permis de dominer les autres humains et les animaux était un trait unique à notre espèce.

On a été capable de travailler en groupe de plus en plus grand. Alors que les tribus des autres espèces humaines et des singes actuelles ne dépassent généralement pas 100 individus, car tous les membres devaient se connaître personnellement et se faire confiance pour vivre ensemble, les homo sapiens ont été capables de créer des groupes bien plus grands.

En effet, l’homo sapiens a créé des communautés de plusieurs milliers, puis de dizaines de milliers, d’individus capables de travailler sur des  buts communs: chasser, combattre, cultiver, bâtir des cités…

Comment autant d’individus ont réussi à travailler sur des projets communs alors qu’ils ne se connaissaient pas et faisaient partie de tribus différentes? Quel a été le facteur liant?

L’homo sapiens a inventé ses propres histoires

Ce qui a permis cette coopération à grande échelle ce fût les mythes et les croyances, les religions et les systèmes politiques. Dès lors que suffisamment d’individus adoptaient et acceptaient une croyance commune, ils pouvaient alors travailler sur un but commun sans avoir besoin de se connaître tant que tout le monde suivait les mêmes règles.

C’est cette grande aptitude de coopération qui a permis à l’homo sapiens de dominer les autres espèces humaines, les animaux, la nature à travers l’agriculture, de construire des cités de plus en plus grandes, des nations, des royaumes et comme on peut le voir aujourd’hui, un monde entièrement connecté.

Ce que personnellement je trouve fascinant c’est que les croyances communes qui ont permis tout cela sont complètement subjectives et nullement fondées sur une réalité objective. De plus ces croyances liantes n’ont cessé de changer et d’évoluer.

Liberté et égalité, une nouveauté de l’histoire

Si aujourd’hui nos sociétés fonctionnent sur les prémices que tous les êtres humains sont égaux et libres, cela n’a pas toujours été la croyance commune.

L’une des premières civilisations a se construire autour d’un système de croyance et de lois communes fût Babylone en 1776 ans avant notre ère.

Le système Hammurabi (du nom du roi de Babylone) était fondé sur un modèle de hiérarchie où tous les humains n’étaient pas égaux, loin de là. Les femmes, les esclaves, les différentes ethnies, n’avaient pas les mêmes droits et traitements. La loi était entièrement codifiée sur ce système d’inégalité et la majorité devait trouver cela normal, car la société fonctionnait et fleurissait grâce à ces règles communes.

On retrouve d’ailleurs un vestige de cette croyance dans le système de castes indiennes (le gouvernement indien lutte depuis des années pour changer ces croyances bien ancrées dans la société indienne).

Les systèmes de croyances sur lesquelles les sociétés humaines se construisent ont continué à changer et aujourd’hui les notions de liberté et d’égalité de l’être humain sont admises comme étant la norme.

On considère ces systémes comme normaux, comme justes et naturels. Mais le sont-ils réellement? Ont-ils une fondation objective dans la réalités.

Les lois des hommes restent avant tout des fictions sans fondations objectives

Tous les hommes sont égaux. Cela fait partie des droits de l’homme? Cette notion est héritée des religions monothéistes qui considèrent que toutes les âmes sont égales devant dieu.

Mais y a-t-il une réalité objective à cette égalité ? D’un point de vue biologique, cela ne peut être plus loin de la vérité. On nait tous différents. Et les répercussions de cette différence peuvent être très manifestes dans la vie quotidienne. On nait avec une certaine intelligence, une aptitude sociale, une beauté physique unique qui vont affecter notre expérience du monde.

D’un point de vue biologique, on ne nait pas égaux. Et nous ne sommes pas traité tous de la même façon par la société, le monde du travail ou même la justice.

La notion d’égalité est une croyance acceptée par beaucoup, mais avec une manifestation beaucoup plus nuancée dans le monde réel.

Trop de liberté tue l’égalité

L’autre jambe des sociétés moderne est la notion de liberté. Selon les constitutions américaines, canadiennes, ou les droits de l’homme en France, pour ne mentionner que trois exemples, les hommes naissent égaux et libres.

Mais lorsque l’on regarde de plus près la notion de liberté, elle est la force opposée à celle de l’égalité.

En effet, si l’on était chacun totalement libre de faire ce que l’on veut, de dépenser notre argent là où l’on veut, il n’y aurait pas de système social favorisant l’égalité des traitements et des chances.

Une société où tout le monde serait libre de faire ce qu’il veut serait une société anarchique incapable de fonctionner.

Les plus forts, riches et puissants domineront sans contrôle les autres réduisant à néant la notion d’égalité.

