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Apprendre à Relativiser

Comment Gérer Sa Colère

Le sentiment de ne pas avoir été respecté, ou d’avoir été abusé voir trahi par une personne peut créer de la colère et du ressentiment. Ces émotions nous brûlent de l’intérieur et nous empêchent d’être présents. La colère accapare notre attention et se nourrit de notre dialogue interne surtout lorsque l’on se positionne comme une victime. En se posant quelques judicieuses questions, on va élargir notre perception et on va pouvoir relâcher l’étreinte de la colère sur notre poitrine.

gérer sa colèreLa colère détruit la santé

Selon une étude publiée dans la revue scientifique American Psychologist, la colère augmente la vulnérabilité aux maladies, elle compromet le bon fonctionnement du système immunitaire, elle augmente le taux d’acide gras dans le sang, elle exacerbe la douleur physique, et elle augmente le risque de mourir d’une maladie cardio-vasculaire. C’est pourquoi il est si important d’apprendre à la désamorcer.  Source: Suinn, Richard M. American Psychologist, Vol 56(1), Jan 2001.

La prochaine fois que vous ressentirez de la colère envers quelqu’un, faites cet exercice.

Comment gérer sa colère à l’aide de l’exercice « les milles raisons »

Calmer l’esprit en focalisant votre attention sur la respiration. Puis amenez maintenant votre attention sur cette personne. Ressentez en vous la colère et le mal que vous pouvez lui souhaiter.

Maintenant, l’exercice consiste à réfléchir aux « mille causes » qui ont pu pousser cette personne à agir de la sorte avec vous.

Commencez par considérer les facteurs internes qui affectent cette personne: son âge, la présence de douleurs physiques, son tempérament inné, ou encore son intelligence.

Considérez son quotidien: sa situation sociale, ses difficultés financières, ses responsabilités, son stress, …

Considérez son enfance, son éducation (ou imaginez-les, si vous ne connaissez pas bien cette personne) et les évènements marquants que cette personne a vécus tout au long de sa vie.

Considérez son mode de réflexion, sa personnalité, ses valeurs, ses peurs, ses zones sensibles, ses espoirs, et ses rêves.

Enfin, ramenez votre attention à l’intérieur de vous. Faites quelques respirations. Vos sentiments vers cette personne sont-ils maintenant différents?

colère et troncUn tronc à la dérive

Imaginez-vous en train de vous détendre au soleil allongé dans un canoë qui glisse doucement sur la rivière, lorsque soudainement vous êtes fortement projeté dans l’eau froide. Choqué, vous remontez à la surface pour vous accrocher au canoë, et vous voyez alors deux adolescents avec masques et tubas qui se marrent. Que ressentez-vous alors?

Maintenant, imaginez le même scénario (le canoë et la soudaine chute) sauf que cette fois-ci, lorsque vous remontez à la surface vous apercevez un tronc d’arbre semi-submergé qui est à la dérive et qui a fait basculer votre embarcation. Que ressentez-vous maintenant?

Pour beaucoup le second scénario est moins agaçant que le premier. Pourtant, si la ‘douleur’ initiale est justifiée (chute dans l’eau), il n’y a pas besoin de ressentir une seconde ‘douleur’ qui prend la forme de colère et d’indignation, car on vous aurait personnellement visé. Car en réalité, la plupart des personnes sont comme ce tronc d’arbre: leur comportement n’a rien de personnel contre vous. Il est juste le résultat de leur histoire personnelle. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas adresser l’agression, mais cela ne sert à rien de la prendre personnellement et d’en souffrir inutilement.

Le but de l’exercice « les milles raisons » est de nous aider à réaliser que les comportements qui nous blessent n’ont généralement rien de personnel. La personne qui agit de la sorte ne le fait pas contre nous, mais parce qu’elle est qui elle est, et qu’elle a eu la parcours de vie qu’elle a eu. Lorsque nous ressentons de la colère, c’est que notre égo a été blessé. Lorsque l’on réalise que ‘l’affront’ qui nous a été fait est le résultat de la ‘faiblesse’ de l’autre plutôt que de la nôtre, on peut se détendre. La colère tend alors à se dissiper et laisse place à de la compassion.

On peut mieux comprendre celui ou celle qui nous a fait du tort, ne pas se laisser submerger par nos émotions, et agir avec plus de lucidité. Notre action ne sera plus le fruit de la confusion et de la colère mais plutôt celui d’une perspective plus équilibrée et plus mature de la vie.

Avez-vous un jour ressenti votre colère se dissiper lorsque vous avez mieux compris le pourquoi du comportement de celui ou celle qui vous a mis en colère? Merci d’utiliser la zone commentaire pour répondre à la question.

Source: Exercice inspiré du travail des Drs Rick Hanson et Richard Mendius ; photos crédits  imagerymajestic et digitalart.

