Dans ce podcast vous allez découvrir les 3 mythes concernant la santé. On va voir comment ces 3 croyances contribuent à une vie où l’on ne va pas exprimer notre plein potentiel. Et vous allez découvrir ce que la science nous apprend sur comment améliorer la santé.
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Mythe 1 : Être en bonne santé = ne pas avoir de symptômes ou de maladies
Réalité : La santé ne se limite pas à l’absence de symptôme.
Mythe 2 : Avoir des symptômes = être en mauvaise santé
Réalité : Les symptômes sont la plupart du temps une réaction saine du corps invitant au changement.
Mythe 3 : On améliore la santé à l’aide des médicaments
Réalité : C’est uniquement à travers des actions proactives que l’on va améliorer notre santé, et non pas en prenant des médicaments.
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Dans la zone commentaire, notez quel changement vous pouvez mettre en place dès aujourd’hui pour améliorer votre santé.
La méditation est attrayante pour ses bienfaits sur le mental et l’émotionnel. Mais ce qui est intéressant, et moins connu, c’est l’effet bénéfique de la méditation sur la santé. En effet, on ne peut pas transformer le mental sans affecter le corps. Découvrons ce que la science nous apprend sur l’intime relation entre corps et esprit, et comment cela nous affecte au quotidien.
Vous avez dit maladie psychosomatique ?
« Mon mal-être physique est d’origine psychologique ». Cette affirmation aurait été accueillie avec beaucoup de scepticisme, voire de moqueries, il y a seulement cinquante ans. Depuis les découvertes de Pasteur et de Koch, le monde médical a longtemps cru que les maladies avaient principalement pour cause un facteur externe (virus, bactérie…) qu’il suffisait de neutraliser à l’aide de la chimie.
Bactéries à l’origine de la tuberculose
Agents Pathogènes
Louis Pasteur découvrit, en 1854, le rôle des micro-organismes. L’Allemand Robert Koch identifia, en 1874, la bactérie associée à l’anthrax chez les moutons. Plus tard, il découvrira que la tuberculose et le choléra sont, chacun, associés à une bactérie spécifique. À la suite de ces découvertes, la médecine cherchera à identifier un micro-organisme pour chaque maladie, et à créer des médicaments capables de contrecarrer l’agent externe.
Si la distinction entre corps et mental trouve son origine chez les Grecs, c’est René Descartes, mathématicien et philosophe, qui aura probablement le plus influencé la culture occidentale sur cette notion. Selon Descartes, le corps fonctionne par des mécanismes autonomes qui sont animés par l’esprit animal. L’âme, quant à elle, reste une entité distincte du corps qui entre en contact avec ce dernier à travers la glande pinéale*. Lorsque l’âme devient consciente de l’esprit animal cela crée la sensation, le corps affectant l’âme. Une action volontaire apparaît lorsque l’âme initie la circulation de l’esprit animal. Dans ce cas, c’est l’âme qui affecte le corps. Si les écrits de Descartes proposent une relation entre corps et âme, le philosophe limite la localisation de l’âme au cerveau (1). Le corps devient la partie animale et la tête, le mental, la partie esprit. Cette théorie de la séparation, spécificité de la culture occidentale, va longtemps affecter la médecine et son approche de la santé.
Aujourd’hui, cependant, les choses changent. Il est en effet de plus en plus admis que l’environnement, l’hygiène de vie ainsi que la disposition mentale d’une personne déterminent son niveau de santé. L’expérience individuelle, mais aussi la science, tendent à confirmer cela.
Lorsque la pensée guérit
La recherche médicale propose une abondance d’études démontrant indirectement l’impact de notre mental sur la maladie. Pour cela, il suffit d’observer ce que l’on nomme l’effet placebo (lire l’encadré), quand une personne,
Le fonctionnement du corps reflète notre état d’esprit.
croyant recevoir un traitement actif alors qu’on lui donne, par exemple, une pilule remplie d’eau, va observer une amélioration de la condition traitée. En d’autres termes, c’est souvent la croyance d’être soigné qui crée la guérison, indépendamment du produit utilisé. Le docteur Herbert Benson, auteur de Timeless Healing (2) a étudié de près la répercussion des pensées sur la biologie du corps. Dans son livre, il en donne un exemple frappant. Une étude, effectuée par Dr Steward Wolf, a porté sur des femmes enceintes souffrant de nausées. Les chercheurs ont mesuré les contractions associées à la nausée et aux vomissements à l’aide de récepteurs que les femmes ont absorbés. Les patientes ont reçu un traitement qui, leur a-t-on dit, devait soulager leur problème. En réalité, on leur a donné du sirop d’ipéca, un produit à l’effet opposé. En effet, le sirop d’ipéca est un émétique. Couramment utilisé lors d’empoisonnement accidentel, il contient une substance qui induit le vomissement. Étonnamment, dans notre cas, les nausées et les vomissements ont cessé et les contractions sont redevenues normales. Croyant recevoir un médicament bénéfique, les femmes enceintes ont inversé l’impact d’un produit très actif.
L’effet placebo ne se limite pas seulement aux médicaments. Un rapport effectué par la clinique MAYO (3), révèle également l’influence de l’attitude du médecin. En effet, un patient réagit mieux à un produit prescrit par un docteur chaleureux et confiant, qu’au même produit proposé par un docteur distant et peu communicatif.
L’effet placebo – Guérir pour plaire
Placebo vient du latin, je plairai, sous-entendu : « je ferai plaisir à qui me soigne ». L’effet placebo est le résultat d’une mesure thérapeutique sans rapport logique avec la maladie, mais agissant si le sujet pense recevoir un traitement actif. Ce concept, utilisé principalement dans le cadre de la recherche, permet de déterminer le « réel » effet d’un médicament ou d’une thérapie par rapport à l’effet associé uniquement à l’autosuggestion. Mais, au-delà de cette utilité pratique, l’effet placebo révèle que le corps est capable de s’autoréguler lorsqu’une personne se trouve dans une certaine disposition mentale et émotionnelle. Des chercheurs en neurologie ont noté que « l’étude de l’effet placebo tend également à démontrer comment le contexte des croyances et des valeurs affectent le fonctionnement du cerveau et, par extension, la santé physique et mentale. »
(Benedetti F, Mayberg HS, Wager TD, et al : « Neurobiological mechanisms of the placebo effect. » The Journal of Neuroscience 2005 ; 25 (45) : 10390.)
« Se rendre malade »
Si nos croyances peuvent affecter notre guérison, il semble qu’elles jouent également un rôle dans notre susceptibilité à tomber malade ? C’est ce que l’on appelle parfois l’effet nocebo. Une intéressante observation a été faite dans un centre d’étude du cœur. Une femme, croyant être sujette à un problème cardio-vasculaire, présente 4 fois plus de chance de mourir d’un problème cardiaque qu’une femme ayant les mêmes facteurs de risque, mais ne pensant pas être exposée à ce type de condition (4). Cela peut alors expliquer pourquoi, au-delà des prédispositions génétiques, une personne ayant un parent souffrant d’un mal particulier présente un plus grand risque de développer la même pathologie.