Et vice versa

Pareillement, une société uniquement fondée sur l’égalité réduirait considérablement les libertés. Le communisme a essayé de créer une telle société au prix de la liberté de s’exprimer, de voyager, de s’enrichir.

Notre société est fondée sur l’acceptation de ces 2 forces, liberté et égalité, qui s’opposent et s’équilibrent.

Si l’on revient aux élections politiques, la gauche veut renforcer la jambe égalité alors que la droite veut renforcer la droite veut renforcer la jambe liberté.

Les politiciens semblent pleins de contradictions, mais c’est la nature du système imparfait que nous avons tous adopté qui crée cela.

Comme on l’a vu, l’être humain, homo sapiens, a été incroyablement créatif inventant des mythes, des religions, des systèmes politiques, économiques, basés essentiellement sur des histoires … des histoires qui ont été acceptés et suivi pas suffisamment d’individus.

Ces croyances ont sans cesse évolué s’adaptant à l’accroissement et la complexification des sociétés humaines. Ces croyances continueront à changer, car il n’y a pas un système parfait et immuable (croire en un système parfait et immuable cela donne l’intégrisme religieux, le totalitarisme politique).

De même, la croyance en une société libre et égalitaire va probablement aussi évoluer.

Pourquoi je pense que c’est important de voir la nature non absolue d’un système de croyances politique ou autre?

Ne pas s’attacher à un aspect de l’histoire

Parce que cela aide à prendre du recul et ne pas s’attacher uniquement à un aspect du mythe, liberté ou égalité.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’impliquer et suivre ses convictions. Vous comptez peut-être voter, vous êtes peut-être très investi dans un parti ou un candidat. C’est très bien, mais prendre un peu de recul aide à voir qu’il n’y a pas UNE solution et que cela est avant tout une expérimentation d’une société qui va continuer à évoluer.

J’espère que vous avez apprécié cet épisode du podcast et si vous souhaitez approfondir le sujet de ces mythes sur lesquels le monde s’est construit et continue à le faire, je ne peux que vous recommander de lire l’excellent livre Sapiens, dont une partie du contenu m’a inspiré à adresser ce sujet.

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La Tentation de l’Intolérance

Dans cet épisode du podcast, je partage avec vous mes impressions par rapport à l’actualité mondiale.

Je vous parle de

  • L’élection de Donald Trump aux États-Unis
  • La tentation de l’intolérance
  • Protectionnisme qui peut être nécessaire à court terme, mais dangereux à long terme
  • Le populisme en Europe
  • L’espoir d’un monde plus ouvert
  • Le risque et la nécessité de la tolérance et de la compassion

Écouter La Tentation de l’Intolérance

Après avoir écouté cet épisode, je vous invite à partager vos impressions dans la zone commentaire.

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Attentats à Paris, Novembre 2015

« L’absence de haine n’implique pas nécessairement l’absence d’une élémentaire indignation morale. » – Etty Hillesum

Désespoir, colère, haine sont certains des sentiments ressentis après les attentats qui ont faits plus de 100 morts dans la capitale française en ce vendredi 13 novembre 2015.
Dans cette vidéo, je partage avec vous mes ressentis concernant ces tristes évènements. Je crois qu’il est possible de ne pas basculer dans la haine ou le désespoir.

701

« Je ne peux admettre la violence, même contre la violence. » – De Roger Martin du Gard

711« La violence engendre la violence. » – De Eschyle

Source citations: lefigaro.fr

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Y a-t-il Aujourd’hui Plus de Violence dans le Monde?

Y a-t-il plus de violence aujourd’hui qu’il y a 20 ans ou qu’il a 200 ans?

Durant la journée, les bips du téléphone nous communiquent les derniers faits violents. Les discussions autour de la machine à café concernent le climat d’insécurité qui semble désormais régner. Et si l’on a été épargné des alertes du téléphone et des avis de nos collègues, c’est devant le journal de 20heures, que l’on regarde par habitude, que l’on découvre alors le risque terroriste ou l’acte d’un fou isolé qui a abattu plusieurs personnes.

La violence est surmédiatisée…cela fait de l’audimat.

Mais est-ce qu’en réalité le monde aujourd’hui est-il plus violent?

Découvrez la réponse dans cette courte vidéo

Une remarque ou une question? Merci d’utiliser la zone commentaire ci-dessous.

Vous vous sentez parfois tellement en colère que vous pourriez devenir violent(e)? Lisez vite cet article!

Ce que disent les chiffres:

Il y a en occident 100 fois moins de meurtres aujourd’hui qu’il y en avait au 13e siècle.

