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Reprendre Confiance en Soi

Faire un Choix

Une prise de décision ne se fait pas toujours au niveau intellectuel. Contrairement aux pratiques courantes, il ne s’agit pas de seulement peser le pour et le contre de tel ou tel choix, car cela ne suffit pas. Pour prendre une décision importante, il est nécessaire de poser la question puis de laisser émerger la réponse en soi.

Je suis trop indécise

À travers les emails et les commentaires que je reçois sur le blog, un souci semble souvent revenir, la difficulté de prendre une décision : « Je suis trop indécise », «  j’ai des choix importants à faire et je n’ai pas trouvé de technique pour m’aider à faire le meilleur choix pour moi » , « Je suis télescopé par pleins de choses en ce moment et il est nécessaire de retrouver la sérénité pour faire les bons choix. »

Dos au mur

Devoir faire un choix peut en effet s’avérer difficile et source de stress, surtout lorsque les conséquences de notre décision peuvent profondément affecter notre vie. Face à un dilemme, beaucoup de personnes vont préférer le statu quo, en d’autres termes ne pas prendre de décision.  S’il est possible d’éviter un certain temps de devoir faire un choix, la vie finit éventuellement par nous mettre dos au mur, et un choix doit être pris. Que faisons-nous alors?

Comment prend-on une décision et pourquoi ça ne marche pas ?

Lorsque confronté à la nécessité de faire un choix (est-ce que je quitte mon conjoint ? Est ce que je change de carrière ? est-ce que je prends cet appartement ?), on a tendance à analyser la situation, à peser le pour et le contre, et à se projeter dans le futur pour déterminer si ce choix nous rendra plus heureux ou plus malheureux. Mais voilà, cette approche ne marche pas et elle génère encore plus de stress. Pourquoi?

La peur de perdre ce que l’on n’a pas encore

Car notre capacité de projection est très limitée. On peut s’imaginer aller de A à B puis vers C en espérant que C soit un résultat bénéfique. Mais une personne sait au fond d’elle-même qu’il y a de multiples facteurs en jeux, et elle n’est pas sûre de pouvoir atteindre C ou même si C la rendra réellement plus heureuse (ou moins malheureuse). Elle va alors refaire le scénario dans sa tête, et cela va créer un sentiment d’espoir et de motivation rapidement suivie par celui d’anxiété (« et si ça ne marche pas ? »). Il est dit que le sentiment d’anxiété vient principalement de la peur de perdre ce que l’on n’a pas encore.

Pour résumer, utiliser la réflexion pour faire un choix est difficile, car à chaque fois que l’on va repenser à la décision que l’on doit prendre cela va créer des hauts et des bas émotionnels qui vont accentuer le sentiment de confusion et d’indécision.

Faire le point, mais pas décider

Le but du mental n’est pas de décider. Il est de mettre sur la table tous les éléments de notre quotidien puis de poser les questions. Par exemple une personne va observer sa situation actuelle au travail et dans ses relations sociales et affectives, puis elle va se poser la question « qu’est-ce j’aimerais transformer dans ma vie? »

Neurosciences et historien de l’art

Ensuite, il suffit de faire le calme en soi (ne plus réfléchir sans cesse à votre situation), puis laisser venir la réponse. Car plus d’informations n’aident pas à faire un choix. Cela peut sembler contre-intuitif, mais pourtant les neurosciences confirment ce fait. Vous avez déjà maintenant tous les éléments nécessaires pour faire votre choix.

Un passionnant ouvrage ‘Blink’ conduit par Malcolm Gladwell illustre scientifiquement le fait que les décisions importantes sont prises non pas intellectuellement, mais intuitivement. L’un des personnages étudiés fut Bernard Berenson, un célèbre historien de l’art. Spécialiste de la Renaissance italienne, il était connu pour sa capacité à identifier un faux tableau. Lorsqu’il se trouvait face à une fausse œuvre, il avait très rapidement un ressenti viscéral qui lui disait « attention, il y a quelque chose qui ne va pas ». Berenson était incapable d’expliquer objectivement pourquoi. Certes, il possédait de grandes connaissances dans son domaine, mais sa décision d’identifier une peinture comme étant une usurpation ne venait pas de l’observation précise des coups de pinceau, des pigments utilisés ou autres signes révélateurs. Elle surgissait naturellement en lui au bout de quelques courts instants. Et son intuition s’avérait être juste dans l’immense majorité des cas lorsqu’une analyse plus poussée était opérée.