Par Moutassem

Depuis 2012, j'enseigne la méditation et j'anime le podcast Pratiquer la Méditation. Mon premier métier est celui de chiropraticien où j'ai appris l'importance d'être connecté au corps. La méditation est venue naturellement après. Cela a changé ma vie : plus de stabilité émotionnelle, plus de confiance dans mon rapport aux autres et plus de joie au quotidien. Partager les bienfaits de cette pratique est ce que j'aime le plus faire. Durant ces 10 dernières années, j'ai publié plus de 550 épisodes en libre accès (vus ou téléchargé +3millions de fois). J'enseigne la méditation dans les écoles d'études supérieures, en entreprises et auprès du public. Je propose également des accompagnements individuels. Au plaisir de vous accompagner dans votre exploration de la méditation !

27 réponses sur « Comment Gérer Sa Colère »

Plus facile à dire qu’à faire! Je suis en colère après 2 personnes proches, pour 2 histoires différentes survenues récemment et j’ai beau leur trouver des tas d’excuses, ça ne m’aide pas à digérer la situation! (D’ailleurs, c’est la 1ere fois que je commente vos articles que j’apprécie en général mais celui-ci…me mets un peu en colère ;)) c’est plus facile avec des personnes qui ne sont pas très proches à mon avis. En tout cas on s’en remet plus vite quand on ne sent pas trahi par les siens… Merci en tout cas pour la qualité de vos articles, moi je vais essayer de méditer la-dessus!

Merci Gigi, pour votre commentaire,
c’est vrai que cette méthode s’applique surtout avant que la colère prenne prise. Lorsqu’il s’agit de proches, où il y a un souvent un gros bagage relationnel, cela nécessite bien sûr plus de temps pour se libérer de la colère. Mais dans tous les cas, fonctionner avec de la colère – ce sentiment qui mêle impression d’injustice, malaise intérieur et envie de rétribution – sur la durée va être stérile et faire souffrir. Même s’il n’est pas facile de dépasser sa colère (surtout lorsqu’elle est reliée à un investissement affectif) il est important de ne pas la nourrir, de s’y complaire ou de se positionner en tant que victime. Il ne s’agit pas de ‘pardonner’ les autres, mais plutôt d’apprendre à maintenir un bon niveau de vitalité (physique et émotionnel) et cela malgré le comportement des autres. À partir de cet état, la résolution se fait généralement plus rapidement.
J’espère que ma réponse ne vous mettre pas plus en colère Gigi!;)
Au plaisir de continuer à vous lire sur le blog.

Merci Moutassem pour cet article qui remet effectivement certaines choses en place lorsque l’on y réfléchi. En même temps, lorsque la colère (la vraie, profonde, envahissante) vous emporte, le fait de pouvoir la faire sortir (par du sport, par des exercices spécifiques, …) nous aide à mieux la digérer. Comme le dis « Gigi », lorsqu’elle est provoquée par nos proches, nous sommes autrement touchés. J’ai l’impression que la réflexion ne peut se faire qu’après l’explosion (évidemment pas devant ces mêmes personnes !!!).
Belle journée ensoleillée. MNM

Merci Marie-Noelle,
La colère peut avoir son utilité (elle peut permettre de confronter, de réagir à une situation qui ne nous convient pas) si elle est suivie d’action. Autrement, elle devient stérile et se nourrit d’elle même. Dans ce cas, je suis d’accord avec vous, trouver des moyens de l’extérioriser (sports, exos) est une très bonne idée. L’exercice proposé dans cet article s’inscrit dans cette optique, et effectivement une personne peut par exemple décider de hurler un bon coup pour relâcher la tension puis réfléchir à ces questions.
Une très belle journée à vous aussi!

J’ai eu plusieurs épisodes avec ma sœur qui m’ont mise en colère et j’ai fait exactement ce que vous venez de mentionner a plusieurs reprise avec elle et c’est vrai a chaque fois j’ai ressentie seulement de la compassion et du regret, alors J’AI finis par accepter que c’étais surement moi qui avais tord et elle la victime, non merci pas cette fois ci.

Merci pour cet article il m’aidera
J’ai ressenti de la colère récemment envers quelqu’un de proche et je me suis rendue compte que lorsque l’on connaît la cause de la méchanceté d’une personne on peut mieux la comprendre et se rendre compte que cette personne est mallheureuse alors que si l’on ne la connait pas ,on se sent même parfois angoissée car on ressent de la culpabilité

Merci de ce partage généreux!
Généreux car il aide à notre mieux-être.

Je crois en l’efficacité de la méthode, surtout quand elle est accompagnée de moyens pour d’abord évacuer cette énergie… De retour au calme, l’esprit devient alors plus disposé à exercer la méthode présentée.

Encore merci!

Il m’arrive d’être très en colère et malgré que je sois conscient que celle-ci est démesurée, les émotions prennent le dessus sur le rationnel. C’est un exercice que je manquerai pas d’essayer, Merci!

