Pratiquer la Méditation, novembre 2015
La Méditation, Attrait et Résistance: Étude Rétrospective Sur les Attentes et les Questions du Débutant en Méditation
Moutassem Hammour*
INTRODUCTION
On parle de plus en plus de méditation. Les médias relaient les bienfaits de cette pratique millénaire. On pratique la méditation dans certaines écoles, dans le milieu de l’entreprise, et même dans les centres carcéraux. La méditation permettrait d’améliorer sa santé physique et de renforcer l’aptitude à gérer le stress et les demandes du quotidien. De plus, il ne suffirait que de quelques minutes par jour de profond calme pour profiter des bienfaits de cette pratique.
Au vu de ses potentiels bienfaits, la méditation attire l’intérêt d’un public grandissant. Mais si de plus en plus français se rapprochent de la méditation, beaucoup parmi eux, restent au stade de questionnement et ne sont pas sûr de vouloir faire le pas:
- Ils doutent d’êtes capables de méditer, car ils ont dans leurs propres termes « un mental trop actif »,
- ils ne sont pas sûr en quoi la méditation leur sera bénéfique et si cela vaut l’effort, et
- ils ne savent pas s’ils pourront persévérer dans leurs séances.
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En d’autres termes, la méditation attire, mais elle reste intimidante pour beaucoup. Et pourtant, dès qu’une personne s’initie à une méthode simple de méditation elle découvre que cela lui est possible elle aussi de méditer. C’est ce qu’a révélé l’étude rétrospective ayant porté sur 3780 personnes (1) s’intéressant à la méditation. Cette étude a été conduite sur le site Pratiquer la Méditation, de janvier 2012 à octobre 2015, à l’aide de multiples questionnaires (2) et d’échanges par email.
Objectif de cette étude
Le but de cette étude était d’évaluer l’expérience du débutant** en méditation.
- Pourquoi une personne s’intéresse-t-elle à la méditation?
- Dans quel état d’esprit est-elle à ce moment-là?
- Quelles sont ses premières questions?
- Quels sont ses doutes?
- Quels sont son expérience et son ressenti après avoir suivi une courte méditation de 9 minutes?
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RÉSULTATS
POURQUOI S’INTERESSE T-ON A LA MÉDITATION?
Sans surprise, une personne se rapproche de la méditation, car elle veut améliorer la qualité de sa vie. Sur 2815 participants, 31% d’entre eux veulent être capables de davantage vivre et apprécier le moment présent. 24% s’intéressent à la méditation, car ils pensent que cela les aidera à mieux gérer leur stress. 17% notent se tourner vers cette pratique pour améliorer la confiance en soi. 9% des participants s’intéressent à la méditation pour améliorer leur santé et 7% pour avoir plus de clarté sur les décisions à prendre. Enfin, 12% des participants notent s’intéresser à la méditation pour toutes les raisons citées ci-dessus.
DANS QUEL ÉTAT D’ESPRIT EST LA PERSONNE S’INTÉRESSANT À LA MÉDITATION?
Sur 246 participants débutants la méditation, 26% notent être dans une période de remise en question. 24% des participants se sentent plus fragile émotionnellement aujourd’hui par rapport au passé et ils notent ressentir des épisodes fréquents d’anxiété. 23% notent avoir un bas niveau de vitalité et se sentent souvent fatigués. À l’opposé, 8% se sentent plein de vitalité et d’énergie. Et 19% notent se sentir bien et en paix avec soi même la plupart du temps.
QUEL EST LE PROFIL TYPE DE LA PERSONNE S’INTÉRESSANT À LA MÉDITATION?
Si l’on devait créer un avatar de la personne s’intéressant à la méditation, cela serait une femme âgée de 42 ans habitant dans une métropole.
Selon la page Facebook Pratiquer la Méditation (3), 78% sont des femmes pour 22% d’hommes. Selon un questionnaire ayant porté sur 292 personnes découvrant la méditation 76% sont des femmes.
L’écart entre homme et femme a tendance à diminuer lorsque l’on regarde les personnes méditant depuis en moyenne 24 mois. Selon un sondage conduit par Liudmila Gamaiunova à l’université de Lausanne, 63% des participantes sont des femmes. (4)
Quel est l’âge moyen?
85% des inscrits à la page Facebook (femmes et hommes confondus) ont entre 25 et 54 ans avec prêt de la moitié d’entre eux ayant entre 35 et 44 ans.