Vous avez en ce moment même tous les éléments pour faire votre choix. Malgré votre indécision et vos doutes, une partie de vous sait avec certitude et sérénité ce qui vous attire en ce moment. Il s’agit maintenant de l’écouter.

Julie et le Sage

Imaginer une jeune femme partie en randonnée. Arrivé à un village, on lui parle d’un personnage étonnant, «un sage», qui donne, à qui veut l’entendre, de précieux conseils. Intriguée, la jeune femme qu’on va appeler Julie, décide d’aller à sa rencontre pour lui exposer sa situation. Arrivée au lieu indiqué, Julie y est accueillie par le sourire d’un homme dont elle a du mal à deviner l’âge. Encouragée par cet accueil bienveillant, Julie s’installe près de notre homme. Elle lui parle alors de sa vie, de ses difficultés et de ses dilemmes. L’écoute attentive du sage la pousse à continuer. Au bout d’un moment Julie marque une pause attendant un commentaire ou une question, mais l’homme installé en tailleur ne semble rien n’avoir à dire. Julie reprend alors son monologue, pensant que son compagnon a besoin d’en connaître davantage pour pouvoir s’exprimer. Quelques minutes plus tard, elle lui demande ce qu’il pense de sa situation. Le sage ne s’exprimant toujours pas, Julie décide de lui préciser quelques points supplémentaires.

Cela fait maintenant plus d’une heure et demie que Julie parle, et devant l’absence de conseils du sage, elle finit, un peu déçue, par reprendre son chemin. La compagnie de cet homme est certes agréable pensa-t-elle, mais il ne pourra pas l’aider à résoudre ses problèmes de femme citadine.

Le sage quant à lui attendait simplement que Julie soit prête à l’écouter. Il attendait qu’elle fasse le calme en elle pour qu’elle puisse l’entendre. Mais à chaque fois qu’il s’apprêtait à parler, la jeune femme repartait dans son analyse de la situation.

On pose les questions, mais on n’écoute pas les réponses

Tout comme Julie, on ne s’arrête pas de parler… mais avec nous-mêmes. Nous reposons les mêmes questions encore et encore, nous ressassons les données jusqu’à épuisement. Pourtant, nous avons un sage – notre intuition – à portée de main, toujours prêt à nous conseiller, il suffit juste de l’écouter.

Écouter ne veut pas dire attendre impatiemment une réponse. Pour entendre la réponse, il faut faire le silence en soi suffisamment longtemps. Il faut se réajuster à notre écoute interne pour pouvoir entendre la petite voix en nous. Mais si l’on repart sans cesse dans notre dialogue mental, il est très difficile de percevoir la juste réponse.

Faire le calme en soi n’est pas chose facile surtout dans une société où l’on a développé et renforcé le besoin de contrôler et de se protéger. Comment faire alors ?

 Méditer sur notre point de rencontre

La méditation est un moyen efficace pour retrouver notre capacité à écouter notre intuition. Si vous êtes face à une décision à prendre, posez la question puis concentrez-vous sur une partie de votre corps, celle qui semble le plus attirer votre attention. Amenez toute votre attention dessus et ressentez les mouvements d’expansion et de rétraction avec chaque respiration. Faites 10-15 respirations conscientes, puis écouter ce qui se passe en vous. Il se peut que vous repensiez à votre situation et que les questions ressurgissent, c’est normal. À nouveau, faites une série de respirations conscientes. Puis à nouveau, soyez attentif à vos ressentis. Il se peut alors que vous ressentiez que vous penchez vers une direction (vers un choix) plus qu’un autre.

Comme pour tout, la pratique régulière va être essentielle pour améliorer votre capacité à « ressentir » le bon choix. J’aimerais également noter que les réponses qui « surgissent » consistent rarement à tout chambouler (quitter son travail du jour au lendemain, partir à l’étranger..). Ce sont plutôt des petites actions que vous devez prendre – vous le saviez déjà au fond de vous —, mais que vous remettiez sans cesse à plus tard.

Perspectives nouvelles

Si vous faites correctement cet exercice, vous allez vous sentir apaisé. Car vous saurez que vous n’avez pas besoin de tout comprendre ou de tout prévoir. Qu’il suffit de se concentrer sur une action à la fois. Parfois lorsque l’on va de A à B, de nouvelles perspectives se présentent. Des perspectives que l’on n’aurait pas pu prévoir ou imaginer.

