Il n’y a pas longtemps, je travaillais dans un café et j’ai commencé à discuter avec ma voisine de table qui avait lu le livre que j’étais en train de lire. D’un sujet à l’autre, elle m’a demandé quels étaient mes projets professionnels.
Je lui ai répondu que je n’étais pas sûr de mes objectifs, mais ce que je savais c’est que je voulais continuer à écrire et à créer. J’avais découvert que la création m’aider à vivre dans le présent et qu’elle structurait mon quotidien.
Quelques jours plus tard, je découvrais que j’étais arrivé à la même conclusion qu’un certain Marcel Proust.
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Retranscription de la vidéo
Marcel Proust est l’auteur du plus long roman. «À la recherche du temps perdu» se compose de 7 tomes et compte plus de 1,250,000 mots.
Comme le titre l’indique, ce roman est nait de la quête de Marcel Proust qui voulait comprendre comment arrêter de gaspiller le temps et comment apprécier son existence.
Marcel Proust voulait que son oeuvre soit utile. Son père était un médecin qui contribua grandement au traitement du choléra en France. Et Marcel Proust voulait lui aussi, à travers son écriture, contribuer à améliorer la vie des hommes et des femmes.
Le protagoniste d’ «À la recherche du temps perdu» qui est aussi le narrateur du roman est un le reflet romanesque de Marcel Proust. Le personnage va chercher à donner sens à sa vie à travers 3 directions: la réussite sociale, l’amour romantique et l’art.
I. Réussite sociale
Proust était issu de la bourgeoisie qui considérait l’ascension sociale comme gage d’une vie plus riche et plus épanouie. Le personnage de Proust, à l’aide de son habileté, de son intelligence et de son charme,va alors gravir les échelons de la société.
Il va finir par devenir un proche d’un duc et d’une duchesse. Mais il réalise rapidement que le duc est ennuyeux et grossier et que sa femme est superficielle et sans discussion. Le personnage comprend alors que les vertus et les vices sont répartis à travers les strates sociales et que ce n’est pas en grimpant au haut de la société qu’il sera plus heureux et comblé.
II. L’amour romantique
Lorsqu’il est jeune, le personnage du roman va sur le bord de mer avec sa grand-mère dans la station balnéaire de Gabourg qui à l’époque était le Saint-Tropez d’aujourd’hui. Là-bas, il tombe amoureux d’Albertine, une jeune fille, belle, avec les cheveux courts et à la parole libre.
Son amour lui fait espérer d’avoir enfin trouvé la réponse à sa quête. Il espère que grâce à sa partenaire, il sera compris, soutenu et accompagné à travers toutes les expériences de la vie. Mais il finit par réaliser que l’être aimé ne peut totalement nous comprendre. Nous avons nous même parfois du mal à comprendre nos pensées, nos émotions et nos humeurs. Comment alors attendre de l’autre de parfaitement nous comprendre. Proust comprend alors qu’ultimement nous restons seuls et que l’amour n’a pas pour rôle de combler notre quête de sens.
III. L’art
Pour Marcel Proust, les artistes nous montrent le monde d’une manière neuve et vibrante. L’opposé de l’art est l’habitude. Pour Proust, la familiarité s’installe entre soi et la beauté du monde. Elle anesthésie nos sens et nous empêche d’apprécier les choses simples.
Proust observe que les enfants de souffrent pas de l’habitude. C’est pourquoi l s’amuse d’un rien: sauter dans une flaque de boue, jouer sur le lit, être dans le sable. Mais nous adultes sommes tellement blasés que nous avons besoin de stimulations plus fortes comme la réussite sociale, le pouvoir, la conquête amoureuse, etc.
La solution selon Proust c’est de retrouver l’appréciation en arrachant le voile de l’habitude et en redécouvrant le quotidien avec une nouvelle sensibilité.
Et pour Proust, les artistes ont tendance à faire cela naturellement. Ils savent comment voir au-delà du familier.
Il n’est pas nécessaire de faire de l’art, mais simplement de voir son monde avec la même sensibilité et générosité d’un artiste.
Le narrateur réalise que ce n’est pas la vie qui est médiocre et ennuyeuse, mais plutôt l’image qu’il s’en fait. Proust s’installe dans le présent et trouve un sens à sa vie en relatant dans son roman les expériences simples du quotidien. Il a su lever le voile de la familiarité pour redonner à sa vie la gloire naturelle que toute vie porte en elle.
4 réponses sur « Vivre Au Présent Comme Un Artiste »
Bonjour Moutassem,
J’ai beaucoup apprécié votre point de vue sur les artistes et la façon de vivre leurs univers. J’en suis une et je rends grâce chaque jour car je me sens de plus en plus enfant, m’émerveillant devant tout (ça agace plus d’un jeunes). Le seul inconvénient est qu’il est encore difficile de vivre pleinement de son art si nous ne sommes pas arrivés à une bonne maturité et bien souvent cette évolution est ralentie par les obligations professionnelles quantifiables : être productif, se plaisent-ils à dire pour rasséréner les esprits. Quelle mascarade et quels dommages co-latéraux notre société productiviste ne crée t-elle pas sur les esprits fragiles et influençables.
Vous m’avez donné envie de lire Proust, je n’ai jamais eu le temps de m’y pencher vraiment.
Merci de cette pause récréative.
Bien à vous, Corinne.
Merci Corinne,
c’est vrai qu’il est souvent difficile de vivre de son art. Heureusement que le plaisir de créer et de partager aide à persévérer dans son oeuvre.
Merci pour cette vidéo. Je me sens profondément touché par ce que tu expliques. J’ai souvent la sensation de n’avoir jamais quitté mon corps d’enfant. Les sensations, les souvenirs les émotions… sont inscrits en moi à jamais. Et c’est une source d’inspiration inépuisable. Tout au long de ma vie, je me suis toujours sentie habitée par la création. J’ai suivi un cursus artistique, et pour moi, c’était une évidence d’être artiste. Sauf, que je me suis faite rattrapée par la réalité des adultes, qui m’ont souvent rappelé à l’ordre, en brisant les aspirations et rêves d’enfant.
Aussi, je voulais partager avec toi ceci . En découvrant le bouddhisme Zen, j’ai découvert la méditation et de ce fait également, la sensation de concentration maximale qui en découle. Cette concentration, je l’ai tout de suite rapproché à la sensation de création. Une concentration ou le vide est en nous, ou le corps et l’esprit ne font qu’un.
Voici mes pistes de réflexions. Merci encore pour toutes ses vidéos qui m’aident chaque jour à être au plus juste avec moi même.
Sandrine
Merci Sandrine pour ton retour,
je pense aussi que la création et la méditation toutes deux favorisent une qualité de présence. Elles permettent de nous ressourcer, de prendre conscience de notre sensibilité et de nos aspiration, et de partager cela avec les autres.
Voilà un autre article sur la créativité et sur le subtil mélange de lâcher prise et de concentration qu’elle nécessite: Développer sa créativité.