Lorsque le corps agit sur le mental
Si nos croyances conditionnent notre physiologie, inversement, le corps agit sur le mental et les émotions. Une étude comparative a révélé que la pratique de la course à pied s’avérait plus efficace qu’un antidépresseur dans le traitement de la dépression (5). De plus, certaines approches corporelles de la santé présentent non seulement des bénéfices pour le corps mais aussi, semble-t-il, pour le mental.
Ces observations mènent à la conclusion que le corps et le mental ne sont pas séparés. Ils semblent ne former qu’une seule et même entité, appelée bodymind**, agissant simultanément l’un sur l’autre.
Les molécules d’émotions
Candace Pert est l’auteur du livre à succès « Molecules of Emotion ».
Candace PERT, PhD, neuroscientifique et pharmacologiste, est connue pour sa découverte, en 1970, des récepteurs d’opiacé dans le cerveau. Ces dernières années, ses recherches l’ont conduite à une nouvelle compréhension de la relation entre corps et mental. En effet, le Dr Pert souligne que l’esprit ne semble pas, comme on pouvait le croire, se limiter au cerveau. Elle note que les émotions forment un pont entre corps et esprit. Ces émotions amènent le cerveau, mais aussi l’estomac, les glandes, les muscles et les principaux organes, à sécréter des hormones appelées neuropeptides : les molécules d’émotions. Ces peptides vont ensuite affecter la biologie de l’organisme. Pour Candace Pert, il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit. Lorsqu’on lui demande l’implication de sa découverte, elle recommande un équilibre quotidien en combinant, par exemple, la méditation et la pratique d’un sport.
Molecules of Emotions, C. PERT, Scribner Book Company.
Face à ces diverses observations, les bienfaits d’une approche globale de la personne apparaissent comme évidents. Le praticien de santé ne peut s’adresser à un mal particulier, sans prendre en compte la personne et son contexte de vie. Similairement, l’individu prend conscience que sa santé tient aussi de sa responsabilité, et qu’il peut agir pour la renforcer. Le corps et l’esprit forment un tout qui ne peut s’épanouir que lorsque l’individu intègre, dans son quotidien, des gestes qui nourrissent le corps comme l’esprit.
Méditer régulièrement sera donc non seulement bénéfique pour reposer l’esprit, cela contribuera à améliorer votre santé physique.
Avez-vous expérimenté la relation entre corps et mental. Par exemple, comment se manifeste le stress chez vous ? Ou bien, avez-vous remarqué un changement dans votre santé physique ou votre vitalité grâce à la méditation ? Merci de partager votre expérience dans la zone commentaire.
Notes et références
Article de M. Hammour initialement publié dans Vitalité et Bien-être, N°4, Sept./Oct. 2006
Graphisme: Fabrice Marziale.
(1) Wozniak Robert H., “Mind and Body : René Descartes to William James”, National Library of Medicine et the American Psychological Association, Washington, 1992.
(2) Timeless healing, Herbert Benson, M.D, Editions Fireside.
(3) Placebo effect : harnessing your mind’s power to heal. Science Daily, 2003.
(4) Voelker Rebecca, “Nocebos Contribute to a Host of Ills.”, Journal of the American Medical Association, 275 N° 5, 1996.
(5) Babyak M. et al, “Exercice treatment for major depression : Maintenance and therapeutic benefit at 10 months”, Psychosomatic Medecine, vol. 62 (5), 2000.
* La glande pinéale est une glande endocrine qui se trouve derrière le front. Elle sécrète la mélatonine lorsqu’il fait sombre permettant l’endormissement. Étant la seule partie du cerveau au centre et, autrefois, pensée (inexactement) comme spécifique à l’homme, Descartes a choisi cette partie du corps comme siège de l’âme.
** Le terme Bodymind (corps/esprit) est de plus en plus utilisé dans la littérature, concernant le développement personnel, mais aussi par certains scientifiques, telle la chercheuse Candace PERT qui a découvert les neuropeptides, les « molécules d’émotions ».
L’un des bienfaits de la méditation est qu’elle ramène l’attention sur notre corps. Ce qui va améliorer notre santé et notre vitalité. Car ressentir le corps, va nous permettre d’être plus attentif à ses messages et agir ainsi en accord avec l’intelligence du corps. Car en effet le corps est intelligent. Même si la société moderne semble l’avoir oublié.
Nous sommes déconnectés de notre corps
Notre époque nous a « déconnectés » de notre intelligence innée. Nous vivons dans une culture qui a évolué en maîtrisant son environnement. Armé des sciences, l’homme moderne a modulé son environnement pour le rendre plus sûr et plus confortable. Cela a conditionné une certaine méfiance vis-à-vis de notre corps, comme envers tout ce qui ne peut pas être contrôlé, tout ce qui peut surgir en nous, sans que l’on puisse l’enfermer ou le tenir… Si cela reste une étape importante dans l’évolution de l’humanité, la maîtrise ou la recherche de contrôle a, en quelque sorte, séparé l’homme de cette intelligence, cette force de vie, naturelle, dans laquelle il baigne.
Je dirais même que notre culture, notre société, et souvent notre éducation, ont muselé, dès le plus jeune âge, le corps et l’intelligence qu’il porte en lui. Cette intelligence, qu’Albert Einstein nomme le mental intuitif, est néanmoins toujours là et surtout elle ne cesse de s’exprimer à travers nos intuitions, nos douleurs et nos émotions pour nous éveiller à l’essentiel.
Un problème culturel qui commence dès le plus jeune âge
Petits, nous n’avons pas appris à écouter notre corps. Très tôt, on nous a enseigné à porter plus d’importance au monde extérieur. L’approbation des parents, puis des maîtres, les études et enfin la réussite sociale focalisent notre attention. À force de n’être qu’à l’écoute de signaux extérieurs, les mécanismes qui nous permettent de ressentir le corps deviennent inhibés. Pour résultat, on ne réalise plus aujourd’hui que les symptômes que l’on peut ressentir sont les messagers du corps.
Les symptômes sont les messagers du corps
Si, après un repas copieux et arrosé, vous ressentez de l’inconfort, voire des douleurs au ventre, c’est juste l’expression de l’intelligence du corps qui vous dit « Attention, si tu continues à manger de la sorte tu risques de développer des problèmes de santé. » Comment réagit-on habituellement ? On prend un antiacide qui va calmer la douleur un certain temps. Or, si l’on continue à manger de la même façon, le corps va s’exprimer de plus en fort. Comme l’explique justement Jacques SALOME, psychologue et écrivain, notre première réaction qui consiste à faire taire le message du corps n’est pas salutaire sur le long terme.