Derniers mots

Je pratique régulièrement cet exercice et je suis parfois surpris par les réponses. Mais à chaque fois que j’accepte de ne pas chercher à contrôler et que je me concentre sur une action à la fois, je me sens bien mieux, plus productif, et ma vie me correspond de plus en plus.

J’ai également constaté que les personnes qui vivent de leur passion utilisent une forme ou une autre de cet exercice.  Dr John Demartini, auteur à succès et psychologue, note qu’avant chaque conférence qu’il donne, il s’isole, s’allonge sur le dos, et pose la question « Qu’est-ce qui est important pour moi de communiquer aujourd’hui ? » et il laisse venir la réponse. Ces conférences qui font souvent plus de deux heures semblent durer 30 minutes tellement elles sont passionnantes et inspirées. James Altucher, homme d’affaire et auteur, note dans son dernier livre Choose Yourself « Lorsque je me réveille, dans la pénombre, je demande « qui dois-je aider aujourd’hui ?”

Ne sous-estimez pas cette simple, mais fondamentale notion : une fois la question posée, rien à ne sert d’y repenser sans cesse, laissez venir la réponse. Vous la connaissez déjà, il faut juste faire le silence pour pouvoir l’entendre.

J’espère que cet article vous donnera envie d’essayer de lâcher prise la prochaine fois que vous aurez un choix à faire.

J’aimerais vous demander maintenant de participer à la discussion en notant dans la zone commentaire ci-dessous, comment réagissez-vous habituellement lorsque vous êtes face à une décision difficile ?

Ecoutez aussi le podcast #33: Comment Développer Son Intuition

Note et référence

Image de Jose Cuellar

Malcolm Gladwell’s Blink

John Demartini

James Altucher’s Choose Yourself

Par Moutassem

Depuis 2012, j'enseigne la méditation et j'anime le podcast Pratiquer la Méditation. Mon premier métier est celui de chiropraticien où j'ai appris l'importance d'être connecté au corps. La méditation est venue naturellement après. Cela a changé ma vie : plus de stabilité émotionnelle, plus de confiance dans mon rapport aux autres et plus de joie au quotidien. Partager les bienfaits de cette pratique est ce que j'aime le plus faire. Durant ces 10 dernières années, j'ai publié plus de 550 épisodes en libre accès (vus ou téléchargé +3millions de fois). J'enseigne la méditation dans les écoles d'études supérieures, en entreprises et auprès du public. Je propose également des accompagnements individuels. Au plaisir de vous accompagner dans votre exploration de la méditation !

11 réponses sur « Faire un Choix »

Toujours tres interressent , d,accodr avec l,idée d , écouter ce qui monte avec le calme .

Bonjour Moutassem.
Merci encore, cet article nous apporte des informations toujours aussi riches ! Pour répondre à votre demande, je vais essayer de décrire comment je prends les décisions (plus ou moins importantes) au quotidien. Cela fait bientôt 8 ans que j’essaie de pratiquer le plus régulièrement possible le Yoga et la méditation. Cela m’a beaucoup aidé (et m’aide encore) à vivre un peu plus dans le présent.
J’entends par là qu’auparavant, étant par nature très « réfléchi », j’essayais de planifier mes actions et de les organiser le mieux possible. Cela me rendait parfois service, mais le plus souvent je subissais la frustration et le stress infligés par la vie – qui décide souvent de nous surprendre et chambouler nos projets.
Ces dernières années, j’ai donc essayé de chercher à accepter plutôt que de tout contrôler. Yoga et méditation me permettent de continuer à apprendre à suivre ce chemin jour après jour, en famille comme au travail. Ainsi, plutôt que de tout intellectualiser, j’essaie de me libérer (le plus possible :-) !) du « mauvais » stress : pour cela, dès que je dois prendre une décision, j’utilise mon intellect pour formuler la problématique et me rappeler que les conséquences peuvent être nombreuses, que nous ne les maîtrisons pas, mais qu’elles seront sources d’opportunités. Puis je pratique l’attention au souffle, au corps, pour revenir régulièrement au présent. Ainsi, je ne subis plus (ou beaucoup moins :-) !) les pensées inquiétantes qui nous suggèrent tous les risques et dangers provoqués par « l’Inconnu », qui sait si bien nous faire peur. Cela m’est encore possible aujourd’hui bien que, ces derniers mois, je ne parvienne pas à pratiquer Yoga et méditation tous les jours. Grâce à cela, je crois agir « au mieux » et même accepter un « mauvais coup du sort » sans réagir devient une « action », puisque la réponse appropriée arrive tôt ou tard (parfois le moment opportun est même très tard).
J’espère que ma réponse est claire, qu’elle répond à vos attentes et qu’elle n’est pas trop longue, mais je souhaitais répondre à votre question en montrant à vos lecteurs que nous pouvons tous adopter ces bonnes habitudes, même si nous ne sommes que des humains et que nous y arrivons mieux certaines fois que d’autres. Je vais d’ailleurs, de mon côté, suivre votre conseil en portant mon attention sur la zone de la confiance en soi.
Merci encore pour cet article et pour tout ce que vous partagez avec nous, et à bientôt !