La majorité (73%) des participants aux questionnaires ont un âge compris entre 31 et 55 ans.
À noter que les personnes de plus de 55 ans (12% de la page Facebbok et 15% des personnes ayant participé aux questionnaires) sont probablement sous représentés, car leur utilisation d’internet et des réseaux sociaux (médium pour cette étude) est moins développée que chez les personnes des tranches d’âges inférieures.
Pour ce qui est du lieu de vie, les grandes villes de France et du Québec viennent en tête. Paris concentre 10% des inscrits à la page Facebook PLM (3). 6% se trouvent à Montréal et un peu moins de 2% à Québec. Vient ensuite Tunis (en Tunisie), Marseille, Nice, la Gironde, Lyon, Toulouse et Montpellier.
QUELLE EST LA PRINCIPALE QUESTION QUE SE POSE LA DÉBUTANTE EN MÉDITATION?
Quelles sont les principales questions que l’on se pose lorsque l’on s’intéresse à la méditation? 2035 participants ont noté par écrit leur principale question. Dans un peu moins de la moitié des cas (42% des participants), la personne aimerait savoir comment faire concrètement pour méditer.
Mais un nombre significatif de personne, 40% d’entre elles, ne sont pas encore prêtes et voudrait d’abord mieux comprendre en quoi la méditation consiste et si elle peut les aider.
18% notent avoir essayé de méditer dans le passé et les 3/4 d’entre elles voudraient savoir comment persévérer dans cette pratique. Et 1/4 de ces 18% veulent savoir s’ils méditent correctement. Regardons ces résultats de plus près.
COMMENT MÉDITER?
Comment faire pour méditer? est la question qui revient le plus souvent. Les participants veulent savoir comment calmer le mental et comment se concentrer. Voilà quelques-unes des questions:
« Comment ne pas laisser mon esprit vagabonder? »
« Les pensées sont et seront toujours là, on dit de ne pas s’y arrêter et de les laisser passer. Comment? »
Dans la continuité de ces questions, les participants aimeraient savoir comment gérer les émotions durant une séance, comment lâcher prise:
« Comment gérer mes émotions et arrêter de ruminer? »
Ils ont aussi des questions concernant quelle technique utilisée:
« Quelle est la meilleure méthode? »
« Est-ce possible pour un débutant de pratiquer la méditation Vipassana? »
D’un point de vue plus pratique, les participants se demandent combien de temps doit durer une séance:
« Quelle est la durée minimale d’une méditation pour être efficace? »
« Est-ce que je peux méditer trop longtemps? »
Ils ont aussi des questions sur les postures de méditation:
« Puis je pratiquer en étant allongé? »
« Pour la méditation faut-il se mettre absolument en lotus? »
Certains d’entre eux se demandent quand méditer:
« Le meilleur moment pour faire la méditation? »
« Dois je méditer à heures fixes? »
POURQUOI MÉDITER?
En savoir davantage avant d’essayer
La question qui est revenue le plus souvent c’est quels bienfaits peut-on espérer de la méditation?
16% des participants veulent savoir si la pratique de la méditation peut répondre à leur besoin. La plupart se demandent si la méditation pourra les aider à atteindre un sentiment de paix: «J’aimerais atteindre la paix intérieure. La méditation pourra-t-elle m’aider à vivre plus sereinement?» ; «Acquiert-on la plénitude avec la méditation?»
Beaucoup aussi se demandent si la méditation pourra améliorer leur quotidien, si elle les aidera à trouver des solutions à leurs problèmes: «Suis-je en mesure d’aboutir à une conclusion face aux problèmes pour lesquels je médite?» ; «M’aidera-t-elle à voir plus clair en moi?» ; «Peut-elle améliorer mon quotidien?»
Les participants se demandent aussi si méditer pourra diminuer leur crise d’anxiété, angoisse et/ou dépression: «Cela peut-il arrêter mes crises de paniques?» ; «Diminuer ma boule au ventre?»
Certains se demandent aussi si cela améliore la santé physique: «Est-ce qu’elle soigne les maladies?»
12% doutent de pouvoir bénéficier de la méditation
La moitié d’entre elles ne sont pas convaincues que la méditation amène des changements: «Est-ce que cela fonctionne réellement?» ; «Est-ce que cela m’aidera réellement?»
