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Reprendre Confiance en Soi

Ce Qui se Cache Derrière le Manque de Confiance en Soi

Nous avons tous ressenti un jour un manque de confiance en soi. Ce sentiment apparait lorsque 2 forces opposées se font face. D’une part, il y a l’envie ou la nécessité d’entreprendre une action et, d’autre part, il y a une résistance intérieure qui freine ou bloque l’action. Cette dynamique peut se manifester dans tous les domaines de la vie: amoureux, familial, travail, ou social.

Si ressentir un manque de confiance de temps à autre est tout à fait naturel, vivre ce manque de confiance au quotidien peut rapidement devenir problématique. Pour pouvoir se libérer de nos résistances et blocages intérieurs, il va être essentiel de découvrir ce qui se cache derrière le manque de confiance en soi.

Cou douloureux et manque de confiance en soi

N. est venue me consulter au cabinet, car elle souffrait de douleurs chroniques à la nuque. La quarantaine tout juste passée, un physique menu, blonde avec les yeux bleus, N. était toute en retenue. Elle parlait à voix basse et son corps, assis sur la chaise, semblait vouloir utiliser le moins d’espace possible. N. nota qu’elle souffrait au quotidien de sa nuque – selon les jours, allant de la simple raideur au torticolis handicapant – depuis plusieurs années.

J’expliquais à N. que les douleurs chroniques à la nuque sont souvent dues à une crispation musculaire quasi continue en réponse au stress. N. me confirma être de nature stressée, et elle attribua cela à son manque de confiance. Enseignante de formation, elle s’est arrêtée de travailler peu de temps après son mariage. Elle m’expliqua qu’elle manquait de confiance dans son rapport à son conjoint qu’elle estimait comme étant sûr de lui et entreprenant, dans ses rencontres sociales (qu’elle a tendance à diminuer), et dans sa vie en générale. Et surtout, N. a la conviction que son manque de confiance fait parti de qui elle est, de son caractère, et que cela est principalement dû à ses parents.

Une faiblesse acquise?

Comme N., beaucoup de personnes croient que leur manque de confiance serait une faiblesse qu’ils auraient acquise et qui aujourd’hui leur collerait à la peau. C’est peut-être votre cas. Vous avez essayé de vous motiver, de vous raisonner, et de relativiser, mais sans succès. Le manque de confiance semble s’être installé profondément en vous, et vous avez l’impression que cette façon d’être est le résultat d’un fonctionnement psychologique complexe. Devant cet obstacle de taille, vous préférez vous occuper du quotidien en restant, tant que possible, dans votre zone de confort.

Et si le manque de confiance était un mécanisme bien plus simple que cela, comme une réponse instinctive que l’on pourrait désapprendre une fois que l’on a compris son origine. Pour répondre à cette question, plongeons plus profondément dans le fonctionnement de l’être humain.

Survivre avant tout

Il y a aujourd’hui plus de 7 milliards d’habitants sur terre. Pour pouvoir en arriver là, l’être humain a dû faire preuve d’une grande capacité de survie surtout à l’aube de son existence. Notre corps et notre physiologie reflètent cette capacité de survie. Notre cerveau est organisé en plusieurs parties dont une conséquente (le cerveau limbique, primitif et profond) dédiée à la survie.

système limbique

Comment cela fonctionne? Imaginez, quelques milliers d’années en arrière, une personne marchant dans la forêt. Soudainement, elle entend un bruit suspect, puis aperçoit un groupe d’hommes d’une tribu hostile (ou une bête sauvage). Son cerveau va immédiatement passer en mode de défense et tout le fonctionnement du corps va s’en trouver changé.

Immobilisation

La personne va commencer par s’immobiliser entièrement: le souffle est retenu, les muscles tendus, l’ouïe alerte, et les pupilles dilatées. Cette personne va, de tout son être, chercher à éviter le danger.