Merci pour ce partage…
C’est vrai que cela a l’air simple et qui facile.. mais… ce n’est pas évident. J’ai vécu de nombreuses années en essayant de comprendre et pardonner pourquoi mon mari s’en prenait a moi, m’insultait, me dénigrait. J’ai été zn colère contre lui… et puis la, il a été trop loin… et je suis partie. La colère avait fait place a la peur. Maintenant je lui en veut de ne pas faire d’effort pour changer, il pense que c’est moi la fautive, s’il se fache c’est parce que je me suis mal comporté… enfin bref. Plus facile a dire qu’a faire mais j’essaierai tout de même….
Merci…

Merci pour cet article qui me parle beaucoup………..Oui la colère qu’on nourrit envers
quelqu’un est un vrai poison pour soi-même. Et j’aimerais tant qu’elle me quitte. Je vais méditer sur votre article qui m’amène à mieux comprendre. Merci .

Avec plaisir Sylvie et bon courage pour la résolution de votre colère. C’est vrai que ce n’est pas facile mais si libérateur.

Merci pour cet article que je mettrais en pratique dans ma vie quotidienne maintenant. En effet, c’est épuisant d’être constamment en colère, de se sentir triste ou victime de quoi que ce soit, moi personnellement j’ai décider de commencer une « thérapie » qui consiste à faire une semaine sans colère et ainsi de suite…
Merci

Avec plaisir Rima. Passer une semaine en étant attentive à ne pas se mettre en colère … c’est une très bonne idée.

Bonjour,
Je fais parfois ce que tu décris dans ton article par « accident ».
Je travaille à l’accueil pour une institution pas très appréciée. Etant souvent la seule interlocutrice face à une administration, les gens se déchargent sur mes collègues et moi, l’agressivité est quotidienne et la petite phrase « surtout, ne le prenez pas pour vous » est souvent exaspérante.
Mais parfois des entretiens qui avaient commencés très mal finissent sereinement parce que justement, je parviens à me mettre à la place de la personne, à prendre de la distance, à ne plus être dans l’émotion mais dans les faits.
Ceci dit c’est souvent par accident, je ne sais pas ce qui fait que parfois j’y arrive sans y penser et parfois l’entretien se transforme en « dialogue de sourd ».
J’espère qu’un jour l’exercice des « milles raisons » deviendra un automatisme ;)

Bonjour Emilie,
merci d’avoir partagé ton expérience qui est une très bonne illustration de cet article.
je pense qu’il y a plusieurs facteurs au fait que parfois c’est plus facile que d’autres: ton niveau d’énergie (fatiguée ou en forme), ton niveau de présence, la personne que tu as en face.
Mais dans tous les cas, si ton intention est de prendre du recul, tu vivra globalement bien mieux ces situations délicates.
Bon courage pour la suite et au plaisir de te lire sur le blog.

Bonjour Moutassem, j’ai 43 ans, je vis en colocation avec 4 trentenaires dont 2 garçons menteurs et qui tirent en permanence la couverture à eux…c’est un superbe enseignement pour la colère… J’ai arrêté la colère car oui elle détruit , elle a détruit ma famille… Mieux vaut adopter le silence avec les cons et la patience avec les imbéciles …Cette méthode est formidable également dans le milieu du travail… Merci pour votre aide Moutassem . Vous êtes précieux à mon Coeur. Véronique.

J’ai longtemps jugé très négativement et refoulé ma colère…
Jusqu’au jour où, je me suis décidée à en prendre soin, car elle jaillissait de manière impulsive et incontrôlable (car trop profondément enfouie au préalable le temps que je parvenais à la contenir) avec les personnes que j’aime le plus, notamment mes enfants…
Prenant conscience que je faisais souffrir des être aimés, mais également moi même, je me suis rendue à l’évidence de l’importance de prendre soin de cette émotion. Les excuses n’effacent pas tout et ce sentiment d’être sujet à « l’explosion » m’empêchait d’avoir confiance en moi.
Je ne vous ferais pas état de tout le processus, d’ailleurs j’y travaille encore !! Mais le résultat est précieux… S’approprier ses sentiments, les accueillir en se sentant responsable de ce que l’on ressent sans accuser qui que ce soit, m’a donné force, courage et a augmenté ma capacité d’empathie.
J’ai l’impression d’avoir compris quelque chose d’essentiel pour vivre mieux avec les personnes proches, les amis, les collègues… D’abord, toutes les émotions sont transitoires, les accepter et les comprendre permet de prendre conscience de la nécessité de prendre soin de soi, car chacun à notre niveau nous sommes responsables (et pas coupable) de nos comportement : ex : « je suis fâchée, je ne sais pas comment réagir face à cette situation, je préfère faire un petit tour, respirer et on en parlera quand je me sentirai mieux… » AU LIEU DE : « tu m’énerves, c’est pas possible, tu fais tout pour me faire souffrir » etc…
La petite parabole de Thich Nhat Hanh vient illustrer cela à merveille !!
Merci pour ce partage.
Au plaisir d’en voir d’autres !

Merci beaucoup methode qui a l’air très intéressante! Puis je publier cet article sur mon blog pour la partager avec mes patients? Cordialement

Avec plaisir Marie et oui, n’hésitez pas à publier ces informations sur votre blog. Merci pour votre intérêt et à bientôt pour de futurs articles.

Quand on apprend le « pourquoi du comment » du problème, c’est beaucoup plus facile d’avancer et ne pas se laisser déstabiliser.

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