Cette attitude ne se limite pas aux manifestations physiques du corps. Elle est souvent la même face aux émotions. Lorsqu’une émotion ou un sentiment inattendu et inconfortable survient, l’individu va, en général, chercher à le fuir. À l’aide d’antidépresseurs, de calmants ou encore à travers l’alcool, la drogue ou même le travail, on tentera d’anesthésier son mal-être.
Les émotions sont des appels au changement
Or, selon le docteur Donald EPSTEIN, chiropraticien et chercheur, les émotions comme les symptômes sont des appels au changement. Plus l’intensité de l’émotion est importante plus le changement est urgent. On comprend alors l’importance de réapprendre à écouter le langage du corps pour agir en conséquence.
Pour la majorité des gens, leur attention est accaparée par des pensées à propos d’événements passés ou de situations à venir. Développer l’écoute du corps est un apprentissage qui nécessite de se réapproprier son attention pour la tourner vers l’intérieur. Cela va souvent à l’encontre d’années de « non-conscience » du corps, et sollicite une réelle volonté de changement pour y parvenir. Pour tous ceux qui désirent exprimer une meilleure santé et plus de vitalité, développer sa conscience du corps est une étape indispensable.
Le yoga et la méditation offrent des moyens efficaces pour développer cette conscience du corps. A chaque fois que vous allez faire une séance de méditation, vous allez muscler votre capacité à percevoir les messages subtils du corps. Ressentir le corps et la vitalité qu’on a en soi est non seulement agréable, cela va considérablement améliorer notre santé et prévenir des futures maladies.
Une étude rétrospective sur 2818 patients ayant suivie un programme (network care) pour améliorer la conscience de leur corps a révélé une amélioration significative dans la santé physique et émotionnelle des participants.
Réapprendre à écouter le corps va donc nous permettre de mieux savoir ce qui nous fait du bien. Je vous recommande de méditer, de marcher en conscience, de pratiquer le yoga, ou le tai chi ou le qi qong. Votre corps vous remerciera.
Pourquoi méditer? Selon Bhante Henepola Gunaratana, moine bouddhiste, notre esprit est comme un verre d’eau boueuse. Le but de la méditation est de clarifier l’eau pour que l’on puisse voir ce qui se passe dedans. La meilleure façon de faire est de laisser reposer. Avec un peu de temps, on finit par avoir de l’eau claire.
Soupe mentale
Nos séances de méditation sont là pour nous permettre ce processus de clarification. La soupe mentale se repose, et nous pouvons profiter d’une nouvelle clarté d’esprit qui va nous aider à faire face aux évènements du quotidien.
Ne pas forcer
Cela ne veut pas dire qu’il faut forcer cette clarification. C’est un processus qui prend place naturellement. Le simple fait de s’asseoir immobile et d’être attentif permet cela. À l’opposé, tout effort pour forcer ce processus est contre-productif. Essayez de forcer votre esprit à ne plus réfléchir et vous ajouterez de l’énergie dedans. C’est comme remuer la boue dans le verre d’eau, il deviendra encore plus opaque.
Laisser reposer
La meilleure façon de clarifier le ‘fluide mental’ c’est de le laisser reposer. N’ajoutez pas de l’énergie à cette situation. Juste observer en pleine conscience le mouvement des particules dans l’eau (vos pensées et vos émotions) sans aucune interférence. Lorsque le mouvement cesse enfin, il ne reprendra pas de lui-même. Notre seul effort dans la méditation est une douce et patientepleine conscience.
Stocké dans notre esprit
Notre séance de méditation est déterminante dans notre journée. Tout ce que l’on vit est stocké dans l’esprit sous la forme d’une pensée ou d’une émotion. Durant nos activités du quotidien, nous sommes souvent pris dans une succession d’actions, mais sans vraiment intégrer pleinement ce que l’on vit. On met alors beaucoup de choses de côté…dans notre inconscient. Il n’est pas alors étonnant que l’on accumule tant de tensions au niveau du corps et du mental.
Le laisser aller
Tout ce matériel non digéré ressurgit d’une manière ou d’une autre durant la méditation. Cela vous donne l’opportunité de l’observer, de le voir pour ce qu’il est, puis de le laisser aller. Les séances de méditation créent un environnement propice à cette libération. Méditer permet de clarifier l’esprit.
Lorsqu’on médite, on s’isole des évènements qui stimulent sans arrêt l’esprit. On prend du recul par rapport aux activités qui génèrent des émotions. En s’asseyant immobile dans un endroit calme, on permet aux émotions/pensées de refaire surface pour ensuite les voir disparaître. Gunaratana note que cela est comme recharger une batterie. La méditation nous permet de recharger notre conscience du présent.
Avez-vous apprécié la vision de Gunaratana sur la méditation ? Vous pouvez lire son ouvrage les Huit Marches Vers le Bonheur, aux éditions Albin Michel (préface de Arnaud Desjardins).
Bio
Bhante Henepola Gunaratana est moine bouddhiste. Ordonné à l’âge de 12 ans à Kandy (Sri Lanka), il a reçu une formation de novice pendant huit ans et de bhikkhu (moine) pendant sept ans, avant de quitter le Sri Lanka en 1954 pour travailler en Inde avec les Intouchables.
Il arriva aux États-Unis en 1968 et devint Secrétaire Général honoraire de la Buddhist Vihara Society, monastère urbain de Washington, D.C., tout en obtenant un doctorat de philosophie à l’American University, où il exerça par la suite les fonctions de chapelain bouddhiste.
Depuis plus de quarante ans, il enseigne le bouddhisme et conduit des retraites de méditation dans l’Asie du Sud-Est, en Amérique du Nord, en Europe, au Mexique et en Australie.
Comprendre et dépasser le sentiment de culpabilité
La culpabilité est un sentiment qui nous coupe du moment présent. Elle sape notre énergie et elle est source de confusion. La culpabilité est souvent initiée de l’extérieure, mais nous l’alimentons de l’intérieur, et cela, souvent pendant des années. D’où vient le sentiment de culpabilité, quelles sont ses conséquences et que peut-on faire pour la dépasser ?
« Je suis triste »
Il y a quelques semaines, je me suis surpris à feindre la tristesse pour amener mon petit neveu de 4 ans à m’écouter. Il voulait monter jouer à l’étage, mais je devais le garder près de moi. Je me suis couvert le visage des mains : « je suis triste, car tu ne veux pas rester avec moi.» Il ne m’a pas vraiment cru, car il avait un petit sourire en coin. Mais il a tout de même joué le jeu, et en posant sa petite main sur mon bras, il m’a dit de ne pas être triste, car il était encore là.
