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Livres Paroles de Sagesse

Khalil Gibran sur l’Incohérence de l’Indignation

Dans l’Oeil du Prophète, l’auteur libanais, offre un recueil de poèmes aussi beaux que riches de sens. Dans Dit le brin d’herbe se devine l’incohérence de l’indignation et de l’autosatisfaction. Nous sommes tous liés. Et si un jour nous nous indignons face au comportement « plus bas » d’un autre, gardons à notre attention que nous risquons nous même de manifester un jour ce comportement.

Par un jour d’automne le brin d’herbe dit à la feuille: « Tu fais tant de bruit en tombant que tu dissipes mes songes d’hiver. »

Indignée, la feuille répondit: «  Toi, chose hargneuse et muette, que la bassesse a engendrée et que la platitude a élevée. Comment peux-tu oser rêver, toi qui vis et meurs à même la terre sans jamais saisir la mélodie des airs? »

La feuille d’automne prit alors pour couche la terre et offrit son sommeil à l’hiver. Et quand vint le printemps, elle se réveilla. Elle était devenue un brin d’herbe.

Et lorsque revint l’automne, elle entendit des feuilles tomber de toutes parts sur elle. Elle se plaignit au fond d’elle-même en soupirant: « Ô feuilles d’automne, votre vacarme m’exaspère, vous ravagez tous mes rêves d’hiver! »

dit le brin d'herbe

Au lieu de la fierté et de la satisfaction de soi, développons les sentiments d’appréciation et de gratitude. Ils sont les meilleurs remparts contre l’indignation mal placée qui nous isole et nous éloigne des autres.

La compassion quant à elle dissipe sans effort le besoin de juger autrui. On ne peut s’indigner face au comportement d’une personne lorsque l’on sait au fond de soi que cette personne agit pour éviter de souffrir et pour être plus heureuse, comme nous le faisons tous. Cela ne veut pas dire que l’on encourage son comportement (qui peut être néfaste pour elle et pour les autres), mais simplement que l’on comprend sa condition d’être humain.

La définition de la compassion que nous donne Joan Halifax, bouddhiste travaillant avec des personnes en fin de vie, est un bon rappel de la force transformatrice de ce sentiment.

Dans Dit le brin d’herbe, Gibran nous rappelle que nous sommes tous liés et nous révèle l’incohérence de porter un jugement sur ceux qui sont « en bas ». Dans la La loi de l’homme, extrait du même recueil, l’auteur s’adresse directement à ceux qui souffrent et leur insuffle de l’espoir.

Êtes-vous de ceux qui sont nés dans le berceau de la souffrance, puis ont été élevés dans le giron de l’infortune ou dans la maison de l’oppression?

Mangez-vous des croûtes de pain sec rendues humides par vos pleurs? buvez-vous de l’eau trouble où le sang s’est mélangé aux larmes?

Si oui … vous êtes pareil à l’arbre nu qui plie sous le poids de la neige en hiver. Mais le printemps viendra et jettera sur vous son manteau de verdure. Et la Vérité déchirera le voile de pleurs qui cache votre sourire.

Au-delà de notre monde de matière réside une immense puissance, une puissance qui n’est que justice, compassion et amour.

Et si le printemps promis par Gibran était en fait de vivre davantage dans le présent. Lorsque l’on sait qu’une grande partie de nos souffrances est due à notre perception du monde, développer une nouvelle perspective, plus riche en compassion, peut transformer notre vie.

Compassion et amour sont des termes vagues, parfois idéalisés, et pourtant, on les porte en soi. Nourrissons-les tous les jours un peu en prenant le temps de revenir vers soi (si vous débutez en méditation: la méditation pour débutant en 5 points), en lisant des livres qui nous inspirent, en nous ouvrant aux autres.

Sources et note: L’Oeil du Prophète, Khalil Gibran, ed. Albin Michel ; Photo de Bruno Monginoux  ; Merci à Maria de brainpickings pour m’avoir refait découvrir ce poème. 

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Bienfaits de la méditation Livres

Méditer C’est Se Soigner

S’il devient de plus en plus admis que la réduction du stress prévient de nombreuses maladies, l’ouvrage du docteur  Frédéric Rosenfeld, médecin psychiatre, nous explique comment et pourquoi la méditation améliore notre santé physique et mentale. Ce livre bien documenté nous montre les bénéfices de cette pratique sur les maladies cardiovasculaires, les douleurs chroniques, et les maladies psychosomatiques. Il donne ensuite des clés pour une méditation adaptée à chacun. Pour tous ceux qui ont ressenti le besoin ou l’envie de se recentrer sur soi à travers la médiation, ce livre est un précieux outil.

Voici un extrait de Méditer C’est Se Soigner

L’une des qualités que développe la méditant est l’équanimité. Ce mot rarement utilisé dans la langue française désigne la qualité non moins rare d’accueillir les épisodes de l’existence avec une âme tranquille. Loin du mépris, de l’indifférence ou de la passivité, l’équanimité représente une attitude à la fois calme et agissante face aux évènements. Elle préserve celui qui les affronte d’en être troublé, et lui offre par conséquent d’agir, mais non de réagir. De nombreuses traditions considèrent l’équanimité comme un acquis presque inévitable de toute pratique méditative et aussi comme un passage nécessaire vers l’épanouissement spirituel. […] Les psychologues contemporains constatent que plus la pratique de l’équanimité est ancienne, plus cette faculté se développe. Egalement, de trés nombreuses études soulignent que l’équanimité favorise la souplesse d’adaptation aux expériences et aux changements, et une plus grande stabilité dans la gestion de nos comportements et des émotions au quotidien.

méditer c'est se soignerMéditer, c’est se soigner, Dr Frédéric Rosenfeld, Pocket, 477 p.