Merci Samuel pour ce généreux commentaire,
c’est enrichissant de pouvoir lire votre expérience.
J’ai apprécié « j’utilise mon intellect pour formuler la problématique et me rappeler que les conséquences peuvent être nombreuses, que nous ne les maîtrisons pas, mais qu’elles seront sources d’opportunités. » C’est vrai que tout choix amène son lot de difficultés et d’opportunités. En prendre conscience, diminue la pression que l’on s’impose parfois.
Au plaisir de vous lire Samuel.

Bonsoir Moutassem, merci pour cet article!
Il est vrai que je pratique ce lâcher prise me semble-t-il, lorsque j’ai des choix à faire, depuis assez longtemps et effectivement, je confirme que ça fontionne très bien!
Merci pour toute ces attentions.

Bonjour Moutassem,
Merci pour cet article clair dans lequel je me suis tout à fait reconnue! oui, même si je pratique la méditation dès que je m’en donne le temps, face aux décisions j’ai tendance à paniquer, échaffauder des scénari catastrophes où à trouver des issues quasi irréalisables. De plus en plus, avec la pratique de la méditation, je lâche prise, je fais confiance…mais ce n’st pas encore acquis…D’ailleurs cela le sera t’il un jour?! en tous cas j’y travaille…MERCI pour ces échanges et ce soutien!

Avec plaisir Fanny,
et comme vous le notez le lâcher prise et le renforcement de la confiance en soi et en la vie, sont des processus qui ne se terminent pas… et tant mieux! Car à chaque fois que l’on atteint une période de confiance et de paix, la vie nous propose d’aller plus loin (de partager d’avantage, de prendre plus de risque) nous poussant en dehors de notre zone de confort.
Au plaisir de vous lire Fanny

Merci Moutassem, de m’avoir donné le lien qui mène à cet article. Je pense que je ne l’aurai pas trouvé seule.
Et pourtant c’est tout à fait la réponse que j’attendais par rapport à la méditation libre.

Je vais tâcher de mettre cela en place et je vous donnerai de mes nouvelles quant à ma progresion en ML.

Et merci pour votre disponibilité, ces échanges et votre soutien
Bien amicalement

Habituellement, lorsque je suis devant une décision difficile, je commence par m’angoisser et je m’enfuis. Je prends rapidement une décision, en général celle qui risque de mécontenter le moins de gens possible. À un moment donné, je vais prendre la décision inverse en essayant de me convaincre que c’est la bonne. Dans ces moments, je suis une girouette. J’ai besoin d’en parler autour de moi, on me donne plein d’avis, c’est sans fin. Je demande à mon inconscient mais je n’obtiens pas de réponse.
Une chose me calme, c’est d’écrire une lettre et de peser chaque mot, chaque paragraphe. Cela dure plusieurs jours. En ce moment, je recherche une technique de dialogue intérieur. Il y a la méditation, la psychanalyse corporelle, le dialogue avec l’ange, l’imagination active révélée par Jung…
Votre article m’a fait penser à un ouvrage de Bernard et Patricia Montaud, Dialoguer avec son ange, une voie spirituelle occidentale. Il y est question d’écoute et de silence pour pouvoir entendre.
Depuis quelques temps, je me suis rendu compte que toutes les expériences dont je lis les récits se recoupent et parlent de la même nécessité d’établir un contact avec soi-même quelque soit l’époque ou la culture.
J’y travaille.
Merci pour votre article.

Merci Paul pour votre commentaire.
Si vous êtes sensible à l’écriture vous pouvez essayer d’associer méditation et écriture. Commencer à mettre en mots la situation dans laquelle vous êtes, puis méditer quelques instants, pour revenir ensuite sur la papier. A chaque fois que vous sentez que ça bloque en vous ou qu’il y a une tension qui apparait, posez le stylo, respirez en consciences quelques minutes pour retrouver le calme, puis creusez à nouveau à l’aide de l’écriture.

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