Ma tentative de le faire culpabiliser s’est arrêtée là. Moi même je n’aime pas lorsqu’une personne essaie de me faire culpabiliser. Et surtout, j’ai conscience des dégâts que ce sentiment peut avoir sur notre bien-être. Je reste donc vigilant au fait de ne pas susciter la culpabilité chez autrui, et surtout chez les êtres qui me sont chers.
Un moyen redoutablement efficace
Pourtant il est vrai que la culpabilité est un moyen très efficace d’amener une personne à agir selon certaines règles. Au lieu de les confronter, « Tu devrais faire ça ; ne fait pas ça, ne fait pas ci », on met une graine en eux qui va faire le travail pour nous. Une fois que la culpabilité ‘a pris’ on n’a plus besoin de forcer la personne à agir contre son gré. En effet, lorsque la personne commence à s’éloigner du ‘droit chemin’, le sentiment de culpabilité qu’elle porte désormais en elle va susciter une peur qui va la ramener à ‘la raison’. Cette peur peut prendre plusieurs formes : la peur de déplaire, la peur de décevoir, la peur de faire de la peine, la peur d’être une mauvaise personne, etc.
La culpabilité est un moyen si efficace de diriger autrui qu’on la retrouve dans tous les domaines de notre vie.
Famille, culture, relations… le sentiment de culpabilité est souvent présent
Culturel et familial : Les règles de vie, qu’ils soient de la société ou de la famille, portent souvent en eux une dimension morale. Tel comportement est considéré comme bien et tel autre comme mal.
Religion : On retrouve également cela dans l’enseignement religieux où les notions de bien et de mal sont fortement présentes.
Relationnel : Notre rapport à nos parents, à notre conjoint(e), ou encore à nos enfants est souvent imprégné de culpabilité. On a l’impression d’en faire trop, ou pas assez ; de ne pas être assez bien dans notre rôle de fils, fille, père, mère, ou amant.
Santé physique et morale : on culpabilise même par rapport à notre état d’être : « Je suis désolé d’être triste, d’être fatigué, de ne pas être motivé, … »
La culpabilité est donc comme une graine que quelqu’un sème en nous. Nos parents, nos enseignants, et la société sèment cette graine en voulant notre bien, en espérant nous protéger et en souhaitant nous donner les chances de réussir. Mais ce moyen de transmettre est basé sur la peur, et la peur finit toujours par nous éloigner de notre nature véritable. Quelles sont les conséquences de voir le monde à travers le filtre de la culpabilité ?
Vivre avec le sentiment de culpabilité
Une prison imaginaire
Les sentiments de culpabilité nous limitent dans nos possibilités. Ils nous forcent à suivre un chemin qui n’est pas toujours le nôtre. Avec la culpabilité vient une sorte de superstition. Dès qu’une personne s’éloigne de ce qu’elle croit être bien, puis qu’elle fait face à un obstacle, elle risque de percevoir ça comme une ‘punition‘, car elle a ‘fauté’. Il est déjà difficile de sortir de sa zone de confort, d’affronter le changement. Si en plus, on ne cesse de se dire que « c’est mal, qu’on ne devrait pas », on risque de se retrouver coincé dans une vie étroite que l’on n’a pas choisi, et qui ne nous convient pas.
Ressentiment et rejet
Un des autres effets de la culpabilité c’est le risque de rejeter notre passé. Une personne qui subit un fort sentiment de culpabilité au quotidien va vouloir fuir cette souffrance. Elle risque alors de rejeter les personnes avec qui elle associe sa culpabilité en espérant la diminuer. Elle va transformer la culpabilité en un sentiment de ressentiment, voire de haine. Ce scénario arrive souvent dans les familles où l’un des parents est très culpabilisant. L’enfant se sent étouffer et va chercher à s’éloigner. Plus il fait cela et plus le parent va le faire culpabiliser pour le garder auprès de lui. On voit comment cette dynamique risque de créer une rupture douloureuse. Une personne risque donc, pour ne plus subir l’emprise de la culpabilité, de rejeter des personnes qu’elle aime.
Confusion
Ressentir de la culpabilité est également source de confusion. En grandissant on réalise que nos parents ne sont pas parfaits, que les croyances que l’on nous a transmises sont parfois bancales, que notre vision de ce que la vie devait être à 30 ans (ou à 40, 50, ..) ne corresponds pas du tout avec notre réalité. En d’autres termes on ne sait plus ce qui est souhaitable ou à éviter, ce que l’on devrait faire ou ne pas faire. Et même si on continue à se laisser guider par notre culpabilité, on réalise que le monde autour de nous ne semble plus fonctionner avec les mêmes règles. Tout cela est source de confusion et d’inquiétude voir d’angoisse.
Comment dépasser le sentiment de culpabilité ?
L’important est de mettre en lumière notre sentiment de culpabilité, puis d’aller voir plus en profondeur, ce qui s’y cache derrière.
Découvrez en bas de l’article un exercice sous forme de 4 questions.
Aller au fond du puits
Le sentiment de culpabilité nait du besoin de plaire (convenir, faire plaisir) à une autorité, personnifiée ou abstraite, tels nos parents, notre patron, la société, ou encore Dieu. Derrière ce sentiment de culpabilité, il y a donc toujours la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être une personne bien, et ultimement de se retrouver seul, abandonné. En d’autres termes, on a besoin de l’approbation d’une autorité pour exister.
Mais voilà, vous existez, indépendamment des notions de bien et de mal. Il suffit de ramener son attention sur le flot de sa respiration pour en prendre conscience. Lorsqu’on revient vers soi, le sentiment de culpabilité se dissipe, car il n’a plus d’emprise. Lorsque l’on est dans le moment présent, on se sent exister. La vitalité que l’on ressent alors balaie le besoin de reconnaissance. On réalise que tout est déjà là, que l’on n’a pas besoin d’agir de telle ou telle façon pour exister. La culpabilité et les peurs qu’elle cache laissent alors place à un sentiment de bienveillance que l’on ressent envers soi et envers les autres.
Inspirer plutôt que faire culpabiliser
Lorsque l’on se libère du sentiment de culpabilité, on réalise qu’il y a des moyens bien plus sains d’éduquer et de transmettre. Il est de rappeler sans cesse à l’autre qu’on l’apprécie et qu’on l’aime malgré ses faiblesses et ses doutes. Il est d’inspirer l’autre à agir selon son cœur et non selon ses peurs. Ce qui est intéressant c’est qu’une personne qui agit selon son cœur aura tendance à se faire du bien et à faire du bien aux autres.
Conclusion
Si aujourd’hui vous avez conscience que le sentiment de culpabilité est bien présent dans votre vie, c’est une opportunité d’aller plus en profondeur en vous même. Saisissez ce sentiment et suivez-le pour voir ce qu’il cache. Est-ce la peur de ne pas être une personne bien ? de vous retrouver seul ? Touchez du doigt cette peur imaginaire, puis ramenez votre attention sur l’instant présent. Si vous faites cela pendant quelques jours, le sentiment de culpabilité perdra peu à peu son emprise sur vous.