Certains se demandent s’ils seront capables d’apprendre à méditer
Ils se demandent d’abord si l’on peut apprendre à méditer seul: «Est-ce mieux de la pratiquer seul ou en groupe, au moins pour commencer?» ; «Peut-on espérer arriver à méditer correctement sans avoir l’aide d’un maître?»
On se pose aussi la question de savoir si la méditation est accessible à tous: «La méditation est-ce à la portée de tout le monde?» ; «Est-ce que j’y arriverais?» ; «J’ai la crainte que l’apprentissage soit trop long.»
COMMENT PERSÉVÉRER ET BIEN MÉDITER?
Pour ceux qui ont essayé de méditer, 18% des personnes ayant répondus au questionnaire, leurs deux principales questions sont:
– Savoir comment être assidue et persévérer sur la durée: «Comment trouver le temps de la pratiquer régulièrement?»; «Comment lui faire une place dans ma vie?»
– Savoir s’il médite correctement: «Comment est-on sûr d’être dans la méditation?»; «Je ne sais pas si je procède comme il faut.»
L’étude des réponses aux multiples questionnaires proposés sur le site Pratiquer la Méditation révèle donc que les personnes s’intéressants à la méditation sont attirées vers cette pratique pour ses potentiels bienfaits, mais pour beaucoup d’entres elles, elles ne savent pas comment concrétiser leur envie de méditer: elles ne sont pas sûres de comment procéder, et certaines d’entres elles doutent de pouvoir réussir à méditer.
Pourtant, il suffit qu’une personne s’initie à une méthode simple de méditation pour qu’elle réalise qu’elle est capable elle aussi de méditer.
IMPRESSIONS APRÈS UNE PREMIÈRE MÉDITATION
4000 personnes ont suivi une méditation guidée (4), la méthode expire10, ayant pour objectif d’apprendre à canaliser l’attention sur la respiration en comptant les mouvements du souffle (voir l’appendice en fin d’article)
Après avoir fait l’exercice, la participante avait la possibilité de partager son expérience.
102 personnes ont noté leurs impressions.
Les 3 thèmes qui sont apparus parmi les réponses sont les suivants:
– C’est plus facile qu’on le croyait.
– Sensation de calme et de détente.
– Envie de continuer.
Plus facile qu’on le croyait
canaliser l’attention sur le moment présent n’est plus un ressenti naturel dans nos sociétés où la femme et l’homme moderne sont souvent perdus dans le mental. Pourtant, en utilisant des directives claires et faciles à suivre, il est possible, même pour le parfait débutant, de ressentir ce que c’est d’être pleinement attentif à sa respiration.
On se surprend alors à être capable d’apaiser le flot des pensées. Voilà quelques observations:
«Je dois avouer qu’au début ça n’a pas été évident de me calmer, vider ma tête, repousser toutes les pensées qui essayent constamment d’envahir mon esprit… mais petit à petit j’ai réussi à me libérer et ça m’a fait du bien. C’est phénoménal de pouvoir ne plus penser à rien même pendant un court moment»
«Simple et facile à suivre.»
«Le fait de compter ses respirations est très efficace pour empêcher les pensées de parasiter l’attention.»
«Je découvre à peine la méditation, même si cela fait longtemps que je veux essayer. Le fait de compter m a stressé au départ puis petit à petit, mon attention s’est posée sur ma respiration. J’ai ressenti immédiatement les effets à savoir détente du visage, du corps ensuite puis je me sens a l’instant « plus légère », très apaisée.»
Sensation de calme
Tourner son attention vers le corps peut amener toutes sortes de sensations. Une personne peut ressentir les tensions dans son corps ou l’agitation du mental. Mais généralement, il y a un effet de lâcher-prise – le corps et le mental ont tendance à se « décrisper » lorsque l’on se connecte au mouvement de la respiration. Cela est souvent accompagné de sensation de détente et de calme.
«Après quelques minutes, mon buste s’est détendu et a trouvé naturellement une posture de détente.»
«Je me sens maintenant beaucoup plus apaisée.»
«Une sensation de libération, d’enfin me retrouver. C’est fou de découvrir à quel point je suis tendue!»
Envie de continuer
Après cette méditation, de nombreuses personnes ont noté que cette expérience leur a donné envie de continuer à méditer.