Frédéric Rosenfeld est médecin psychiatre, ancien assistant des hôpitaux de Lyon. Il exerce dans une clinique lyonnaise. Diplômé en neurosciences et en thérapies comportementales et cognitives, il allie ses compétences de chercheur à son expérience auprès de ses patients. Il pratique depuis plusieurs années la méditation vipassana, une technique indo-birmane, le zen et le taï chi.

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L’Art de la Simplicité Par Dominique Loreau

Par M. H. Laugier (éditrice)

Dominique Loreau, installée au Japon depuis de nombreuses années, cultive les grands préceptes des maîtres zen. Adepte de l’épure, parfois peut-être un peu à l’extrême, il est ici question d’un style de vie plus que d’une mode. Une façon d’apprécier un quotidien débarrassé de tous ses “avoir” qui encombrent la vue, pèsent sur le corps, masquent la

personnalité et, surtout, évitent “l’être”. Véritable hymne à l’élégance, elle conjugue la simplicité et l’harmonie à travers les matières nobles et naturelles, qu’il s’agisse de décoration intérieure, d’alimentation ou de prêt-à-porter. Ponctué de nombreuses citations, cet ouvrage est à placer sur sa table de chevet pour y piocher, selon ses envies, les simples vérités qui mènent au bien-être et à la connaissance de soi. On aime : les principes évidents, posés noir sur blanc, qu’il est bon de lire et de relire. On aurait aimé : que l’auteur offre ses conseils à tous, hommes et femmes.

Les Livres de Dominique Loreau

L’art de la simplicité

L’art de l’essentiel : Jeter l’inutile et le superflu pour faire de l’espace en soi

L’art de la simplicité : le corps

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Traces de Lumière

Le réel voyage est le voyage interne

Un livre est certainement le moyen le plus accessible et le moins cher pour apprendre. Certains livres ont le pouvoir de nous affecter profondément. Les livres donnent du plaisir et souvent nous ouvre les yeux sur des vérités que l’on porte déjà en soi. C’est du moins mon expérience avec la lecture. Je continue à lire régulièrement, et je ne peux que constater qu’on ne finit jamais d’apprendre et tant mieux !

J’aime partager les livres. J’en offre souvent à mes proches et je n’hésite pas à pousser à la lecture : « Prend le temps de le lire jusqu’au bout, tu ne le regretteras pas ! »

Un livre que j’aimerais vous présenter est Traces de Lumière de Faouzi Skali. Il fait parti de mes livres de chevet, et l’état de la couverture témoigne des nombreux voyages dans lesquels il m’a accompagné.

J’ai découvert Faouzi Skali à travers le festival des musiques sacrées du monde à Fès (festival combinant musiciens venant du monde entier et réunion des confréries soufi). Faouzi Skali qui a fondé ce festival, est l’auteur d’ouvrages de référence sur le soufisme (branche spirituelle voir mystique de l’Islam).

Traces de Lumière porte en lui la sagesse et la beauté des paroles soufies. Proche de la poésie, chaque relecture donne accès à une compréhension plus profonde de son contenu. Cela fait plusieurs années que j’ai ce livre et à chaque relecture je suis touché par la fraîcheur de son message qui reflète à chaque fois ma sensibilité du moment.

Voilà deux extraits pour vous faire découvrir la couleur du contenu :

Ô ami, cesse de chercher

Le pourquoi et le comment

Cesse de faire tourner

La roue de ton âme

Là même où tu te trouves

En cet instant

Tout t’est donné

Dans la plus grande perfection

Accepte ce don

Presse le jus de l’instant qui passe.

Extrait du chapitre ‘Le Temps’.

Souviens-toi, ô ami, du récit d’un long voyage que tant d’hommes et de femmes endormis ont depuis longtemps oublié.

Un voyage qui ne se fait ni sur terre, ni dans le ciel, ni dans les océans.

Ce voyage, ô ami, si tu t’en souvenais, est celui de cette vie. Seul manque le voyageur.

Rappelle-toi, ô ami, qu’en certains moments d’éclaircie tu pensais toi-même partir.

Mais rappelle-toi aussi que très vite ton esprit s’est laissé emporter par la torpeur du monde, ses vacarmes et ses fureurs.

Tu dois te souvenir de ces moments de l’enfance où le vent semblait te dire que la vie était ailleurs.

Bien que prisonniers de tes rêves et de tes pensées, tu fais partie du grand voyage. Chacun de tes souffles te rapproche ou t’éloigne de ta propre vérité. Écoute la parole de l’instant qui passe : « En ce moment même de ce long voyage, en quel lieu te trouves-tu ? »

Extrait du chapitre ‘Un éclair dans la nuit’

Un livre à lire et à relire. Je l’ai acheté en 2004, et je ne m’en lasse pas : Traces de lumière : Paroles initiatiques soufies