Méditer régulièrement vous aidera ensuite à approfondir cet état d’être qui est un état libre de peurs et de jugements.
C’est très libérateur de vivre sans avoir besoin de l’approbation d’une figure d’autorité. On ne va pas pour autant faire n’importe quoi. Bien au contraire, agir à partir de cet état, nous permet d’être plus authentiques et de mieux contribuer au monde.
Participation et ressources
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Vous trouverez ci-dessous un exercice pour dépasser le sentiment de culpabilité sous forme de 4 questions et une vidéo qui vous montre comment l’utiliser.
Développer sa créativité nécessite un subtil mélange de lâcher-prise et de vigilance, de disponibilité et de concentration. La création n’est pas le fruit de la volonté, elle émerge lorsque l’on est capable de créer suffisamment d’espace en soi pour qu’elle puisse s’exprimer. Qu’est ce que j’entends par « créer de l’espace en soi » et comment le faire ?
Faire place à l’inconnu
Écrire, peindre, créer une chorégraphie, réfléchir à un projet professionnel ou simplement prendre une décision nécessite une certaine créativité. À l’opposé d’un acte machinalement répété – physique ou intellectuel – où le résultat est connu, l’acte de créer sous-entend un résultat inconnu et nouveau.
Lorsque je m’installe pour écrire un article, j’ai une vague idée des notions que j’aimerais présenter. Je ne vais pas de A à B avec un plan précis comme l’on suivrait une recette de cuisine à la lettre. Je commence avec un certain état d’esprit, un sentiment, une idée, puis j’entreprends d’avancer pas à pas dans le processus d’écriture. L’article se construit à travers moi, plutôt que par moi.
Un mélange de lâcher-prise et de contrôle
Ce processus de création fait appel à un mélange de vigilance et de disponibilité. La vigilance me permet de garder une certaine cohérence dans mon travail. Elle fait appel à mon expérience de l’écriture et à mon envie de présenter le contenu d’une manière simple et logique. Elle donne la structure sur laquelle va se construire le contenu.
Le contenu, quant à lui, émerge d’un état de disponibilité. Je tends « l’oreille de l’esprit » et je me rends disponible à recevoir les idées, les mots et les phrases. Je suis pleinement présent et je ne pense pas au résultat final. C’est ce mélange d’ouverture et de structure qui semble créer l’espace en soi pour pouvoir accueillir de nouvelles idées.
On ne peut pas pourchasser la créativité, on peut juste l’accueillir
Si cet état de disponibilité facilite la créativité, il n’est pas toujours facile à atteindre. Le boucan du mental rend souvent difficile l’écoute vigilante nécessaire à la création. Si l’on a mille choses en tête lorsqu’on s’installe pour créer on risque de rapidement ressentir de la frustration. On risque alors de « forcer » le travail pour finir avec un résultat qui est peu satisfaisant, car pas authentique.
Dans ce cas, il est utile d’apprendre à faire le calme en soi à travers la méditation et l’exercice physique. Cela nous préparera à nous rendre disponibles lorsque c’est nécessaire. Car dans nos quotidiens surchargés, basculer d’un état de tension à un état de créativité nécessite un certain temps. Et comme nous sommes nombreux à en manquer, cette transition se fait difficilement et l’on renonce alors à écrire, à peindre, à créer… Ce qui est fort dommage, car créer est un acte fondamental pour le bien-être de chacun.
Créer est fondamental pour notre bien-être
Pouvoir exprimer sa créativité est non seulement agréable, c’est libérateur. Lorsque l’on est dans un processus créatif, l’égo, la fierté, et les inquiétudes se dissipent pour laisser place à une joie naturelle. Celle d’agir en harmonie avec notre sensibilité et nos talents.
Pourquoi devons-nous tous utiliser notre puissance créatrice ?… Parce qu’il n’y a rien qui ne rende les gens si généreux, si gais, si vivants, si hardis et si compatissants, si indifférents à la guerre et à l’accumulation d’objets et d’argent.
Brenda Uela (1891 – 1985 ; écrivain et journaliste américaine)
Méditer régulièrement nous permettra de bien plus rapidement basculer dans un état de disponibilité. On pourra alors trouver des créneaux dans sa semaine pour pouvoir exprimer l’énergie unique que l’on porte en soi. L’agréable sentiment d’accomplissement qui naît d’une journée où l’on a exprimé sa créativité nous montre à quel point c’est un acte essentiel à notre bien-être.
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Photo: Photographe Peter M. Fisher ; Jeune femme confectionnant une bottine dans son atelier.
Une mauvaise nuit de sommeil et le lendemain nous sommes fatigués et plus facilement irritables. Que se passe t-il alors après deux, trois, ou quatre mauvaises nuits ? ou mêmes après plusieurs semaines de sommeil perturbé ? C’est toute notre qualité de vie qui s’en trouve profondément affectée. Un bon sommeil est l’un des piliers pour une bonne santé physique et morale. Méditer régulièrement a le potentiel de nous redonner accès à de bonnes nuits récupératrices. Voilà comment.
Je dors moins bien qu’à mon habitude
Depuis une semaine, je dors moins bien qu’à mon habitude. Je travaille en ce moment sur la création d’une formation en ligne, et j’ai mille idées qui se bousculent dans ma tête concernant le contenu et la structure de cette formation. Le soir au lit, je ne peux m’empêcher de continuer à y réfléchir. J’ai sommeil et j’ai envie de dormir, mais mon mental continue à sauter avec ferveur d’une idée à l’autre.
Un mental agité nous empêche de dormir
La plupart des problèmes d’insomnie sont associés à la présence d’un mental hyperactif. Certaines personnes ont du mal à s’endormir à causes des pensées qui tournent dans leur tête. D’autres s’endorment rapidement mais se réveillent dans la nuit en train de réfléchir. Très souvent, les pensées génèrent des émotions et parfois de l’anxiété. Cela créé une agitation en soi qui rend l’endormissement très difficile.
Pensées heureuses ou malheureuses, même problème
Dans mon cas, mon dialogue intérieur n’était pas anxiogène. Au contraire, j’étais pris dans des pensées qui me plaisaient et qui me motivaient. Mais cela créait tout de même une agitation en moi qui m’empêchait de dormir. Après quelques nuits (et des journées au ralenti) de ce régime, j’ai pris conscience que mes pensées pouvaient attendre le lendemain matin et que je préférais dormir d’un bon sommeil. Lorsqu’une fois au lit mon attention repartait dans mes projets, je la rattrapais pour la ramener sur ma respiration, mais sans la brusquer !