Et la baisse de la violence continue:

En France, sur ces 15 dernières années, l’atteinte aux biens, les vols sans violences, et les dégradations ont diminué.

Et aujourd’hui, comparé à seulement 20 ans arrière, il y a 2 fois moins de meurtres.

Source: Clé magazine.

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Qu’est Ce Que L’Attaque Contre Charlie Hebdo Nous Apprend Sur Notre Humanité?

C’est au téléphone que j’ai appris ce mercredi 7 janvier, l’attaque qui a eu lieu contre Charlie Hebdo à Paris. Mon ami au téléphone est surpris que je ne sois pas au courant: « C’est terrible. 12 morts. Ils ont attaqué les bureaux de Charlie Hebdo et ils ont crié ‘Dieu est grand, on a vengé le prophète.’ »

Sur les réseaux sociaux réactions de tristesse, d’indignation, de colère et même de haine. Et c’est vrai que l’on ne peut que condamner ces actes de barbarie et ressentir de la tristesse pour les familles des victimes. Mais au-delà de ces premières réactions à vif, qu’est ce que cette attaque, violente et préméditée, nous apprend sur la nature humaine et ultimement sur nous même?

Condamner et vouloir punir ne suffit pas. La violence contre la violence, comme unique réponse, ne marche pas. Ressentir de la haine et vouloir détruire l’autre ne pourra jamais apporter la paix et la fraternité que nous sommes si nombreux à profondément vouloir. Il y a un autre chemin, celui qui consiste à comprendre l’autre, même si cet autre est un fou meurtrier, et à découvrir ce que cela implique dans nos choix de tous les jours. Car comme on va le découvrir, comprendre l’autre et agir en conséquence sera le meilleur moyen de prévenir de futurs actes d’une telle folie.

Comment un homme peut en venir à tuer des inconnus et à croire qu’il agit selon une valeur juste? Découvrons la genèse d’un extrémiste.

Tuer est extrêmement difficile: nos instincts profonds nous empêchent de commettre l’irréparable.

Comment en vient-on à devenir un tueur alors que tuer est profondément inhumain ? Tuer un autre être humain est extrêmement difficile. Nos instincts profonds nous empêchent dans la grande majorité des cas de prendre une vie. Cela peut s’expliquer par l’empathie naturelle que l’on porte envers nos congénères.

Cela est même vrai chez les professionnels où tuer fait parfois partie du travail: les militaires. Il existe plusieurs études comportementales commanditées par l’armée pour comprendre la psychologie derrière l’acte de tuer. L’armée a constaté la difficulté à passer à l’acte et elle a voulu savoir comment entraîner ses soldats à tuer, lorsque nécessaire.

Dans un article paru dans Killology, les chercheurs écrivent:Lors d’un échange de feu, les combattants arrêtent de réfléchir avec leur cerveau rationnel. C’est la partie instinctive du cerveau qui prend le dessus. Il va y avoir alors une puissante résistance à tuer un membre de sa propre espèce, une résistance que l’on retrouve chez tous les individus sains.

Malgré l’entrainement et les ordres, la nature humaine des soldats prend le dessus et les empêche de tuer dans la plupart des situations.

Le brigadier général S.L.A. Marshall confirme cela dans ses recherches. Dans son livre Men Against Fire, il note que durant la Seconde Guerre mondiale seulement 15% des tirs ont volontairement visé au soldat ennemi exposé.

Dans l’armée, où tuer est considéré comme parfois nécessaire et acceptable, cet acte reste extrêmement difficile et contre nature. Comment alors 2 individus isolés ont-ils pu tuer 12 personnes de sang-froid?

Désuhaminiser l’autre pour pouvoir le supprimer. Découvrons les 3 étapes vers un acte extrémiste.

1. Échanger sa liberté de penser contre la sécurité du dogme

S’il y a un autre instinct que l’être humain manifeste en addition à se réticence à tuer, c’est le besoin de sécurité. Pendant des millénaires, l’être humain à évoluer dans un environnement dangereux, et le besoin de sécurité a primé sur tous les autres. Avant de se nourrir et de se reproduire, nos ancêtres devaient s’assurer de ne pas être dévorés par une bête sauvage. Ce puissant besoin de sécurité, on le porte encore en nous. Et ce besoin n’est pas seulement d’ordre physique, il l’est également d’ordre émotionnel et mental.

Évoluer dans un groupe (familial, ethnique, culturel, religieux) permet d’avoir sa protection. Mais cela nécessite de se soumettre à ses règles au risque d’être exclue.