«Me donne envie de découvrir et persévérer en méditation.»
«J’ai envie d’aller plus loin et d’en apprendre davantage.»
«Je désire recommencer chaque jour je sens que j’en ai besoin.»
« Il faut vraiment que j’arrive à me planifier une séance par jour, car c’est vraiment bénéfique. »
CONCLUSION
Les questions que l’on peut se poser et les doutes que l’on peut avoir lorsque l’on s’intéresse à la méditation sont naturels et partagés par de nombreuses autres personnes. Cela ne doit pas constituer une barrière à la pratique de la méditation, mais bien au contraire une opportunité de mieux comprendre comment cela fonctionne et comment pratiquer.
Il existe en France et à travers le monde, des instituts, des écoles, des formations, des enseignants et des pratiquants expérimentés qui pourront répondre aux questions du débutant et le soutenir dans sa pratique.
Comme noté dans l’introduction, on parle de plus en plus de méditation dans la presse, et c’est un bien. Cela offre un premier contact avec cette pratique dont la société pourrait tant bénéficier. C’est au débutant maintenant d’aller au-delà de ses doutes, de s’informer et de s’éduquer, pour pouvoir vivre l’art de la méditation.
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NOTES
* À propos de l’auteur: Moutassem Hammour a reçu son Doctor of Chiropractic du LCWW (États-Unis) en 1999. Il a pratiqué en clinique privée aux États-Unis, au Liban et en France. Moutassem a régulièrement animé des conférences sur les thèmes du bien-être et d’une vie plus consciente. Il a co-créé le magazine Vitalité et Bien-être avec les éditions Akêos, magazine dont il a été le responsable de rédaction pendant 3 ans. Il continue à contribuer des articles en Anglais et en Français pour des magazines tel Yoga International. Moutassem affectionne le yoga et la méditation depuis plusieurs années. Il anime depuis juin 2012 le blog pratiquer-la-meditation.com.
** Le débutant ou la débutante en méditation réfère à une personne pratiquant la méditation à une fréquence égale ou inférieure à une fois par semaine.
1) Les participants à cette étude viennent de plusieurs pays francophones. La majorité (75%) habite en France puis viennent le Canada et la Belgique.
2) Quatre questionnaires sous forme de sondages et de réponses libres ont été présentés sur le site pratiquer-la-meditation.com. Un total de 3780 personnes ont participé à l’ensemble de ces questionnaires.
3)La page Facebook Pratiquer la Méditation compte 21000 personnes.
4) Sondage conduit par Liudmila Gamaiunova à l’université de Lausanne (Institut de sciences sociales des religions contemporaines) ayant porté sur 260 personnes.
5) Cette première méditation est présentée sous forme de méditation guidée d’une durée de 9 minutes durant laquelle le participant apprend la méthode expire 10 (voir appendice) et la pratique seul lors du dernier tiers de la séance.
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APPENDICE: L’exercice expire10
Le but de la méditation est de stabiliser l’attention. L’homme et la femme modernes ayant leur attention très dispersée, il va être utile d’apprendre à calmer l’agitation mentale en stabilisant l’attention sur le moment présent. Cela nécessite de fixer l’attention sur une cible mouvante qui a lieu dans le moment présent.
La meilleure cible que l’on peut utiliser c’est la respiration. Le flot de la respiration est continu et il est toujours disponible. Il suffit d’y payer attention. Cet exercice consiste à suivre les mouvements d’inspirations et d’expirations.
Lorsqu’une personne commence la méditation, il lui arrive souvent de « décrocher » du mouvement de la respiration et de se perdre dans les pensées. l’exercice expire10 consiste à compter les respirations. Cela est très efficace pour garder l’attention au contact du flot de la respiration.
L’exercice est simple dans son principe. Il faut compter de un à dix. On inspire et l’on compte mentalement (sans faire de son) « un ». On expire avec un « deux ». On inspire en comptant « trois ». On expire « quatre ». On inspire « cinq ». On expire « six ». On inspire « sept ». On expire « huit ». On inspire « neuf ». Et l’on expire « dix ».
Puis on reprend avec « un » en inspirant. Il faut noter qu’on expire toujours à « dix ». Si ce n’est pas le cas, c’est que la personne a perdu le fil à un moment de son comptage. Cette simple méthode permet de plus facilement canaliser l’attention sur le mouvement de la respiration.
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