Prendre un enfant par la main
C’est comme avec un enfant qui ne veut pas vous suivre. Il est plus efficace de lui donner de l’espace tout en lui faisant comprendre que l’on est là et qu’il est temps de partir. Ensuite, on peut le prendre par la main et l’amener avec nous sans trop de résistance. C’est beaucoup mieux que de l’arracher à ses jeux en lui disant « aller, c’est l’heure de partir ! ».
De même avec nos pensées, on peut les observer d’une façon bienveillante. « Je sais que tu as hâte d’avancer dans tes projets, mais mieux vaut dormir tôt pour être frais et dispo demain matin ». Ensuite seulement, l’on pourra se caler sur le mouvement de sa respiration.
Méditer au lit
Cette méditation au lit est très efficace, car elle décroche le mental suffisamment longtemps pour nous permettre de nous endormir. Dans mon cas, quelques respirations conscientes et … dodo. Parfois, je repartais dans mes pensées, mais j’en prenais conscience rapidement. Je revenais alors sur le flot de la respiration et cette fois-ci je m’endormais rapidement.
Le fait que je médite régulièrement a créé les fondations pour pouvoir efficacement décrocher du mental et dans ce cas pouvoir mieux dormir. En effet, la pratique de la méditation favorise la capacité à se détendre. Une analyse de plusieurs études scientifiques sur les effets de la méditation sur l’insomnie montre que méditer améliore considérablement la qualité du sommeil. Voir plus bas pour le résumé de cette analyse.
De rapides effets sur la qualité du sommeil
Les bienfaits de la méditation concernant le sommeil apparaissent relativement rapidement. Une autre étude publiée dans le journal Neuropsychobiology (2012) a évalué 20 participants sur une période de 8 semaines : 9 d’entre eux méditant déjà depuis des années, et 11 novices ayant suivi une formation sur la méditation pendant 8 semaines. Dans les deux groupes, on a pu observer une diminution du taux sanguin de cortisol (hormone de stress) le matin avec les anciens méditants ayant un taux plus bas. Les novices découvrant la méditation ont constaté une amélioration de leur sommeil après les 8 semaines de méditation.
Note: Découvrez aussi la respiration carrée pour efficacement se détendre avant de se mettre au lit.
Des adolescents qui dorment mieux
La méditation semble également aider une population fragile émotionnellement : les adolescents. Une étude conduite par Bootzin et Stevens (2005) a été menée auprès de 55 adolescents (âgés de 13 à 19 ans) souffrant de problèmes de sommeil. Pendant 6 semaines, ces adolescents suivirent un programme de méditation. Les auteurs de l’étude ont constaté une amélioration significative dans ces 4 paramètres :
– Diminution de l’insomnie
– Moins d’inquiétudes et d’angoisse durant la nuit
– Amélioration dans la qualité du sommeil
– Amélioration dans la durée du sommeil
Conclusion
Méditer offre une solution naturelle (immensément plus saine que l’utilisation de somnifère) à un trouble qui concerne occasionnellement un tiers de la population, et chroniquement 10 % de la population*.
S’il y a plusieurs facteurs (problèmes de digestion, apnée du sommeil, impatience dans les jambes, etc.) pouvant perturber le sommeil, dès lors que l’on subit un mental hors de contrôle la nuit, apprendre à méditer va constituer une aide précieuse pour améliorer la qualité de nos nuits et par extension celles de nos journées.
À quoi pensez-vous la nuit ? Travail, relations, projets, décision à prendre, conflit ? Enrichissez cet article en partageant votre expérience dans la zone commentaire.
Les effets de la pleine conscience (MBSR) sur les troubles du sommeil : Revue de la littérature scientifique
The effects of mindfulness-based stress reduction on sleep disturbance: a systematic review.
(PMID:18005910)
Winbush NY, Gross CR, Kreitzer MJ
Department of Family Medicine and Community Health, University of Minnesota, Minneapolis, MN, USA. winbu002@umn.edu
Explore (New York, N.Y.) [2007, 3(6):585-591]
Introduction : Les troubles du sommeil sont associés à une perte de santé. Certaines réflexions caractérisées par le stress et les inquiétudes peuvent causer, ou contribuer à des problèmes de sommeil. Cette étude a voulu évaluer le fait que le sommeil pouvait être amélioré par la pratique de la pleine conscience (MBSR). Pour cela, une revue de la littérature scientifique sur la méditation et le sommeil a été faite
Résultats : sur 7 études cliniques portant sur l’effet de la méditation sur le sommeil, 3 études ont révélé une légère amélioration du sommeil chez les personnes qui méditent comparé aux groupes contrôles. Les 4 autres études ont observé une amélioration considérable dans la qualité et la durée du sommeil chez les personnes qui ont suivi le programme de méditation.
Conclusion : Il y a des évidences suggérant que la pratique de la pleine conscience était associée à une amélioration du sommeil, et que les pratiquants de MBSR expérimentaient moins de pensées anxiogènes durant la nuit.
La réponse sans détours d’un moine bouddhiste et philosophe
Méditer n’est pas facile. Cela prends du temps et de l’énergie. Cela nécessite également de faire preuve de persévérance et de discipline. C’est certainement beaucoup plus facile de se relaxer devant la télévision. Alors pourquoi s’en donner la peine ? Pourquoi utiliser notre temps et énergie alors que l’on pourrait faire quelque chose de plus facile, de plus agréable ? Voilà la question que nous pose Bhante Gunaratana, moine bouddhiste originaire du Sri Lanka.
Insatisfait chronique
Selon ce moine qui est également philosophe (voir sa bio plus bas) la réponse est simple. Nous devons apprendre à vivre dans le présent car nous sommes humain. Car à cause de notre condition d’humain, nous portons en nous un inhérent sentiment d’insatisfaction. On peut le supprimer de notre conscience un certain temps ; on peut se distraire pendant des heures, mais éventuellement le sentiment d’insatisfaction revient toujours, et souvent lorsqu’on s’y attend le moins. Tout d’un coup, sans raison apparente, on se redresse et on réalise que quelque chose ne va pas dans notre vie.
Et si il y avait un autre moyen de vivre?
On prend soudainement conscience que l’on avance dans la vie en essayant de limiter les dégâts et que c’est globalement la seule chose que l’on puisse faire. On sauve les apparences et de l’extérieur on semble bien se débrouiller. Et même lorsque le doute nous submerge on continue à prétendre que c’est ok. On garde pour soi ces moments inconfortables car l’on sait qu’éventuellement on sera suffisamment occupé pour ne pas avoir à y penser. Mais malgré cela, au fond de soi, on a conscience qu’il y a une autre façon de vivre, une façon plus saine d’appréhender le monde, de vivre plus pleinement.