Une vision rigide du monde donne une forte illusion de sécurité

Plus le groupe est restreint et structuré, et plus il donne l’illusion de sécurité. Les règles y sont clairement établies. Le groupe adopte un dogme (sa lecture du monde) et l’individu doit s’y soumettre pour pouvoir bénéficier de ses avantages. En suivant les règles, il va pouvoir être accepté et soutenu par les autres.

Le risque apparait lorsque le groupe adopte une vision binaire du monde: c’est noir ou blanc, bien ou mal. Ces groupes que l’on peut retrouver dans les milieux religieux, ethniques, ou même politiques, attirent souvent des personnes en perte de repère et en grand besoin de sécurité et de stabilité.

Le fanatique en construction va s’associer et s’identifier pleinement à un groupe et à son dogme dominant, au risque d’abandonner sa liberté de pensée. La sécurité (illusoire) qu’il y gagne vient soulager ses manques et lui redonne de l’espoir. Pour garder cela, il est prêt à renoncer à son libre arbitre et aux autres.

2. Exclure l’autre : tu es avec moi ou contre moi

L’un des effets pernicieux de l’appartenance à un groupe au dogme binaire, c’est que cela va invariablement exclure ceux qui n’appartiennent pas au groupe.

Au cours de mes voyages en Asie et au proche orient, mon intérêt pour la spiritualité m’a conduit à suivre des groupes de discussions issues des différentes traditions (principalement l’islam, l’hindouisme et le bouddhisme). Si le contenu était souvent instructif et intéressant, j’ai constaté qu’il arrivait un moment, dans certains groupes, où l’autre (celui qui n’a pas la même vision du monde) était exclu. Cela se faisait plus ou moins explicitement.

On peut alors comprendre comment certains groupes, avec une vision bien plus rigide de la réalité et de ce que le monde devrait être, risquent de rejeter totalement ceux qui n’adoptent pas leur vision. Pire encore, ils risquent d’accuser l’extérieur d’être la cause de leurs problèmes.

Rejeter tout ce qui remet en question ses croyances

Une personne qui adopte une vision rigide de la réalité et qui associe cela à sa sécurité (et par extension à la sécurité de ses proches) va défendre corps et âme sa version étriquée du monde. Cette personne doit avant tout lutter contre ses propres doutes et ses conflits intérieurs (culpabilité et colère), mais cela crée peurs et angoisses. Si elle n’a pas suffisamment de maturité émotionnelle, elle va préférer confronter l’extérieur plutôt que de vivre son angoisse existentielle. 

Tout ce qui s’oppose à ses croyances va alors être perçu comme dangereux. Une personne dans cette situation risque de durcir de plus en plus son interprétation du monde, de s’isoler avec des personnes qui partagent sa vision, et de se couper peu à peu de la réalité et des autres. Elle risque alors d’être susceptible de violemment manifester son rejet de l’autre.

3. L’exemple de la violence

La 3e étape qui risque de pousser un individu à commettre un acte violent fondé sur une vision biaisée du monde nécessite de voir une personne de son groupe agir de la sorte.

Les deux hommes accusés d’avoir commis l’attaque contre l’hebdomadaire satirique ont été entraîné au Yemen (et en Iraq) et ont certainement vu certains des leurs camarades commettre des atrocités.

Dans notre système nerveux, il existe des neurones appelés neurones miroirs qui s’activent lorsque l’on voit l’autre agir. Si par exemple, vous apercevez une personne fronçant les sourcils et serrant la mâchoire, les neurones impliqués dans ces mouvements vont également commencer à s’activer dans votre cerveau. Cela permet à l’enfant d’assimiler certains gestes, et aux adultes de ‘ressentir’ l’autre.

Ce que la recherche a montré c’est que les neurones miroirs sont particulièrement actifs lorsque l’on observe une personne avec qui l’on partage des liens forts. C’est pourquoi un enfant va souvent présenter la même posture et la même façon de se mouvoir que l’un de ses parents.

Lorsque le potentiel tueur observe un allié qui partage sa vision du monde, qui le rassure et qui le soutient, il va être particulièrement réceptif à la gestuelle et à l’état d’être de son mentor. Si ce dernier commet des actes de violence, il le conditionne à agir de la même sorte. Il faut peu,  l’encouragement du groupe par exemple, pour alors pousser notre homme à passer à l’acte.