Fuite ou attaque

Mais, si elle est découverte par l’agresseur, elle va soit fuir, soit se battre. Dans les deux cas, son corps va avoir besoin d’une grande quantité d’énergie. Le coeur s’accélère pour amener aux muscles le sang chargé d’oxygène, la respiration se fait plus rapide pour évacuer le CO2 et amener plus d’oxygène aux poumons. La digestion s’arrête (et avec elle la sécrétion des sucs… la bouche devient sèche) pour garder toute l’énergie disponible pour l’effort. Le tonus des muscles augmente, pour les maintenir prêt à être utiliser dès que nécessaire. La personne pourra ainsi utiliser toute la force de sa musculature.

Danger physique ou danger psychologique, même réaction

Ces réactions du cerveau et du corps constituent la physiologie de défense et ont permis à beaucoup de nos ancêtres de survivre un danger mortel. Si aujourd’hui, notre intégrité physique n’est que très rarement mise en danger, nous continuons néanmoins à utiliser la physiologie de défense à chaque fois que nous nous sentons en danger socialement, professionnellement, financièrement …

danger psychologique

Repensez à la dernière fois que vous avez été mal à l’aise: Visage qui rougit (afflue du sang, car les artères se dilatent), bouche sèche (voir plus haut), coeur qui s’accélère, envie très forte de fuir. Tous ces ressentis sont associés à la physiologie de défense.

Si la physiologie du corps n’a que très peu changé depuis l’époque de nos ancêtres, notre cadre de vie a lui immensément évolué. Les relations humaines se sont complexifiées, et la fuite ou l’attaque ne sont que très rarement une option.

À une réunion de travail, votre supérieur hiérarchique vous stresse. Vous n’allez pas lui sauter dessus pour le ruer de coups ou partir du bureau en courant. Par contre, vous allez probablement adopter une posture d’évitement (l’immobilité) pour éviter d’être sollicité et de risquer une prise de parole en public.

La soumission, une forme élaborée d’immobilité

Éviter le danger est une partie intégrante de la survie, et on l’a vu, est inscrit dans notre patrimoine génétique. Dans le cadre social, cet évitement prend la forme d’une soumission face à une personne qui risque de nous mettre en danger (même si ce danger « n’est que » social ou professionnel).

C’est une réponse instinctive que l’on retrouve chez tous les animaux qui vivent en groupe.

Comme le note la Dre Isabelle Filliozat, dans son livre Fais-toi confiance (ed.Marabout):

Dès leur première rencontre, les animaux se positionnent les uns par rapport aux autres. La hiérarchie se met en place très vite et reste gravée en mémoire. Un cheval, un singe ou un chien peut rencontrer des mois, voire des années plus tard un de ses congénères, il respectera la hiérarchie établie lors de leur première rencontre. Le respect de la hiérarchie a une fonction de régulation sociale. Quand les dominés acceptent leur soumission, il y a moins de révoltes, d’agressions et de même de conflits. Les dominants choisissent les premiers, les autres suivent et se contentent des restes.

soumission

D’une façon similaire, la société humaine adopte ce même mode de fonctionnement. Le manque de confiance est souvent le résultat d’une attitude de soumission/défense que l’on prend inconsciemment. Selon le Dr James Lynch, lorsque nous nous adressons à une personne que nous considérons d’un statut social supérieur, notre tension artérielle s’élève, et cela se fait sous le radar de notre conscience. Notre cerveau se met en mode de défense, et nous pousse à montrer des attitudes de pacification et de soumission.

De plus, ce que l’on observe chez les animaux –  le maintien de l’ordre hiérarchique sur le temps – nous aide à mieux comprendre le mécanisme de perte de confiance qui souvent commence lors de l’enfance et s’étale sur les années.

Un réflexe de soumission acquit

Un enfant est à table avec ses parents et les amis de ses parents. S’il prend la parole, il se fait vertement réprimander: « on n’interrompt pas les adultes! » L’enfant risque d’être puni, et va préférer adopter une posture de soumission et ne plus prendre le risque de s’exprimer.