Des moments passagers
C’est vrai que par moment la vie semble nous réussir. Notre travail se passe au mieux, on tombe amoureux, ou encore on voyage et on découvre des choses nouvelles. La vie prend alors une forme plus riche masquant le sentiment d’insatisfaction. On se dit « Ca y est, j’ai réussi. Maintenant, je suis heureux » Mais, même ces périodes finissent par s’estomper. Tout ce qui nous reste alors sont des souvenirs et le sentiment qu’à nouveau quelque chose ne va pas.
Y a-t-il quelque chose qui ne va pas avec moi?
On se demande alors pourquoi on n’arrive plus à être heureux, et l’on espère que le futur nous amènera à nouveau de la joie de vivre. La vie est similaire à des montagnes russes émotionnelles où l’on se retrouve souvent en bas, plein de lassitude, en espérant remonter vers des jours meilleurs.
Cette inaptitude à être bien dans sa vie peut même vous agacer. Y a-t-il quelque chose qui ne vas pas avec vous ? Êtes vous incapable de vivre heureux ? Non. Vous êtes simplement humain. Et vous souffrez de la même condition qui affecte chaque être humain. C’est un monstre à plusieurs têtes que l’on porte en soi : stress continu, manque de compassion envers les autres (même les personnes les plus proches), sentiments refoulés, impatience, intolérance, et un sentiment continu d’insatisfaction. Quoi que l’on fasse il y a une petite voix dans le fond de sa tête qui dit « c’est pas encore assez. J’ai besoin d’avoir plus. Il faut que ça soit mieux. Il faut que j’en fasse plus. »
« Et seulement si »
La vie semble être un perpétuel combat, un effort continu pour éviter toutes ces choses qui peuvent mal se passer. Et comment gérons-nous cela ? On reste coincé dans le « et seulement si » syndrome. Si seulement je gagnais mieux ma vie, si seulement je rencontrais une personne qui m’aime vraiment, si seulement je pouvais perdre ces 10 kilos en trop, et ainsi de suite. Mais d’où vient cette façon étrange de penser qui nourrit continuellement notre insatisfaction, et surtout, que pouvons nous y faire ?
Transformer notre façon d’appréhender le monde
Cette façon de penser vient d’un conditionnement du mental. Ce sont des habitudes de pensées qui se sont accumulées sur les années pour former un nœud géant. Cette boule de nœud aujourd’hui limite considérablement notre liberté de penser et nous garde bloquer dans une vision étriquée de la vie où le sentiment de manque domine sur le reste. Il s’agit alors de délier petit nœud après petit nœud en y portant notre pleine conscience.
Tout comme notre façon de voir le monde s’est construite petit à petit, il s’agit maintenant de graduellement ramener la lumière sur nos mécanismes de pensées. Méditer devient alors un outil précieux pour transformer notre insatisfaction chronique en sentiment de gratitude envers la vie et de compassion envers les autres.
Voilà donc selon le maître Bhante Gunaratana pourquoi méditer en vaut l’effort.
Bio: Bhante Gunaratana a été ordonné moine bouddhiste à l’âge de 12 ans au Sri Lanka. A partir de ces 20 ans, en 1947, il commence à voyager pour participer à des missions humanitaires notamment en Inde et en Malaisie, et pour enseigner les principes du bouddhisme. En 1968 il va aux États-Unis sur l’invitation de l’une des principales organisations bouddhistes dans le pays, dont en 1980 il prend la présidence. Plus tard, il obtiendra son doctorat en philosophie, et il enseignera à l’Université de Georgetown. Il fondera ensuite un monastère dans l’ouest virginie où sont organisé des retraites. Aujourd’hui encore Bhante Gunaratana voyage à travers le monde pour animer des conférences sur le bouddhisme et la méditation.
Méditer fait du bien au corps et à l’esprit. Il suffit de méditer régulièrement pour l’expérimenter. Mais notre société étant ce qu’elle est, elle a besoin de preuves scientifiques pour intégrer ce fait. Le bon côté de cette démarche, c’est qu’elle révèle les nombreuses facettes des bénéfices de la méditation. Voilà une compilation d’études sur les nombreux (et parfois surprenants) bienfaits de la méditation.
Réduction du stress chez les travailleurs à temps plein
Une étude consuite en 2011 en Australie* a évalué les effets de la méditation chez 178 travailleurs à temps plein. L’étude s’est déroulée sur 8 semaines. La conclusion des chercheurs fût que « la méditation orientée sur le silence intérieure (Shaja Yoga) est une stratégie sûre et efficace pour gérer le stress au travail et les sentiments de dépression.»
Moins de récidives
Une étude conduite à Palo Alto en Californie* a évalué les publications scientifiques sur l’utilisation de la méditation en milieu carcérale. Les 3 types de méditation les plus utilisées étaient la méditation transcendantale, le MBSR, et 10 jours de Vipassana. Les trois principaux bienfaits de la méditation observés dans ces études : 1) Un mieux-être psychologique ; 2) Une diminution de l’utilisation des substances addictives ; 3) Une diminution de la récidive.
Ralentir le vieillissement
Une étude publiée dans les Annals of The New York Academy of Sciences* a voulu explorer l’effet de la méditation sur la longévité humaine. Pour comprendre comment la méditation peut aider à vivre plus longtemps il faut regarder au niveau de nos cellules. Nos cellules se reproduisent par mitose (pour ceux d’entre vous qui se souviennent de leurs cours de biologie) ce qui nous maintient en vie. Les chromosomes se trouvent au cœur de nos cellules. Au bout de ces chromosomes se trouvent les télomères. On pense aujourd’hui que la longueur de ces télomères affecte la capacité de reproduction des cellules. Pour faire simple, le stress userait plus rapidement les télomères. Alors que la pleine conscience (qui apaise le stress), en modifiant la chimie du corps, permettrait de maintenir en bon état les télomères et cela pendant plus longtemps. Plus d’études sont actuellement en cours sur ce passionnant sujet. (Lire aussi Méditation cerveau: Qui veut plus de matière grise?)
Développer la compassion chez les professionnels de la santé
Dans cette étude publiée dans Mental Health, Religion and Culture*, les chercheurs ont évalué l’effet de la méditation sur le sentiment de compassion (« amour centré sur le bien des autres »). Les participants (des médecins, des infirmières et des aides soignantes) ont suivie un programme de méditation sur 8 semaines. Les participants ayant suivie le programme jusqu’au bout ont eu le plus d’amélioration au niveau de ces 4 facteurs : 1) La compassion ; 2) actions altruistes ; 3) capacité à prendre du recul ; et 4) Capacité à pardonner. Cela s’est traduit par une meilleure capacité à s’occuper des patients.
Les chercheurs de cette étude ont conclu que la pratique de la méditation pouvait améliorer la compassion pour le bien des patients et de toute la société. Pensez-vous vous aussi que la pratique de la méditation peut améliorier notre société?
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Réfléchir, oui, mais avec modération !