Se désensibiliser face à la violence

Dans son livre témoignage, La Coquille, Moustafa Khalifé, explique d’une façon poignante la graduelle désensibilisation de ses geôliers. Après un séjour de 6 ans en France où Moustafa étudie la cinématographie, il retourne à son pays d’origine la Syrie. Il est alors arrêté, car soupçonné d’appartenir au mouvement des frères musulmans. Il va pendant 16 ans subir le calvaire de la prison. Moustafa explique que ses geôliers pratiquaient régulièrement la torture. Il raconte que lorsqu’un nouveau et jeune fonctionnaire arrivait à ce poste, il était d’abord choqué par le traitement que l’on faisait subir aux prisonniers. Moustafa a vu vomir ces nouveaux geôliers devant une telle violence. Il pouvait deviner de la pitié dans leur regard. Puis au cours des semaines, les nouveaux venus perdaient peu à peu leur sensibilité et devenaient tout aussi cruels que leurs prédécesseurs.

Un autre exemple nous est donné par un article paru dans le San Francisco Chronicles, où des soldats Israéliens ont été interviewés. Ces soldats avaient servi dans les territoires occupés, et interagissaient régulièrement avec les jeunes Palestiniens. L’un des soldats a noté que lorsqu’il a pris son poste, il a au début été choqué du traitement infligeait par ses partenaires aux adolescents arabes: humiliation verbale, coups de poing au visage, les jeter à terre. Mais graduellement, d’une part pour être accepté par son groupe et d’autre part par familiarité, il a lui-même commencé à abuser de la violence.

L’exemple de la violence risque donc de conduire une personne à se désensibiliser de la souffrance d’autrui. Le passage à l’acte devient alors possible.

Ces 3 étapes rendent possible l’inimaginable: tuer une autre personne, car elle ne pense pas comme nous.

Mais que peut-on faire face à cela?

En début d’article, je notais que comprendre ces hommes qui ont commis cet acte barbare est le meilleur moyen de prévenir de futurs actes de violence.

Le point essentiel qui fait basculer une personne vers un potentiel acte de violence, c’est lorsque cette dernière abandonne sa liberté de penser et de ressentir. C’est cela qui risque alors de graduellement la faire se déconnecter de sa propre humanité et du monde autour d’elle.

Plus l’on devient rigide dans notre façon de penser, car nous croyons y trouver la sécurité, plus nous risquons de nous couper de la réalité qui est elle est fluide et sans cesse changeante.

Notre dialogue interne détermine notre rigidité. Si l’on juge sans arrêt les autres, si l’on met des étiquettes « bien » ou « mauvaise » sur nos expériences, cela indique alors une crispation face au monde autour de nous.

Il est alors plus que temps de réapprendre à lâcher prise. À lâcher ses croyances et à simplement ressentir la vie au moment présent. Cela sera le meilleur moyen d’éviter de tomber dans un dogme, quel qu’il soit. Cela permet de développer une vigilance face à la facilité d’un état d’esprit fixe et rigide. Cela pourra également inspirer les personnes autour de vous, à adopter cette attitude flexible face au monde.

Un tel état d’être crée un terreau idéal pour un monde plus tolérant et plus fraternel.

Devant la violence de l’attaque de Charlie Hebdo, et l’apparente urgence d’agir, vouloir apprendre à vivre au présent peut sembler secondaire voir naïve. Et pourtant, c’est, je le crois, sincèrement le meilleur moyen de rendre le monde meilleur.

Laissons à la police et à la justice le souci d’arrêter et de juger ces hommes. Et agissons sur ce que nous pouvons agir: nous-mêmes.

Au téléphone

Au bout de la ligne, mon ami, qui est comme moi de culture musulmane, déplore cet attentat, pour les victimes, leurs familles, la liberté de la presse, mais aussi pour les musulmans de France. Je l’écoute et pense en même temps à la haine qui risque d’envahir le coeur des hommes et des femmes en France et à l’étranger.

Après avoir raccroché, je visite ma page Facebook, et ce que je craignais se concrétisait. En plus de créer de la désolation, cette attaque a nourri les sentiments de haine et d’impuissance. C’est pourquoi j’ai voulu écrire cet article, car comme le bouddha l’a dit: « Jamais la haine n’éteint les haines en ce monde. Par l’amour seul, les haines sont éteintes. C’est une loi éternelle. »

Commençons par nous aimer nous même. Prendre soin de soi, de son humanité et de son amour pour ses proches est le meilleur moyen de lutter contre la barbarie.

Qu’est ce que vous avez pensé de ce triste évènement? Partager dans la zone commentaire.

Sources: Killology Research Group, Mascoutah, IL. USA. ; La Coquille, édition Actes Sud ; SF Chronicles ; Milko pour citation bouddha.