Cet enfant est devenu un adulte évoluant dans le monde de l’entreprise. Lorsqu’il est face à une figure d’autorité, son patron, cela va trouver écho dans son rapport à ses parents. Il y a une continuité dans son comportement inconscient: « lorsque je suis face à une figure d’autorité, je suis potentiellement en danger, surtout si je m’exprime, mieux vaut alors que je m’efface ». Et cette réaction se fait inconsciemment.

Imaginez cette personne à une réunion avec des collègues, et son patron. Elle ne peut pas s’exprimer, car son cerveau la bloque! La physiologie de défense s’enclenche (transpiration, battement du coeur, bouche sèche) et prive cette personne de la capacité de s’exprimer normalement. Elle va alors se dire : « je manque de confiance en moi. C’est plus fort que moi. C’est certainement dû à mon éducation, à l’époque mes parents ne savaient pas, et maintenant, c’est devenu un problème psychologique ».

Le grand malentendu de ce qu’est le manque de confiance en soi

Le Dr Filliozat note que « la confiance en soi n’est pas un « problème psychologique », même s’il en cause parfois. C’est une adaptation physiologique à une situation sociale en vue de maintenir la vie. »

manque de confiance

Ce que vous percevez comme un manque de confiance – lorsque vous devez parler à une personne qui vous trouver attirante, demander une augmentation, ou vous exprimer en public – est en réalité une réponse inconsciente du corps, héritée de vos ancêtres, pour vous aider à survivre.

Cette réponse de défense (d’immobilité, de soumission) est un réflexe inconscient, profondément programmé dans votre cerveau. Le raisonnement est impuissant face à cela. On a beau vous dire « fais-toi confiance », cela ne vous aidera pas, car pas définition, les réflexes ne sont pas sous le contrôle de la raison.

La bonne nouvelle c’est qu’il est possible de désapprendre ces réactions de défenses – qui sont souvent excessives, car le danger est presque toujours surestimé -, et pouvoir ainsi retrouver ses pleins moyens dans les situations où l’on pense manquer de confiance. Mais pour cela, il va falloir passer à travers le corps et les ressentis (en addition du mental).

Et c’est ce que je vous présenterais en détail dans l’article de la semaine prochaine. Soyez-sûr de vous inscrire ci-dessous pour recevoir l’info dès que le prochain article est publié. En attendant la semaine prochaine, je vous invite à participer à la discussion en laissant un commentaire: dans quel domaine manquez-vous le plus de confiance et comment ce manque de confiance se manifeste-t-il ? Merci!

L’article suivant est désormais disponible: Enfin reprendre confiance en soi

Sources:  Fais-toi confiance, Isabelle Filliozat, éd. Marabout ; James Lynch, Le Coeur et son langage, éd. interEditions. Illustrations: photo haut de page: wdstock (istockphoto) ; photo réunion: Topaz topaz

Par Moutassem

Depuis 2012, j'enseigne la méditation et j'anime le podcast Pratiquer la Méditation. Mon premier métier est celui de chiropraticien où j'ai appris l'importance d'être connecté au corps. La méditation est venue naturellement après. Cela a changé ma vie : plus de stabilité émotionnelle, plus de confiance dans mon rapport aux autres et plus de joie au quotidien. Partager les bienfaits de cette pratique est ce que j'aime le plus faire. Durant ces 10 dernières années, j'ai publié plus de 550 épisodes en libre accès (vus ou téléchargé +3millions de fois). J'enseigne la méditation dans les écoles d'études supérieures, en entreprises et auprès du public. Je propose également des accompagnements individuels. Au plaisir de vous accompagner dans votre exploration de la méditation !