Ce vendredi, en fin de journée j’ai ressenti un certain mal-être. Ce n’était pas un sentiment précis et je ne savais pas pourquoi ces émotions inconfortables s’installaient en moi. Surtout que cela faisait quelque temps que je me sentais bien et plein d’énergie. Pourquoi alors ce coup de blues ?
En y réfléchissant un peu, j’observais que cela avait commencé après la lecture d’un carnet datant d’un an sur lequel j’avais écrit mes pensées du moment. Cela m’avait replongé dans le passé et je ne pouvais m’empêcher de repenser aux choix que j’avais faits ces 12 derniers mois. J’ai également cogité sur le futur et sur ce que j’en espérais.
Avec mon ‘carnet de réflexion’ à Saint-Vallier-de-Thiey (06) Réfléchir, oui, mais avec modération !
Le lendemain, par moment, je reprenais mes pensées. Je me suis senti agité avec le besoin de trouver une solution, de mieux planifier les 6 mois à venir. Alors que j’avais prévu d’aller faire une rando, je préférais y renoncer, car je ne me sentais pas assez en forme. Finalement, dimanche en fin de journée, je me suis retrouvé seul. Je décidais d’utiliser ce précieux temps pour faire le point et organiser mon futur. Mais alors que je m’apprêtais à allumer l’ordi, je pris clairement conscience que je n’en avais pas envie, que là n’était pas la solution. Je sortis le tapis de yoga pour faire quelques postures suivies d’une séance de 15 minutes de méditation. Je fis ensuite une vingtaine de minutes de posture de yoga de récupération, puis à nouveau je m’installais sur mon coussin de méditation pendant 25 minutes.
J’ai très bien dormi cette nuit, et ce matin je me suis réveillé ressourcé et de très bonne humeur. Cet épisode du week-end fut pour moi un rappel de ce que je savais déjà : les pensées ont le pouvoir d’affecter nos émotions. On peut se rendre malheureux alors que globalement tout va bien.
Le pouvoir des pensées sur nos sentiments
Nos pensées affectent nos émotions. Si une personne pense à une situation difficile – par exemple à une personne avec laquelle elle est en conflit – son corps va physiologiquement réagir. Le rythme respiratoire se modifie, les battements cardiaques s’accélèrent, les glandes surrénales sécrètent du cortisol, et la personne va être submergée par les émotions. Elle pourra ressentir de la colère, de la frustration, de la peur ou encore de la tristesse. Toutes ces modifications surgissent à cause des pensées. Il suffit de modifier ou d’arrêter nos pensées pour transformer notre état d’être.
Avec vous remarqué cet intéressant phénomène ?
Une réflexion interne (par ex : « il faut que je gère ce problème ») génère une certaine inquiétude en vous. Puis, votre attention est accaparée par autre chose, et vous oubliez la raison de votre inquiétude. Vous avez le souvenir du malaise, mais il n’est plus là, et vous essayez de vous remémorer la source de votre inquiétude. Lorsque vous la retrouvez, «ah oui, il faut que j’appelle cette personne.. », les sentiments d’inconforts reviennent. Les pensées (notre dialogue interne) affectent nos sentiments et nos émotions. Faut-il alors ne plus penser ?
Bien entendu, nos capacités à réfléchir, à analyser, à anticiper constituent une part fondamentale de notre humanité. Le problème n’est pas l’outil, mais comment on l’utilise. J’ai souvent lu (et écrit) que l’homme et la femme occidentaux sont surtout dans leur tête et pas assez dans leur corps. Ils sont dans la réflexion plutôt que dans le ressenti. En d’autres termes, on réfléchit trop ! Et cela a un effet cumulant.
Le poids des pensées
Une personne réfléchit à sa situation et cela résulte dans un sentiment de mal-être et d’inquiétude. En espérant apaiser son inconfort, elle va chercher des solutions… en pensant davantage. Ce qui va avoir pour résultat de générer encore plus de doutes et de questionnements. Je connais certaines personnes qui ne peuvent pas s’arrêter de s’inquiéter. Elles pensent sans cesse à leur situation, aux choix qu’elles doivent faire. On a vraiment l’impression qu’elles portent le monde sur leurs épaules. Tristement, cela se traduit par tous ces symptômes que l’on associe au stress : problème cardiaque, surpoids, mal de dos, et dépression pour n’en citer que quelques-uns.
Lorsqu’il est temps de décrocher
Oui, il est bien de réfléchir à sa situation et de faire le point, mais faisons-le d’une manière équilibrée et intelligente. Voilà plusieurs signes qui indiquent qu’on abuse de cet outil que sont nos pensées :
– Plus on réfléchit plus le sentiment de mal-être et d’inquiétude augmente. Si cela arrive, il est temps de décrocher. Passer à une autre activité et ne revenez à votre réflexion que lorsque vous vous sentirez mieux émotionnellement.
– On tourne en rond, et les réponses ne viennent pas. Parfois on se pose 1000 fois la même question et au lieu d’une réponse claire, c’est une confusion grandissante qui prend place. Stop. Reposer une mille et unième fois cette même question ne servira à rien. Fermez le dossier et laissez mûrir. Il est connu que la réponse vient souvent lorsqu’on s’arrête de chercher.
-On ressasse le passé. Si vous rejouez sans cesse dans votre tête la scène de la veille en vous disant j’aurais dû dire ou faire ça, ou si vous analysez chaque parole échangée pour comprendre pourquoi la personne a agi ainsi, c’est un voyant rouge. Surtout lorsque vous commencez à ressentir un sentiment d’injustice ou de la culpabilité, vous savez qu’il est temps de décrocher.
J’ai bien conscience que ce n’est pas facile d’arrêter le train de ses pensées, surtout lorsque ce dernier a pris beaucoup d’élan. Mais comprendre que nos pensées sont souvent à l’origine de notre mal-être devrait nous motiver à chercher à régulièrement lâcher prise. Le sport, la création (musique, bricolage, ..), le yoga et la méditation offrent d’excellents moyens d’arrêter le flot incessant de nos pensés. Cela fera du bien au corps, apaisera nos sentiments, et cela permettra également de reprendre nos pensées avec une perspective nouvelle et bien plus fraîche.
Plus on persévère dans cette démarche plus cela devient naturel de calmer le mental pour se ressourcer. Durant ce week-end, j’ai pu constater l’effet des pensées sur mon ressenti. Mais j’ai surtout apprécié qu’une partie de moi ait su intuitivement qu’il était temps d’arrêter le dialogue interne. Cela s’est fait facilement et relativement rapidement. Dans le passé, je pouvais vivre plusieurs semaines de stress avant de réaliser qu’il était temps de lâcher prise. C’est avec gratitude que je constate aujourd’hui la présence d’une plus grande vigilance (envers les pensés sources de stress) qui est, je pense, le résultat d’une pratique régulière de la méditation. En espérant que mon expérience de ce week-end vous soit utile.
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