9 réponses sur « Ce Qui se Cache Derrière le Manque de Confiance en Soi »

Bonjour Moutassem,
Ce que tu expliques dans cet article me parle beaucoup ! Il est vrai que je n’ai jamais vraiment bien compris cet état dans lequel je suis parfois lorsque j’ai peur de prendre la parole en réunion (ou peur d’être pris à parti et de ne savoir que répondre) : tout notre corps est bloqué par une sorte de panique… on est en quelque sorte paralysé par cette panique du « et si je devais parler », alors que de nombreuses fois nous maîtrisons parfaitement le sujet et aurions trouvé sans problème quoi répondre dans un entretien en petit comité ou à deux.
Il est vrai que j’ai toujours pensé intuitivement que c’est lié à des acquis dans mon éducation, mais ce que tu expliques est très intéressant, car du coup on peut sans doute travailler sur des côtés émotionnels du corps pour se sentir plus à l’aise… cela ouvre de nouvelles possibilités !
Impatient de voir ce que tu nous proposes dans l’article suivant ! :-)
Merci pour cet article,
Julien

Bonjour Julien,
« bloqué », « paralysé » sont bien des sensations associées à cette dynamique de défense qui nous immobilise malgré notre volonté. Merci pour ton commentaire et à très vite pour la suite!

Bonjour Moutassem, en passant j’adore tes article et il semble qu’a chaque fois ou tu en envoie une, ca vient me parler directement car mon manque de confiance en moi est arrivé le plus souvent en présence de personne d’autorité ou j’avais a défendre mon point de vu, alors souvent je me met a pleurer et ca me fâche tellement que je doit arrêter de parler, j’ai quitté plusieurs emploi et quitté ma famille a cause de cette situation, maintenant je travail a mon compte pour ne pas avoir a être dans cette situation d’infériorité.
merci toujours intéressant.

Avec plaisir Mona,
C’est vrai que c’est parfois surprenant à quel point les informations qui viennent à soi correspondent à la situation du moment… la synchronicité comme dirait Jung.
Je vous souhaite du succès dans votre projet professionnel.

Très intéressant ce rapport au physiologique ! En effet on pense bien souvent à des raisons psychologiques avant tout..
De mon côté, c’est un vrai blocage ! Grosses difficultés à m’exprimer oralement en public (alors qu’à l’écrit, de grandes facilités..). C’est la panique, et quand vient mon tour, je perds tout moyen. Tout ce que j’avais organisé dans ma tête en amont part en sucette, ça devient flou et tout mélangé alors que c’était parfaitement clair, et j’ai la sensation de dire n’importe quoi et surtout de ne jamais réussir à dire tout ce que je voulais exprimer. Et une fois que grande dévalorisation après coup.. C’est très handicapant socialement. Et aussi dans mon métier.
Hâte de lire la suite du sujet.

Bonjour Moutassem,

Chouette article. Je me mets typiquement en mode soumission/ attitude de pacification avec la hiérarchie mais également et ça m’embête vraiment avec le corps médical. L’effet blouse blanche est assez impressionnant.
Sinon dans mes souvenirs, c’est le cerveau reptilien qui est primitif gère la survie, le cerveau limbique pour les émotions et le cortex pour la pensée. Quelles sont vos sources?

Bonne journée

Bonjour Moutassem,
je me reconnais dans cet article, j’avais un papa autoritaire et don j’étais une enfant soumise. Aujourd’hui, je suis en reconversion professionnelle et j’ai peur de l’avenir, peur de la nouveauté. Est-ce que cela vient d’un manque de confiance?

Merci pour votre site!

Bonne journée!

Bonjour, votre article, me parle vraiment, j’ai ce problème de ne pas pouvoir m’exprimer correctement devant les autres,. Je perds pied, ma respiration se bloque et mes mots sortent saccadés, avec des tremblement des lèvres et une tête figée. C »est l’horreur.
Je prends sur moi, en me disant que ça sera mieux là prochaine fois.

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